déc
08
2011

Chiapas, une réalité bien sombre

Le Chiapas est un des riches états du Mexique en termes de ressources. Forêts en abondances, montagnes donnant naissance a de nombreuses rivières, fournit à lui seul, 35% de l’électricité hydraulique du pays. Mais il regorge aussi de minerais, de pétrole et de gaz.
L’agriculture prends une part importante également avec la production du café (35%) et du Maïs.
Depuis quelques années, le Chiapas se vante d’être le premier producteur de bio-carburant du pays, avec 50 000ha de cultures.
Utilisé pour la fabrication de bio-diesel, les cultures de palmiers africains sont une vraie catastrophe pour l’environnement. Nécessitant engrais et pesticides qui contamine par la suite l’eau et le sol et apporte maladie a ceux qui les utilisent, elles supplantent les cultures destinés à la consommations des communautés et est responsable de se fait d’une augmentation des prix des produits de base de + de 50%. Des pans entiers de forêts (dont en partie la réserve de biosphère) partent en fumée pour laisser la place à ces cultures. Le gouvernement Mexicain souhaite d’ailleurs poursuivre dans ce sens en augmentant la surface de production à 900 000ha dans les vingt prochaines années.
En Janvier 2010, le congrès de l’état du Chiapas à approuvé le financement de la construction d’une usine servant à la transformation de l’huile.
En février 2010, un communiqué de la RECOMA (Réseau Latino Américain contre la monoculture d’arbres), dénonce les graves atteintes que subissent les communautés de la Selva Lacandona dans la zone de la réserve.
Des dizaines de familles ont été expulsé violemment par des forces militaires et gouvernementale, puis relogés dans des « cases » en bétons dans la ville de Palenque situé à quelques kilomètres de là.Leurs terres seront affectés à la production d’huile de palme.
La forêt Lacandon n’est pas seulement menacés par ces cultures…

L’état du Chiapas à grand renfort de publicité attire les compagnies de tourisme sur son territoire.
Une jungle intact et protégée, les eaux limpides des cascades et un tourisme solidaire fait cacher la réalité de l’enjeu que génère cette forêt.,
En 2004 avec le soutient de la France et de l’Union Européenne avec le programme PRODESIS (projet de développement social intégral et soutenable de la jungle Lacandon), le Chiapas lance un programme d’éco-tourisme dans la réserve et sur tous les monuments archéologique et naturels.

Mais qu’est ce que cela veut dire ?
Dans nos têtes, le mot écotourisme est une bonne chose. Un tourisme différent, qui permet à des familles et structures locales de mieux vivre. Cela fait jouer le commerce locale et évite le tourisme de masse en respectant l’environnement.
En théorie…
Dans la réalité du Chiapas, il en est tout autre. Ce mot devient synonyme de gros profits et d’utilisation du concept pour diviser les ethnies et mener ainsi une guerre dite « de basse intensité » visant les communautés Zapatistes ou non. Le gouvernement attise les discordes en « offrant » aux villages qui ne suivraient pas la voix de l’auto-détermination, subventions et services.

C’est ce qu’il a fait en donnant aux Lacandons, peuples minoritaire au Chiapas, la réserve de Monte Azules.

En 1972 grâce aux démarches d’un couple, Franz et Gertrude Blom, qui ont consacré une partie de leur vie a aider ce peuple, et face à la pression internationale pour préserver la dernière jungle encore intacte de la région, le gouvernement Mexicain confie la gestion de 600 000ha de forêt aux 66 familles Lacandons restantes. Mais pour cela expulse 2000 familles qui y vivaient depuis des décennies.

Depuis ce jour et jusqu’à l ’année dernière ses expulsions se multiplient, prétextant une dégradation de la réserve ! Les lacandons eux aussi usent de se prétexte pour faire valoir leurs droits sur ces terres et accusent les autres peuples de tous les maux.
Les projets touristiques appuyés par la France n’ont rien d’écologique. Dans l’un des villages (le plus touristique des trois), on peut voir le résultat d’une telle politique.

A Lacanja-Shansayab, le village est en pleine émulsion et presque chaque maison est en rénovation pour y accueillir le flot de touriste qui chaque année, passe par ce village avec les tours opérators.
Petit à petit il se transforme et devient une sorte de « club méd » de la jungle.
Maisons en béton et toit de paille (traditionnelle) sanitaires (sans assainissement), climatisation des chambres, internet…
On distribue gratuitement des outils de jardins à chaque famille pour qu’elles entretiennent les plantes mises en terre. On y installe même des trottoirs, pensant semble t il à une fréquentation importantes des voitures dans l’avenir. Les conseillers aux tourisme incite bien sur le habitants à porter leurs tuniques blanches traditionnelles « Parce que le touriste veut de l’exotisme et qu’il paie pour ça ».
Des mégas projets sont en cours de réalisation (ou dans les cartons), dans tous les sites archéologiques du Chiapas. Sites sacrés, cascades et lacs azurés font l’objet d’infrastructures touristiques visant une clientèle riche et aisées.

Certains organisme dénonce le manque de consultations avec la population locale. Les projets ne sont pas adaptés pour que les familles en tire un quelconque revenu et les structures n’ont plus rien à voir avec le label d’éco-tourisme.
Orchestré par l’état et les multinationales, on fait mains basses sur les richesses de cette région exceptionnelle.

