Quitter un monde d’Humanité.
La neige vient de tomber. Dans notre bout de monde tellement ailleurs, on se demande si quelqu’un, qui plus est en voiture, peut vraiment y parvenir pour nous emmener vers un monde un peu plus “moderne” qu’on a déjà oublié.
Comme Chimbator et Bulganchideg, les 2 jeunes petits-enfants, on appartient déjà à cet ailleurs protégé… Libres de la course effrénée du progrès moderne… Libres de marcher à un rythme qu’aucune horloge ne dicte, ni aucun planning ou agenda décalé. Hors du souci de l’argent. Rien qu’avec les lois de la Nature, et des valeurs à suivre qui font de nous des êtres Humains.
La voiture est arrivée. C’est Jimmi qui la conduit. Un gars plein d’enthousiasme. On a embarqué les 2 mômes attristés, on les a propulsé vers une réalité (l’école, l’internat, le village), qu’ils aimeraient effacer. Ils ne voulaient pas quitter leur famille, leur troupeau, leur belle vie de liberté.
Jimmi traduit nos au-revoir à notre famille d’accueil. Leurs visages sont plein de sourire et d’affection. On semble les avoir marqué. Ils nous invitent à revenir. Nous avons partagé, sans paroles, leurs valeurs d’Humanité: entraide, écoute, bonnes volontés, simplicité, etc… pour cela nous sommes devenu des frères, des frères Humains. C’est aujourd’hui, en quelques minutes, qu’on prend conscience des liens tissés, en silence. Après qu’on ai embarqué, la grand-mère a lancé au ciel le lait blanc (et donc sacré) de la bonne fortune…
Jimmi nous parle de sa terre, de sa famille: “Il y a 10 ans, quand le 1er touriste est arrivé, personne ne parlait anglais, tout le monde était berger-pêcheur-éleveur, et personne ne parlait anglais. On a d’abord prit pour un espion Etazunien! Le 1er à parler anglais dans la région a été mon frère. Depuis tout le monde envoyait les étranger chez nous.
Mon père est mort il y a 1 an. Il nous a enseigné ce qu’est l’Humanité, et pourquoi les Hommes ont un coeur. il nous a donné les valeurs qui font de nous des êtres Humains. Aujourd’hui dans les villes il n’y a plus de vrais Humains. Il faut aller dans les campagnes pour les trouver. Ici on connait la réelle liberté: ici on peut encore vivre sans argent. Pour ça il faut connaitre son monde, la nature d’ici, et vivre selon ses lois. Mon père connaissait parfaitement sa Terre. Il la respectait. Il était un vrai bon chasseur, géologue de surcroit. Il nous a raconté toutes les légendes qu’il connaissait, celles de chaque montagne, chaque ruisseau, chaque plante ou animal. Maintenant on peut à notre tour les raconter aux touristes intéressés. Tu sais, mon père, je l’aime. Il me manque, tu comprends….”
Liberté, Humanité, ces 2 mots riment, ne vont pas l’un sans l’autre. A chacun, après, de définir les valeurs que ces 2 mots comprennent…