déc
08
2011
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Chiapas, une réalité bien sombre

Le Chiapas est un des riches états du Mexique en termes de ressources. Forêts en abondances, montagnes donnant naissance a de nombreuses rivières, fournit à lui seul, 35% de l’électricité hydraulique du pays. Mais il regorge aussi de minerais, de pétrole et de gaz.
L’agriculture prends une part importante également avec la production du café (35%) et du Maïs.
Depuis quelques années, le Chiapas se vante d’être le premier producteur de bio-carburant du pays, avec 50 000ha de cultures.
Utilisé pour la fabrication de bio-diesel, les cultures de palmiers africains sont une vraie catastrophe pour l’environnement. Nécessitant engrais et pesticides qui contamine par la suite l’eau et le sol et apporte maladie a ceux qui les utilisent, elles supplantent les cultures destinés à la consommations des communautés et est responsable de se fait d’une augmentation des prix des produits de base de + de 50%. Des pans entiers de forêts (dont en partie la réserve de biosphère) partent en fumée pour laisser la place à ces cultures. Le gouvernement Mexicain souhaite d’ailleurs poursuivre dans ce sens en augmentant la surface de production à 900 000ha dans les vingt prochaines années.
En Janvier 2010, le congrès de l’état du Chiapas à approuvé le financement de la construction d’une usine servant à la transformation de l’huile.
En février 2010, un communiqué de la RECOMA (Réseau Latino Américain contre la monoculture d’arbres), dénonce les graves atteintes que subissent les communautés de la Selva Lacandona dans la zone de la réserve.
Des dizaines de familles ont été expulsé violemment par des forces militaires et gouvernementale, puis relogés dans des « cases » en bétons dans la ville de Palenque situé à quelques kilomètres de là.Leurs terres seront affectés à la production d’huile de palme.
La forêt Lacandon n’est pas seulement menacés par ces cultures…

L’état du Chiapas à grand renfort de publicité attire les compagnies de tourisme sur son territoire.
Une jungle intact et protégée, les eaux limpides des cascades et un tourisme solidaire fait cacher la réalité de l’enjeu que génère cette forêt.,
En 2004 avec le soutient de la France et de l’Union Européenne avec le programme PRODESIS (projet de développement social intégral et soutenable de la jungle Lacandon), le Chiapas lance un programme d’éco-tourisme dans la réserve et sur tous les monuments archéologique et naturels.

Mais qu’est ce que cela veut dire ?
Dans nos têtes, le mot écotourisme est une bonne chose. Un tourisme différent, qui permet à des familles et structures locales de mieux vivre. Cela fait jouer le commerce locale et évite le tourisme de masse en respectant l’environnement.
En théorie…
Dans la réalité du Chiapas, il en est tout autre. Ce mot devient synonyme de gros profits et d’utilisation du concept pour diviser les ethnies et mener ainsi une guerre dite « de basse intensité » visant les communautés Zapatistes ou non. Le gouvernement attise les discordes en « offrant » aux villages qui ne suivraient pas la voix de l’auto-détermination, subventions et services.

C’est ce qu’il a fait en donnant aux Lacandons, peuples minoritaire au Chiapas, la réserve de Monte Azules.

En 1972 grâce aux démarches d’un couple, Franz et Gertrude Blom, qui ont consacré une partie de leur vie a aider ce peuple, et face à la pression internationale pour préserver la dernière jungle encore intacte de la région, le gouvernement Mexicain confie la gestion de 600 000ha de forêt aux 66 familles Lacandons restantes. Mais pour cela expulse 2000 familles qui y vivaient depuis des décennies.

Depuis ce jour et jusqu’à l ’année dernière ses expulsions se multiplient, prétextant une dégradation de la réserve ! Les lacandons eux aussi usent de se prétexte pour faire valoir leurs droits sur ces terres et accusent les autres peuples de tous les maux.
Les projets touristiques appuyés par la France n’ont rien d’écologique. Dans l’un des villages (le plus touristique des trois), on peut voir le résultat d’une telle politique.

