juil
22
2010
0

Les Survivants de la Bikin

img_3567

"Xhatal" traditionnel

img_36611Nous voila donc a Krasnii Iar, sur cette ” falaise rouge” (a cause de la couleur de la terre, ou des sovietiques de l’epoque pour quoi chaque nouvelle creation ne pouvait etre que rouge) au dessus de la Bikin, ou se sont refugies Udeges et Nanai, annuellement assaillis par les crues de la riviere lorsqu’ils vivaient de l’autre cote du pont… Depuis l’epoque ou tout leur peuple nomadisait le long de la Bikin par petits clans, d’autres “fleaux” sont apparus… (russes ukrainiens, sovietiques, commercants chinois, defricheurs, constructeurs de route, exploitants forestiers…)  refaisant d’eux des sedentaires, pour la plupart concentres dans ce village multi-ethnique livre a lui-meme.

Qui sont alors les Udeges d’aujourd’hui? Malgre le mixage ethique, les livres disent “2000″. (le chiffre a aoudainement augmente lorsque le gouvernement a bien voulu offrir quelques privileges aux peuples minoritaires). Mais plus personne quasiment ne parle la langue, homis quelques ferus Japonais qui viennent regulierement l’etudier, a la recherche de leurs propres racines. Les danses et les costumes ne survivent que pour la fete des peuples indigenes du 9 aout. Certains vieux se souviennent de leurs fetes de saison, celle de l’automne surtout ou on servait de grands banquets garnis de lard d’Ours et de baies. Quant a la spiritualite “paienne”, elle img_3683s’est transformee en une vieillerie incomprise des moins de 40 ans. Comme partout ailleurs, la necessite de survivre dans un monde chacal pousse les gens a la recherche constante d’argent. Mais comme a Krasnii Iar ca ne court pas la rue, la premiere des chose, c’est se nourrir.

img_3676 p10300381

Et pour ca, pour eux et leurs enfants, il y a la riviere Bikin, et sa taiga encore vierge. De nombreuses fois on a tente de les deposseder de leur plus precieuse richesse mais ce n’est pas encore fait… ici survivent encore chasseurs pecheurs et cueilleurs. C’est la Taiga et la Bikin qui font d’eux ce qu’ils sont. Et Udege veut bien dire “Les gens de la foret“.

Ecrit par Asso Kernunos in: Primorie | Mots-clefs :, , , , , , , , ,
juil
22
2010
0

Une ile

p1030226

Sous notre triple ciel bleu

Sous notre triple ciel bleu

Denis, notre anarchiste guide d'expe

Denis, notre anarchiste guide d'expe

Avant de vous parler des gens de Krasnii Iar, permettez-moi un petit “flash back” dans le futur, jusqu’a une ile de legende, perdue aux confins de ce bout du monde, sur la Mer du Japon. L’Ile de Petrov, en plus d’etre protegee par la mer, semble jalousement gardee par le zapovednik de Lazo, aupres duquel il nous faut obtenir les autorisations de camper quelques jours sur la baie, aupres de la base de la reserve. Il pleut. Les barques ne seront de sortie que 3 jours plus tard, en meme temps que nombre de touristes, pour une expedition expeditive sur l’ile. Apres toute la route parcourue  travers tant de contrees “devastees”, apres tant d’efforts sur les pistes ondulantes de la Primorie pour atteindre l’un de ces rares lieux sauvages (meme dans le Zapovednik, coupes et incendies sont venus a bout d’une grande partie de la vegetation d’origine),  les 2h qu’on nous alloue ressemblent a une peau de chagrin. Difficile de s’y inspirer suffisemment, afin de vous transmettre le meilleur. Mais malgre tout, on tente de mesurer la chance que nous avons de  survoler un tel endroit.