Le tourisme n’est qu’un des quatre grands axes de la région. Le pétrole, le gaz et le minerais en sont les trois autres. Mais un autre intérêt attire les multinationales : la biodiversité que renferme cette jungle. Les plantes, utilisés depuis des générations pour l’usage de la médecine traditionnelle, intéresse les firmes pharmaceutiques. Dans le sud de la réserve, de gigantesques serres sont installés pour étudier, cultiver et breveter les trésors que renferme ce biotope.

DÉMOCRATIE ! LIBERTÉ ! JUSTICE !

Caracol V, Roberto Barrios,
le 8 avril 2005

Article publié dans le n° 32 de CQFD, mars 2006.
http://www.cequilfautdetruire.org/spip.php?article959

Le Caracol Roberto Barrios
dénonce

AUPRÈS DE L’OPINION PUBLIQUE,
Auprès de la société civile mexicaine et internationale,

Les faits suivants :

Tout au long des dernières années, divers organismes gouvernementaux tels que l’INI, le SEDESOL, le SEMARNAP, le ministère du Tourisme et le conseil municipal de Palenque, entre autres, ont tenté de faire construire un complexe touristique aux abords de la rivière Bascán, située sur le territoire de la commune rebelle de Roberto Barrios.
À plusieurs reprises, le refus opposé par notre communauté est parvenu à paralyser ce projet mais, une fois de plus, les promoteurs de ce projet d’exploitation reviennent à la charge, avec les mêmes arguments, en répétant les sempiternels mensonges du discours démagogique des entreprises. Nous savons pertinemment à quel point les entreprises du secteur hôtelier, de la restauration et du tourisme convoitent nos terres et la taille des intérêts en jeu. Ce sont eux, les chefs d’entreprise, les principaux bénéficiaires de l’exploitation de nos ressources naturelles, quoi qu’ils disent en nous rebattant les oreilles avec leurs belles promesses de développement et de confort pour nos communautés.
Nous connaissons les problèmes qui ont surgi partout où ce type de projet a été réalisé, comme aux cascades de Agua Azul, de Misol-ha et autres, où les inégalités et les affrontements inter-communautés sont évidents. Et aucun organisme n’intervient pour tenter de résoudre de tels problèmes, on cherche uniquement à les occulter et à prétendre que tout va bien. La construction de locaux et l’aménagement du territoire ne répond en rien aux besoins des habitants des villages affectés et nous ne croyons pas non plus que nous allions tirer quelque bénéfice que ce soit de ce projet.
Les divers gouvernements, fédéraux ou locaux, savent pertinemment que de semblables projets ne sont faits que pour créer une belle image aux yeux du reste du monde, de belles cartes postales et de belles photos pour illustrer livres et revues s’adressant aux gens argentés qui viennent jouir de nos ressources naturelles, tandis que la réalité profonde de la misère et de l’exploitation ne sortent pas sur les photos ni dans les journaux : nous n’y figurerons qu’en tant que curiosité exotique menacée de disparition.

Nos coutumes et nos traditions, nos chants et nos danses, nos langues et nos costumes traditionnels ne vont servir qu’à amuser et à rendre plus gais les fêtes et les réunions de ceux qui peuvent payer en pesos, en dollars ou en euros. Une façon d’entretenir et d’augmenter encore la situation d’exclusion, d’exploitation et de pauvreté chez nous, dans nos propres demeures.
Dans le même temps, on va aussi ravager un patrimoine que nous avons hérité de nos ancêtres, qui avaient su le préserver jusqu’à nos jours pour que nos peuples puissent en jouir et en profiter sans surexploitation ni exagération. Ce patrimoine, on veut maintenant l’endommager, en transformant en vile marchandise tout ce qui peut être vendu.
La destruction arrive et avec elle les arbres sont abattus. Le vice, les drogues, les maladies l’accompagnent et les eaux sont polluées, alors que nous y puisons quotidiennement selon nos besoins.
Le 20 juin 2003, le conseil des terres communales avait déjà dénoncé les mêmes problèmes et montré que l’intention est la même, que tous ces projets de complexe touristique dans ces cascades ne sont qu’une provocation visant à déstabiliser, à diviser et à faire s’affronter les communautés zapatistes et non zapatistes.
Nous voulons nous adresser à certains de nos frères indigènes qui, éblouis par la richesse, ont cédé à la tentation du pouvoir et contribuent à promouvoir le signe de la mort au sein de nos villages, sans que leur importent les conséquences immédiates et futures. Nous les informons que désormais non seulement la communauté en résistance s’y oppose, mais que nous ont rejoints nos frères qui croyaient auparavant aux partis politiques, ce qui montre suffisamment la vérité de notre refus. Au vu de tout ce qui arrive, ceux qui ne croyaient pas que cela pouvait se passer prennent conscience aujourd’hui de la réalité.
Nous exigeons le respect de nos communautés, de leurs ressources naturelles et de leur territoire. Nous exigeons de paralyser immédiatement ce projet. Nous exigeons le retrait définitif du projet dénommé Écotourisme sur nos terres. Nous exigeons le respect de notre vie communautaire.

Ecrit par Asso Kernunos in: Chiapas, monte azules | Mots-clefs :, , ,

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