A Lacanja-Shansayab, le village est en pleine émulsion et presque chaque maison est en rénovation pour y accueillir le flot de touriste qui chaque année, passe par ce village avec les tours opérators.
Petit à petit il se transforme et devient une sorte de « club méd » de la jungle.
Maisons en béton et toit de paille (traditionnelle) sanitaires (sans assainissement), climatisation des chambres, internet…
On distribue gratuitement des outils de jardins à chaque famille pour qu’elles entretiennent les plantes mises en terre. On y installe même des trottoirs, pensant semble t il à une fréquentation importantes des voitures dans l’avenir. Les conseillers aux tourisme incite bien sur le habitants à porter leurs tuniques blanches traditionnelles « Parce que le touriste veut de l’exotisme et qu’il paie pour ça ».
Des mégas projets sont en cours de réalisation (ou dans les cartons), dans tous les sites archéologiques du Chiapas. Sites sacrés, cascades et lacs azurés font l’objet d’infrastructures touristiques visant une clientèle riche et aisées.

Certains organisme dénonce le manque de consultations avec la population locale. Les projets ne sont pas adaptés pour que les familles en tire un quelconque revenu et les structures n’ont plus rien à voir avec le label d’éco-tourisme.
Orchestré par l’état et les multinationales, on fait mains basses sur les richesses de cette région exceptionnelle.

Le tourisme n’est qu’un des quatre grands axes de la région. Le pétrole, le gaz et le minerais en sont les trois autres. Mais un autre intérêt attire les multinationales : la biodiversité que renferme cette jungle. Les plantes, utilisés depuis des générations pour l’usage de la médecine traditionnelle, intéresse les firmes pharmaceutiques. Dans le sud de la réserve, de gigantesques serres sont installés pour étudier, cultiver et breveter les trésors que renferme ce biotope.

DÉMOCRATIE ! LIBERTÉ ! JUSTICE !

Caracol V, Roberto Barrios,
le 8 avril 2005

Article publié dans le n° 32 de CQFD, mars 2006.
http://www.cequilfautdetruire.org/spip.php?article959

Le Caracol Roberto Barrios
dénonce

AUPRÈS DE L’OPINION PUBLIQUE,
Auprès de la société civile mexicaine et internationale,

Les faits suivants :

Tout au long des dernières années, divers organismes gouvernementaux tels que l’INI, le SEDESOL, le SEMARNAP, le ministère du Tourisme et le conseil municipal de Palenque, entre autres, ont tenté de faire construire un complexe touristique aux abords de la rivière Bascán, située sur le territoire de la commune rebelle de Roberto Barrios.
À plusieurs reprises, le refus opposé par notre communauté est parvenu à paralyser ce projet mais, une fois de plus, les promoteurs de ce projet d’exploitation reviennent à la charge, avec les mêmes arguments, en répétant les sempiternels mensonges du discours démagogique des entreprises. Nous savons pertinemment à quel point les entreprises du secteur hôtelier, de la restauration et du tourisme convoitent nos terres et la taille des intérêts en jeu. Ce sont eux, les chefs d’entreprise, les principaux bénéficiaires de l’exploitation de nos ressources naturelles, quoi qu’ils disent en nous rebattant les oreilles avec leurs belles promesses de développement et de confort pour nos communautés.
Nous connaissons les problèmes qui ont surgi partout où ce type de projet a été réalisé, comme aux cascades de Agua Azul, de Misol-ha et autres, où les inégalités et les affrontements inter-communautés sont évidents. Et aucun organisme n’intervient pour tenter de résoudre de tels problèmes, on cherche uniquement à les occulter et à prétendre que tout va bien. La construction de locaux et l’aménagement du territoire ne répond en rien aux besoins des habitants des villages affectés et nous ne croyons pas non plus que nous allions tirer quelque bénéfice que ce soit de ce projet.
Les divers gouvernements, fédéraux ou locaux, savent pertinemment que de semblables projets ne sont faits que pour créer une belle image aux yeux du reste du monde, de belles cartes postales et de belles photos pour illustrer livres et revues s’adressant aux gens argentés qui viennent jouir de nos ressources naturelles, tandis que la réalité profonde de la misère et de l’exploitation ne sortent pas sur les photos ni dans les journaux : nous n’y figurerons qu’en tant que curiosité exotique menacée de disparition.

