Dernier acte
Vladivostok, la où tant de voyages commencent, ou se terminent. Kernunos ne déroge pas a la règle, et comme a son habitude, amplifie le processus a son intensité maximum. Alors pour commencer, il faut déjà tout terminer…
Les explorateurs de l’époque avaient bien choisi leur endroit: atteindre Vladivostok n’est pas chose facile, même une fois libérée de ses barrages militaires. 50km de grimpées sévères à répétition (on aurait pu choisir la grosse route aux courbes adoucies, mais le jour où on optera pour la facilité urbanisée,…) le long de la côte boisée, de plus en plus fréquentée. La route nous éprouve au point de craquer totale sans plus pouvoir y respirer (Marilia). Les camions crachant du noir, les enfilades de bagnoles qui ne se rendent pas compte du mal qu’elles font, la poussière sans cesse remuée par les hommes… tout ca nous est dégueulé en pleine figure sans aucune marge de manoeuvre, sans un mètre de bas cote pour espérer y échapper. Paradoxalement, c’est presque un soulagement d’arriver en pleine ville: le centre de Vladivostok, c’est son port, sa gare, sa plage, coinces sur d’étroits rivages, entre collines et mer brumeuse. Du vent, de l’air, et des gens qui nous aident a trouver du repos.
On débarque dans l’auberge-de-jeunesse-appartement ou la plupart des routards étrangers se ramènent, y régler leurs histoires d’enregistrement (les russes semblent de plus en plus pointilleux sur la question), de billet de train ou d’avion, de bateau pour la Corée ou le Japon, de contenaire pour leur vélos ou leurs motos, de retour, ou de départ, bref, les réalités que tout voyageur doit a un moment donne se coltiner. Pas drôle. D’autant plus que voila: Marilia décide de rester encore un temps en Primorié.
Ca a tout l’air d’un scoop, bien qu’on ne soit pas des stars… Ou d’une superbe action commerciale qui fera exploser les ventes du second tome de cette aventure, pour un peu qu’on parvienne a en écrire le premier… Mais rien de tout ca, ni même d’un coup de tête. Simplement le besoin de se poser un temps, la ou la taïga a garde ses mystères. Car a toujours parcourir, on (Marilia) ne s’apercoit plus de l’unicité magnifique de chaque monde. On jette un oeil furtif sur la vie de nos rencontres, on apprend, on écrit tout, comme un capital qui s’amasse sur des pages blanches. Mais on repart toujours trop vite, sans donner de nous tout ce qu’on a pu jusque-la récolter. Et de Tremargat à Krasnii-iar, sur quelques 16 000 km d’aventures, l’Eurasie nous a offert ses espoirs, ses visions d’avenir, mais aussi la conscience de ses impasses grandissantes.
Billet de ferry Coreen pour Marilia, billet d’avion Canadien pour Christophe. Mais avant tout on s’offre un dernier billet commun pour un ile, encore une, au large de la ville. Le temps de réaliser qu’on s’est chacun emplis de la force de l’autre, qui nous sera nécessaire pour la suite du voyage. De quoi se dire aussi combien on s’est aidé à se réaliser à travers cette traversée Kernunosienne de tout un continent.
Nos chemins continuent a suivre la voie des rêves, quant à l’aventure à la rencontre des forets du monde, elle se poursuit, avec pour prochaine destination la foret du Grand Ours, en Colombie Britannique….
A suivre!