img_3815

img_3803

Liane d'actinide

Liane d'actinide

L’ile est un vestige de toutes les richesses de la Primorie. Sur 36 hectares  se concentrent plus de 400 especes de plantes, qui vont du Pin de Coree au “Dimorfant“, cet arbre a la peau dur de la meme famille que le Gingseng, et qui donne un miel des plus delicieux. A peine debarques on penetre dans un sous bois a l’odeur fraiche… couvert d’Ifs! Grace a la resistance de son bois, des lianes d’Actinide (dont les baies kishmish ressemblent au kiwi), agees de plusieurs centaines d’annees, courent jusqu’au ciel ou elles perfectionnent la canopee si richement metissee. Metissage, voila bien le maitre mot qui caracterise les forets de la Primorie. Nulle part ailleurs on ne trouvera des edelweis pousser non loin de vignes sauvages, des Noyers cohabiter avec des Pins, ou bien encore des Tigres et des Leopards des neiges. Les noms latins le revelent: Chene de Mongolie, Tilleul de l’amour, Noyer de Mandchourie, Pin de Coree, Cerf du Japon, etc…

img_3808 img_3831 img_3813

If

If

p1030238La richesse de l’ile est aussi historique. Ici etaient implantes les Djourdjen, sedentaires venus des regions Est du Baikal, ayant forme un empire qui s’etendait jusqu’au centre nord-est de la Chine. Cette civilisation avancee avait son empereur, son premier ministre et son homme de loi, ses theatres, ses objets d’art, et boudhisme et chamanisme pour religions.  L’ile etait alors un sanctuaire habite par les moines. Vers 1200, les Mongols de Genggis Khan se sont allies aux Chinois (alors retenus derriere leur Grande Muraille), afin d’en finir avec l’Empire Dore. De plusieurs millions de personnes, la population de la Primorie s’est reduite a quelques 50 000 survivants, ayant reussi a fuir vers les sources et les montagnes sauvages du centre de la region. Apres avoir connu la vie d’une haute civilisation, les Djourdjen sont redevenus nomades chasseurs et pecheurs. C’est ainsi que sont nes les peuples Udeges, Orochis et quelques autres, grace aux Mongols, en quelque sorte… (c’est la Taiga toute entiere qui doit elle aussi les remercier!)

p1030240

Ecrit par Asso Kernunos in: Non classé, Primorie | Mots-clefs :, , , , , , , ,
avr
30
2010
0

Les Bergers du Désert

p1020603p1020598Au delà de Sainchand, la piste s’éloigne de la voie ferrée. Pour pas perdre le fil, on roule sur la nouvelle piste en construction, bien plus avancée que dans l’autre direction, vers Ulan-Baator. C’est pour nous l’occasion de retrouver les Bergers Mongols sous leurs yourtes une dernière fois avant la Chine. Par contre, pour les trouver, faut parfois aiguiser son regard: si là bas y’a un troupeau, c’est que le berger n’est pas loin, et son campement non plus.

Étrangement certains troupeaux sont fournis et paraissent pas mal nourris. C’est la période des naissances, ce qui représente des journées de travail de l’aube à la nuit tombée (on nous enfermera un soir dans la yourte, à l’abri du chien agressif, en attendant que le travail soit fini). Chevreaux et agneaux fraichement nés ont parfois le privilège d’y dormir. Mais faut surtout les faire retrouver les bons pis chaque soir et chaque matin. Un autre soir, une yourte d’apparence “isolée” nous sauve du vent trop froid… avant de se mettre à se remplir, à en craquer (on y a dormi à 14!!). Sans compter les moutons à dépecer.

p1020618 p1020616 p1020624

p1020586La méthode est simple: choisir le mouton le plus gras du lot, l’attraper, le mettre sur le dos. On lui ouvre proprement la peau du bidon (il semble ne rien sentir), on y enfile la main jusque dans son dos pour sectionner du doigt l’artère dorsale. Et tranquillement sans effusion de sang (hémorragie interne), le mouton s’en va, presque sans s’en rendre compte. Après on le transporte à l’intérieur. Pas besoin de planche à découper: tout se fait sur la peau elle-même, qu’on détache au poing, sans couteau. On hallucine de la propreté avec laquelle ils opèrent. On sort ensuite la poche à viscère, même pas perçée, confiée aux femmes qui en font direct le tri, le lavage, le remplissage des boyaux, la cuisson, et la dégustation. On a aussi eu le droit à un bout de foie cru, “à la Ghenggis”. Le sang est récupéré au bol dans la carcasse, puis tout est découpé et mit à sécher dans un coin de la yourte.