Nos coutumes et nos traditions, nos chants et nos danses, nos langues et nos costumes traditionnels ne vont servir qu’à amuser et à rendre plus gais les fêtes et les réunions de ceux qui peuvent payer en pesos, en dollars ou en euros. Une façon d’entretenir et d’augmenter encore la situation d’exclusion, d’exploitation et de pauvreté chez nous, dans nos propres demeures.
Dans le même temps, on va aussi ravager un patrimoine que nous avons hérité de nos ancêtres, qui avaient su le préserver jusqu’à nos jours pour que nos peuples puissent en jouir et en profiter sans surexploitation ni exagération. Ce patrimoine, on veut maintenant l’endommager, en transformant en vile marchandise tout ce qui peut être vendu.
La destruction arrive et avec elle les arbres sont abattus. Le vice, les drogues, les maladies l’accompagnent et les eaux sont polluées, alors que nous y puisons quotidiennement selon nos besoins.
Le 20 juin 2003, le conseil des terres communales avait déjà dénoncé les mêmes problèmes et montré que l’intention est la même, que tous ces projets de complexe touristique dans ces cascades ne sont qu’une provocation visant à déstabiliser, à diviser et à faire s’affronter les communautés zapatistes et non zapatistes.
Nous voulons nous adresser à certains de nos frères indigènes qui, éblouis par la richesse, ont cédé à la tentation du pouvoir et contribuent à promouvoir le signe de la mort au sein de nos villages, sans que leur importent les conséquences immédiates et futures. Nous les informons que désormais non seulement la communauté en résistance s’y oppose, mais que nous ont rejoints nos frères qui croyaient auparavant aux partis politiques, ce qui montre suffisamment la vérité de notre refus. Au vu de tout ce qui arrive, ceux qui ne croyaient pas que cela pouvait se passer prennent conscience aujourd’hui de la réalité.
Nous exigeons le respect de nos communautés, de leurs ressources naturelles et de leur territoire. Nous exigeons de paralyser immédiatement ce projet. Nous exigeons le retrait définitif du projet dénommé Écotourisme sur nos terres. Nous exigeons le respect de notre vie communautaire.

Ecrit par Asso Kernunos in: Chiapas, monte azules | Mots-clefs :, , ,
oct
25
2011
1

PLEIN SUD

(Desole certaines photos ne passent pas, mise a jour des que possible)

Après une nuit de traversée, l’ancien ferry de la SNCM racheté par le Mexique me dépose à Maztlan, une ville portuaire située sur la côte Pacifique. A bord, parmi les chauffeurs de camions et familles Mexicaines, je fais la connaissance d’un Français, bourguignon et tailleur de pierre, Jean Pierre,en route pour San Cristobal de las Casas, au Chiapas. Il est lui aussi en vélo, et doit rejoindre un ami dans la grande ville de Guadalajara plus au sud. Nous roulons ensemble quelques jours et nous nous séparons avec la promesse de se revoir à San Cristobal.

le Maztlan star débarque son lot de passagers

le Maztlan star débarque son lot de passagers

Une rencontre de taille... Jean Pierre, bourguignon, sculpteur

Une rencontre de taille... Jean Pierre, bourguignon, sculpteur

 

 

 

 

 

 

Un peu plus de 2400km de route me sépare encore de la forêt Lacandones, il me tarde d’y être, et de m’y imprégner. Mais la route est longue pour accéder à ces mondes, toujours de plus en plus reculés et inaccessibles. Elle suit une fois de plus l’océan , me permettant d’apprécier de temps en temps un camping « de luxe » lorsqu’une plage du littorale m’accueille. Tout est différent dans cette partie du Mexique, en dessous des tropiques du cancer , où tout n’est que verdure luxuriante. Un choc et à la fois un bonheur, après 18 jours de traversée de désert.

un peu de "luxe" sur la route

un peu de "luxe" sur la route

Du vert ! Mais aussi de l’eau ! Outre les nombreux ruisseaux et rivières qui descendent des montagnes, c’est aussi la saison des pluies. On devrait dire des orages. Certains peuvent être destructeurs, les fortes pluies entrainent des coulées de boues, détruisant des villages. La végétation change encore, me présentant la diversité climatique du Mexique. J’ai l’impression de me retrouver quelques part en Europe. Grandes pâtures et bovins, routes bordées de talus de feuillus, cultures. Mais la chaleur humide est bien présente et me rappelle où je suis. Comme les moustiques d’ailleurs qui deviennent plus nombreux chaque jours.

Les camions quand à eux ne dérogent pas à la règle et sont eux, les maîtres incontestés de la route. Bien qu’ils se font de moins en moins nombreux, ils vous remettent à chaque fois à votre place : En vélo, on est vulnérable et fragile, leur souffle peut vous déséquilibrer et vous envoyer dans le décor en moins de deux, ceux qui viennent de face, sont autant de mur de vent à franchir. Et lorsque la route se fait sinueuse et grimpante, il vous inonde de colère, lorsqu’il vous double, par des jets de fumées noires sortant des pots d’échappement sur-dimensionnés. Je peste alors contre les constructeurs qui n’ont pas pensés à les installer à gauche.Oui, je suis bien au Mexique, par le trafic tout du moins. Il y a bien entendu la musique, présente partout. Des quartiers des petites villes aux maisons isolées, il y a toujours de la musique dans l’air. Pas de la bouillie Anglophones, mais plutôt musique du pays.

Les contrôles militaires ponctuent eux aussi de temps en temps les journées. Cela me fait toujours un peu bizarre de voir des hommes en armes, avoir le pouvoir et l’autorité. A l’image des différentes police circulant dans le pays, vêtue « à la GIGN », fusils d’assault à la main , traquant le crime ! Les cartels font la loi et s’entredéchirent le pays, et tout ce déploiement de force militaires ne changera rien au problème.

L’odeur des charognes sur le bas coté de la voie ne change quand à elle pas non plus. Là ce sont des tatous, serpents, chiens, et toutes sortes d’animaux, écrasés lors de leur tentative de franchir le cordon maudit ! Certains font le régal des vautours qui prolifères aisément. Plus tard, les carcasses restent à pourrir pour des mois. Les détritus, malgré une campagne de sensibilisation naissante, font parties irrémédiablement du paysage, à mon grand regret.

Je rentre à présent dans l’un des nombreux « états unis du Mexique, le Michoacan. Le vélo fatigue et moi aussi. Les montagnes de la « Sierra madré del sur » nous est fatale. Takayan casse la chaîne, après le porte bagage, et je me fais un tour de reins ! Stop, il faut marquer une pause…img_1437

Avec une réparation de fortune, j’atteins la ville de Lazaro Cardena. Une journée au calme dans un motel, et un passage à une boutique pour la réparation du vélo, nous met tous les deux d’aplomb pour continuer le voyage.

Une fois les montagnes passées, de grandes plaines cultivées les remplacent. Cocotiers, bananiers, papayers, citronniers et manguiers prédominent. Tout le monde travaillent au champs. Par pick-up bondés de monde. Les enfants profitent de ce moyen de locomotion pour rejoindre leurs écoles.

culture de bananiers et cocotiers en mélange

culture de bananiers et cocotiers en mélange

Sur le parcoure, un obstacle, un gros : Acapulco. Ce nom pourtant raisonne comme luxe et belles plages ; En partie surement, mais incroyablement dangereuse ces temps ci. Je reçois un mail de Jean Pierre, il vient de se faire racketter avec son pote par la police. Une amende de 500$, pour soit disant une route interdite aux vélos ! Et cela aurait put être pire apparemment, il valait mieux payer !

Je franchis quelques jours plus tard avec un peu de stress cette ville maudite. Se frayer un chemin à travers la ville, le trafic, les coups d’œil aux flics qui patrouillent parmi les coccinelles Volkswagen recyclées en taxi, grimper une colline qui n’en finit pas, et puis j’en sort enfin….

Acapulco, verrue sur le parcour

Acapulco, verrue sur le parcour

Heureusement dans toute cette polluante noirceur, il y a les rencontres. Brèves et furtives comme la rencontre un jour d’un python, tentant de traverser la route. Un bonjour, un regard, une conversation qui commence, et on m’offre des galettes de maïs, un café ou on me roule à la main des feuilles de tabac, le « Pourou », petit cigare local. Il y a la beauté des lieux aussi.

lesbébés tortues à peine sortis iront rejoindre l'océan

lesbébés tortues à peine sortis iront rejoindre l'océan

Plages de sable fin, parfois désertes où les dernières espèces de tortues marines viennent pondre leurs précieuses progéniture sous l’oeil expert des scientifiques.