p1020583

Voilà: d’un bout à l’autre du pays, les Mongols ont ces même gestes du quotidien, et cette même façon de vivre. Y’à pas à dire: ce sont les Maîtres Éleveurs-Bouchers-Viandards du monde entier. Dans ces steppes et ces déserts, les animaux leur donnent la vie.

p1020612

Ecrit par Asso Kernunos in: Mongolie, Non classé, Trucs de saison | Mots-clefs :, , , , , ,
avr
01
2010
0

Quitter un monde d’Humanité.

p1020315La neige vient de tomber. Dans notre bout de monde tellement ailleurs, on se demande si quelqu’un, qui plus est en voiture, peut vraiment y parvenir pour nous emmener vers un monde un peu plus “moderne” qu’on a déjà oublié.

Comme Chimbator et Bulganchideg, les 2 jeunes petits-enfants, on appartient déjà à cet ailleurs protégé… Libres de la course effrénée du progrès moderne… Libres de marcher à un rythme qu’aucune horloge ne dicte, ni aucun planning ou agenda décalé. Hors du souci de l’argent. Rien qu’avec les lois de la Nature, et des valeurs à suivre qui font de nous des êtres Humains.

img_3432La voiture est arrivée. C’est Jimmi qui la conduit. Un gars plein d’enthousiasme. On a embarqué les 2 mômes attristés, on les a propulsé vers une réalité (l’école, l’internat, le village), qu’ils aimeraient effacer. Ils ne voulaient pas quitter leur famille, leur troupeau, leur belle vie de liberté.

Jimmi traduit nos au-revoir à notre famille d’accueil. Leurs visages sont plein de sourire et d’affection. On semble les avoir marqué. Ils nous invitent à revenir. Nous avons partagé, sans paroles, leurs valeurs d’Humanité: entraide, écoute, bonnes volontés, simplicité, etc… pour cela nous sommes devenu des frères, des frères Humains. C’est aujourd’hui, en quelques minutes, qu’on prend conscience des liens tissés, en silence. Après qu’on ai embarqué, la grand-mère a lancé au ciel le lait blanc (et donc sacré) de la bonne fortune…

p1020376

Jimmi nous parle de sa terre, de sa famille: “Il y a 10 ans, quand le 1er touriste est arrivé, personne ne parlait anglais, tout le monde était berger-pêcheur-éleveur, et personne ne parlait anglais. On a d’abord prit pour un espion Etazunien! Le 1er à parler anglais dans la région a été mon frère. Depuis tout le monde envoyait les étranger chez nous.

les voisins au grand sourire (toujours), avec les moutons

les voisins au grand sourire (toujours), avec les moutons

Renards en attente d'être tannés.

Renards en attente d'être tannés.

Mon père est mort il y a 1 an. Il nous a enseigné ce qu’est l’Humanité, et pourquoi les Hommes ont un coeur. il nous a donné les valeurs qui font de nous des êtres Humains. Aujourd’hui dans les villes il n’y a plus de vrais Humains. Il faut aller dans les campagnes pour les trouver. Ici on connait la réelle liberté: ici on peut encore vivre sans argent. Pour ça il faut  connaitre son monde, la nature d’ici, et vivre selon ses lois. Mon père connaissait parfaitement sa Terre. Il la respectait. Il était un vrai bon chasseur, géologue de surcroit. Il nous a raconté toutes les légendes qu’il connaissait, celles de chaque montagne, chaque ruisseau, chaque plante ou animal. Maintenant on peut à notre tour les raconter aux touristes intéressés. Tu sais, mon père, je l’aime. Il me manque, tu comprends….”

Liberté, Humanité, ces 2 mots riment, ne vont pas l’un sans l’autre. A chacun, après, de définir les valeurs que ces 2 mots comprennent…

sur la piste du retour

sur la piste du retour

Ecrit par Asso Kernunos in: Mongolie | Mots-clefs :, , , , ,

Propulsé par WordPress | Site internet/Graphisme :Potager graphique | Template : TheBuckmaker.com