protégé et répertorié, les oeufs de tortues recoivent tous les soins

protégé et répertorié, les oeufs de tortues recoivent tous les soins

Montagnes et forêts verdoyantes et fleuries où les colibri et perruches virevoltent dans tous les sens , laissant la place, la nuit venue au lucioles qui m’offrent une chorégraphie connue d’elles seules. Je sais pourtant que tout est déjà transformé à l’image de l’homme. Les anciennes forêts ont été rasées pour laisser la place au bétail et à la culture du maïs et autres cultures.

culture de Papayes

culture de Papayes

 Il y a 60 ou 80 ans, il y avait encore, dit-on, des jaguars dans les parages et les arbres étaient bien plus imposants.img_1347

Les journées s’enchainent, les unes après les autres et seul mon agenda me permet de me rappeler la date du jour. L’avantage du voyage à vélo, je vis au rythme de la terre, avec la course du soleil. . Une sensation d’immense liberté m’envahit, contrastant avec la fatigue des journées de pédalage accumulées.

San Cristobal et l’état du Chiapas ne sont plus très loin, il faut tenir. Là bas, les choses se mettent petit à petit en place. Jean-Pierre et Olivier décide de rester dans la ville pour un moment et loue une maison, il y a des chambres de libres, je suis le bienvenue. Une première porte vient de s’ouvrir, celle d’un endroit fixe où je vais pouvoir m’organiser pour travailler sur le film de la « rainforest » et visiter la jungle Lacandones. Je prends contact avec un ami Français, Karl, qui vit au Mexique et travail comme guide touristique. Il est de passage à San Cristobal avec un groupe, la date de son passage est précise, je ne veux pas le manquer, motivation de plus pour avancer. Il peut m’aider dans la découverte de cette région et me donner des contacts pour mon prochain reportage.

Je quitte à présent l’état de l’Oaxaca et rentre enfin dans le Chiapas. Les nuits sont toujours aussi chaudes et humides, et les orages éclatent maintenant régulièrement dès la tente posée. Fini les bonne poêlée de légumes, tortillas et crudités sont au menu du soir.

Un jour, enfin se dresse devant moi la dernière barrière avant l’arrivée. Une chaine de moyennes montagnes me sépare de mon but. Je veux impérativement arriver le jour même. Mais la route est longue, grimpante et sinueuse, ponctuée par de faibles descentes. Comme une dernière épreuve, j’avance trop doucement, roulant au pas d’un homme. J’abandonne très vite l’idée d’arriver en milieu d’après midi et espère pouvoir atteindre la ville avant la nuit. Il me faut encore trouver internet et noter l’adresse de Jean Pierre et bien sure, trouver la maison dans une ville de 200 000 habitants.

Les heures défilent, mais pas les kilomètres; Sur les routes sinueuses les paysans vendent des épis de maïs cuit au feu qui font mon régal. Et puis, enfin, un dernier panneau routier m’indique les vingt derniers kilomètres restant à faire. Pour mon grand bonheur, San Cristobal de las Casas est dans une cuvette. Le dernier tronçon se fera en partit en descente. Tout s’enchaine alors très vite, et trouve sans trop de problèmes, la nuit venue et sous un crachin soutenu, je frappe au N°3b de la rue Isabel la Catolica. Je suis arrivé, Jean Pierre et Olivier m’accueillent chaleureusement. Le voyage marque une pause, j’en suis content, les 54 jours de traversée du Mexique s’achèvent. La découverte des montagnes du Chiapas et de la réserve de monté Azules dans la selva Lacandones commence!

 

Ecrit par Asso Kernunos in: Mexique | Mots-clefs :,
nov
03
2010
1

“Cougar man”

En attendant de trouver un logement pour l’hiver, je suis hébergé chez Clarence.  A 84 ans, ce bonhomme, ancien prisonnier de guerre, et ancien maçon à de l’énergie à revendre, et des histoires de cougars et de grizzly à la pelle. Il faut dire qu’à 74 ans il a été un des rares à survivre à une attaque d’un “chat”, comme on l’appel ici. les crocs plantés dans la tête, il a réussi à se battre à mains nues contre l’animal, en mettant sa main dans la gueule du carnassier pour l’empêché de l’atteindre. De l’autre bras resté libre il à maintenue sa tête contre son torse et essayé de l’étouffer, c’est un ami qui l’accompagnait qui a mit fin aux jours de l’animal. Clarence s’en est sortit de justesse, avec un doigt en moins et avec des morsures qui ont frôlé la carotide de quelques mm seulement!!!

Depuis, il ne parle plus que de chasse et du danger que représente ces animaux prêt à s’attaquer aux humains. Dans la vallée, les histoires de visites de grizzly et de cougars se multiplient. Il faut dire que maintenant sans nourriture donnée par la forêt perturbée, les animaux n’hésitent plus à visiter les poulaillers et renifler de très prêt chats et chiens en maraudes. Voir un cougar de prêt est une occasion unique, une rencontre magnifique… Mais celui que j’ai vu à quelques mètres de moi seulement était prêt à tout pour trouver à manger, même à mourir. Car le dernier endroit où il faut aller pour ces bêtes là c’est bien la maison de Clarence.  il devait certainement attendre patiemment que l’on parte de la maison pour commettre ses mefaits, il planquait sous un vieux camion et reluquait avec appétit le chien qui lui aboyait dessus. C’est ainsi que je l’ai repéré et observé. Le vieux chasseur n’a pas fait de sentiments, à sortit son fusil et l’a abattu d’un seul tir, précis et fatale.  Son 35ème en 40ans de chasse. Lorsqu’il y a un problème avec ce genre d’animaux, c’est lui ou son fils  qu’on appelle.

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Ici les "chats" ont mauvaise réputation

la maison de clarence

la maison de clarence

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ici c'est un grizzly qui s'est trop approché d'un poulailler

Pour moi, c’est un coup dure de voir ses animaux tués juste pour quelques volailles, j’aiderai cependant à dépecer le Grizzly et à récupérer un peu de viande pour le gouter.  Afin que son esprit puisse rester libre, et non pas cloué à un mur avec sa peau, je prélève quelques poils et confectionne  un sac en cuire pour les recevoir. J’espère ainsi que son esprit m’accompagnera dans mon voyage à venir.

Il est clair qu’il devient très dangereux de se promener en forêt, tout le monde le dit. Mais moi, attristé par ces évènements, je m’enfuie, là où je me sens chez moi, où je respire la vie. je pars pour une ballade en montagne, sur les hauteurs, respirer la vie et non pas la mort.

Prendre du recul sur les hauteurs fait du bien

Prendre du recul sur les hauteurs fait du bien

reflexion dans mon "temple" aux big cedars

reflexion dans mon "temple" aux big cedars

La puissance des anciens m'apaisent

La puissance des anciens m'apaisent

Ecrit par Asso Kernunos in: Canada | Mots-clefs :, ,
sept
19
2010
0

Le poids d’une décision

En repartant du village de Tatla-Lake où je m’étais arrêté pour la nuit, et réapprovisionné pour la route, seulement quelques kilomètres plus loin, un problème me fait retourner en arrière. La roue de la remorque fait un bruit anormale et je m’aperçois que je perds des roulement à billes, compromettant mon avancé. Le petit garage du village ne peux rien faire pour moi, alors j’essaie de trouver une autre roue dans le motel d’à côté, où de nombreux vélos sont stockés.

Aucune des roues ne corresponds  à la taille que j’ai besoin, cependant il y a là deux trottinettes, une presque neuve et une autre plus que vétuste. Le propriétaire veut bien m’aider, me propose d’acheter les roues neuves, mais le prix qu’il demande me paraît exorbitant . aussi, je lui demande de me donner la plus vieille. j’espère seulement qu’elle pourra effectué les quelques 200km qu’il me reste à parcourir, avec 60km de pistes de montagnes. Le coup est risqué, mais je fais confiance en mes décisions.

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A ce moment là, je n’ai pas conscience que cette vieille roue et la décision que j’ai prise de la monter plutôt qu’une neuve va tout déclencher

Ecrit par Asso Kernunos in: Canada, Velo | Mots-clefs :, ,
juin
03
2010
0

Pour mieux comprendre la Chine (???)

img_3537Christine et Steven vivent en Chine depuis 11 ans. Ils ont vu des tas de Houtong, (ces petits quartiers aux rues archi-etroites qui donnent l’impression d’etre de retour dans le “tiers-monde” alors que juste derriere se trouve l’enorme avenue rutilante des batiments vitres et modernes), se faire detruire pour etre remplaces par des batiments enormes. Ils ont vu Shangai passer en un clin d’oeil d’une ville horizontale a une ville verticale.  Ils ont vu l’explosion economique bouleverser le pays, jusqu’a aujourd’hui encore, ou le taux de croissance atteind 8%!  Nous rencontrons un bon nombre de francais et autres occidentaux, entrepreneurs ou salaries, venus y faire leur ble. Des quartiers d’affaires se constuisent, et dans LA capitale DU pays du velo, 3000 voitures sont vendues par jour! (equivalent a 9km de bouchons). Train d’enfer…

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trouvez l'erreur

Et pourtant, il y a a peine 35 ans, pas un etranger ne pouvait circuler en Chine librement. Pas une entreprise etrangere n’y etais implantee. A cette epoque, Mao etait encore vivant, et si il voyait tout ca, il se retournerait plus de 3 fois dans sa tombe…

Mao. Un homme qui a tenu entre ses mains le destin d’un milliard de personnes formatees a sa propre pensee. C’est carrement dingue. Avant les communistes, les Mandarins refusaient le progres industriel pour ne pas risquer de deranger les esprits de la Nature. Par la folie d’un seul, des millions de gens se mettent a creuser des mines de charbon a la maiun pour chauffer des fours dna le but d’augmenter la production nationale d’acier par 2. Sortir le pays du moyen age, le faire reconnaitre internationalement, tel est le but. Ce “grand bond” entraine une famine de 38 millions de victimes. Tous les oiseaux sont chasses (pour augmenter les rendements de cereales). Tous les arbres sont coupes. Pendant la revolution culturelle, ce sont les “4 vieilleries” que l’on eradique: les vieilles cultures, les vieilles habitudes, les vieilles pensees, … (l’autre je me rappelles plus). De leurs propres bras les “gardes rouges” detruisent les temples et tous les objets de leur propre culture Chinoise. Ils denoncent leurs propres parents, lynchent leurs propres dirigeants… Encore aujourd’hui, les gens ont peur des autorites, des lois, des etrangers… Apres tout cela, l’effet Mao a ete evalue positif a 70%. L’affaire est classee, et on en parle plus. Nous rencontrons peu de jeunes chinois ayant un avis critique sur leur pays, ou ayant un avis tout court. Les tabous persistent, peut-etre parce que les situations critiques sont toujours aussi nombreuses, surtout en ce qui concerne l’ecologie…

img_354190% des nappes phreatiques sont polluees. 45% du littoral vide de son poisson. Atmosphere bombardee de charbon. Des villages entiers de cancers se declarent. Dans certaines villes industrielles, le ciel est rouge jours et nuit, et l’air irrespirable. L’exemple concert le plus colossal: le barrage des 3 gorges, au sud du pays. Equivalent a 6 centrales nucleaires, question production d’electricite. Mit en marche en 2009, la constuction bouge deja. Elle serait responsable du recent tremblement de terre juste au nord (a cause du poids de l’eau retenue), et de la secheresse qui concerne actuellement 60 millions de personnes, en aval. Une jeune Chinoise nous avoue sa tristesse: “Les jeunes Chinois ne VIVENT pas. Si la vie c’est l’eau, l’air, la terre (tel le dit la pensee traditionnelle chinoise), alors ils sont deja morts. Ici, il n’y a plus ni eau, ni air, ni terre…”

Elle nous organise un interview avec la radio nationale chinoise. Apres tout ca, quand on nous demande “quelles sont vos premieres impressions sur la chine”, on a pas pu s’empecher de dresser un tableau bien noir. Si l’interview passe en entier c’est que la Chine fait de gros efforts en matiere de liberalisation des medias et des idees. En tous cas, tous nous disent qu’elle fait effectivement de gros efforts en matiere d’environnement. Mais malgre les campagnes de replantation massives, le desert avance sur Pekin…

Ecrit par Asso Kernunos in: Chine | Mots-clefs :, , , , ,
avr
29
2010
2

A notre santé, made in Corée

charbon végétal contre abcès dentaire

charbon végétal contre abcès dentaire

Notre arrivée à Ulan-Baator n’est pas bien héroïque: Marilia est aphone et Christophe voit sa mandibule gonfler de jours en jours pour cause d’abcès dentaire. Fallait se refaire une santé. Pour ça, il n’y avait pas de meilleur moyen que de passer 10 jours chez Mr Kang (coisé a Khovsgol, en 3min, ce qui suffisait bien pour qu’il nous donne son adresse et nous invite chez lui!!) et SonHee, fraîchement arrivés de Corée.

Dans leur appartement, c’est la cuisine qui nous impressionne le plus:le balcon est comblé de produits secs importés de Corée (leur séjour doit durer quelques années, et les stocks sont à la mesure), 3 frigos dont un SPECIALEMENT réservé au fameux Kimtchi dont ils ne peuvent se passer (même après un repas à la française préparé par nos soins, ils n’ont pas résisté à sortir leur chou trempé dans du piment!). SonHee passe 70% de son temps dans la cuisine, et les plats qu’elle en sort sont grave délicieux. riz, pates-de-riz (qu’on lave a la main comme on lave des vêtements), viande-végétale, oeufs, algues, légumes, fruits, sauces-de-noisettes,… Après le régime viande-lait-farine Mongol, c’est pour nos corps une véritable renaissance. D’ailleurs en tant qu’adventistes, le 1er des 8 principes de bonne santé prescrits consiste à se nourrir correctement. En plus de ses bons repas, SonHee nous soigne à coups d’huiles essentielles et de charbon végétal.

self-control recommandé

self-control recommandé

La visite à Ulan-Baator du masseur de plusieurs équipes sportives Coréennes est pour nous une bénédiction: à entendre notre histoire, il accepte de nous offrir un massage des pieds. Rien qu’à les regarder, il sait déjà ce qui ne va pas. A les toucher il réveille le corps tout entier. Ca douille terrible!! Il nous décline ses observations (le dos, la gorge… les poumons de Tof, l’estomac, les yeux, les oreilles de Marilia, et j’en passe!) “Aimez vos pieds! Ce sont eux qui portent votre poids toute la journée et vos déséquilibres.”

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SonHee et Hashik regardent leurs enfants partir à l'école

Le soir on s’offre mutuellement des cours d’histoire. On a rit des Coréens si “civilisés” qui préfèraient les livres aux sabres, la paix à la guerre, qui s’habillaient de longs tissus blancs+barbe+chapeau si bien qu’il ne dépassaient que les yeux, et que quand ces yeux voyaient la grasse nudité des sumos Japonais, le zèle guerrier des Samouraïs, ou encore la boucherie Mongole si facile, ils s’en trouvaient choqués, et préféraient ignorer ces barbares-animaux. Voilà: le Coréen type ne fait pas la guerre, il ne cesse de se défendre, il est cultivé, lettré, artiste, calligraphe, marche avec honneur et droiture (martial), et respecte Aînés et Ancêtres plus que tout. Bref, le Coréen est spirituel (y’a qu’à voir leur drapeau: blanc, avec un yin-yang au milieu entouré des trigrammes de la Terre, du Ciel, de l’Eau et du Feu). Et puis il y a eu la guerre, les Ricains qu’ont “sauvé” la Corée du Sud de la manne soviétique. Mr Kang le pasteur nous dit: “God bless Korea. Without the USA, we never could know Jesus Christ”. Pas étonnant qu’ils soient tous devenus chrétiens, pasteurs, fervents croyants de “Jesus notre sauveur”.
Une fois remis sur pieds, les visas Chinois en poche, on se prépare à repartir. Là encore nos amis prennent soin de nous comme de leurs enfants: SonHee nous offre notre première leçon de chinois (saviez-vous que les jours de la semaine se disent 1,2,3,4,5,6,Ciel! Comme à la marelle!) et Hashik des bandeaux pour affronter les vents de poussière de Gobi le Désert…
Le départ prend des allures cérémonielles. Bouleversés par notre aventure, ils nous avouent, pleins d’émotions, avoir vécu une rencontre incroyable dont ils se rappelleront longtemps. Depuis quelques jours Mr Kang prend son vélo pour aller au boulot, et propose à SonHee: “Dis, tu m’accompagnerais pour un challenge de ce genre?” Et puis nous on a reçu d’eux le meilleur: notre propre bonne santé.

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