avr
30
2010
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Les Bergers du Désert

p1020603p1020598Au delà de Sainchand, la piste s’éloigne de la voie ferrée. Pour pas perdre le fil, on roule sur la nouvelle piste en construction, bien plus avancée que dans l’autre direction, vers Ulan-Baator. C’est pour nous l’occasion de retrouver les Bergers Mongols sous leurs yourtes une dernière fois avant la Chine. Par contre, pour les trouver, faut parfois aiguiser son regard: si là bas y’a un troupeau, c’est que le berger n’est pas loin, et son campement non plus.

Étrangement certains troupeaux sont fournis et paraissent pas mal nourris. C’est la période des naissances, ce qui représente des journées de travail de l’aube à la nuit tombée (on nous enfermera un soir dans la yourte, à l’abri du chien agressif, en attendant que le travail soit fini). Chevreaux et agneaux fraichement nés ont parfois le privilège d’y dormir. Mais faut surtout les faire retrouver les bons pis chaque soir et chaque matin. Un autre soir, une yourte d’apparence “isolée” nous sauve du vent trop froid… avant de se mettre à se remplir, à en craquer (on y a dormi à 14!!). Sans compter les moutons à dépecer.

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p1020586La méthode est simple: choisir le mouton le plus gras du lot, l’attraper, le mettre sur le dos. On lui ouvre proprement la peau du bidon (il semble ne rien sentir), on y enfile la main jusque dans son dos pour sectionner du doigt l’artère dorsale. Et tranquillement sans effusion de sang (hémorragie interne), le mouton s’en va, presque sans s’en rendre compte. Après on le transporte à l’intérieur. Pas besoin de planche à découper: tout se fait sur la peau elle-même, qu’on détache au poing, sans couteau. On hallucine de la propreté avec laquelle ils opèrent. On sort ensuite la poche à viscère, même pas perçée, confiée aux femmes qui en font direct le tri, le lavage, le remplissage des boyaux, la cuisson, et la dégustation. On a aussi eu le droit à un bout de foie cru, “à la Ghenggis”. Le sang est récupéré au bol dans la carcasse, puis tout est découpé et mit à sécher dans un coin de la yourte.

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Voilà: d’un bout à l’autre du pays, les Mongols ont ces même gestes du quotidien, et cette même façon de vivre. Y’à pas à dire: ce sont les Maîtres Éleveurs-Bouchers-Viandards du monde entier. Dans ces steppes et ces déserts, les animaux leur donnent la vie.

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Ecrit par Asso Kernunos in: Mongolie, Non classé, Trucs de saison | Mots-clefs :, , , , , ,
avr
29
2010
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Panne fatale

Pour pas y passer aussi vite que le vent, on pouvait bien compter sur nos vélos. Le journée est ponctuée de crevaisons et de demi-tours. Le dernier a pour cause le porte bagage d’Iléonord qui casse pour la 4 ou 5ème fois du voyage. Faut dire que ça secoue. Heureusement, les Mongols sont toujours de bonne volonté pour filer des coups de mains. La réparation se fait rapidement, avec en prime une invitation à rester pour la nuit. Tof décide d’assurer ses boulons. Sauf qu’à trop les resserrer, celui de l’axe arrière casse, avec un bout d’axe coincé à l’intérieur… LA pièce unique, celle qui porte les accroches de la remorque. Impossible d’en trouver une 2ème pareille. Bon, y’a plus qu’une solution à trouver.

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nos sauveurs

nos sauveurs

Un soudeur, avec si possible un poste à soudure (ou le contraire, mais faut la paire!) Après avoir vu tous les voisins défiler devant la pièce et notre problème, un premier soudeur tente le coup. Mais il n’avait pas de poste. Au gaz, dans sa piaule, avec des bouts de carton. Ça n’a pas marché. Le 2ème soudeur (avec poste) du village n’était pas là. On a finalement déniché notre homme, qui a dû ôter le bout d’axe du boulon, couper l’axe en 2 pour y souder le bout récupéré. Oufff! On se voyait vraiment pas prendre le train…

En attendant que ça se fasse, on fait connaissance. Comme le chômage et l’alcool semblent bien répandus (ici on picole la vodka à grands verres sans aucun esprit), on fait l’animation accessoire pour toute l’équipe.

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Ecrit par Asso Kernunos in: Mongolie, Velo | Mots-clefs :, , , ,
avr
29
2010
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Sur les pistes de Gobi

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"merde! c'est pas indiqué sur la carte!!"

On nous avait prédit de la neige…mais sur la piste ne survivent que des cailloux, parfois réduits à l’état de mini gravillons sableux. Le soleil chauffe comme pour un vrai printemps. Le vent clément fige encore nos chairs quand on s’arrête trop longtemps. On a fait 6km sur la route aux abords jonchés de plastiques avant d’êtres déviés sur la piste… enfin, sur LES pistes. C’est d’ailleurs ça le truc génial: on peut naviguer de bâbord à tribord ou même tracer un itinéraire encore jamais parcouru, et pédaler au gré des endroits pas trop ensablés. Grandeur Terrestre. Ça fait du bien de sentir sous ses pieds la terre libérée de sa couche de neige et de glace.

On nous prédit aussi toujours des étendues sans personne. Mais même en plein désert il y a toujours des gens. Jusqu’à Sainchand (220km après l’asphalte), la piste longe la voie ferrée sur laquelle s’égrènent les petites stations aux maisons toutes identiques, où nous trouvons de l’eau et parfois un squat pour la nuit. Les quelques mines de charbon font jaillir 2-3 villes. Quant aux rares touffes d’herbe, elles suffisent à nourrir de grands troupeaux.

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Gobi ensablé

Cela dit, même si la dimension que la piste donne à l’aventure est grandiose, faut y mettre un bon paquet d’énergie pour avancer. Hormis les crevaisons régulières à causes de micro-épines, le vent fait sa loi. D’un instant à l’autre c’est la tempête de sable, le cagnard qui cogne, le froid saisissant ou bien tout à la fois. Le temps d’une pause casse-croute un jour le vent se lève, très sérieusement. A l’Ouest l’horizon se brouille, devant la vue se rétrécie. On tombe à temps sur la station n°33, où on nous loge dans un des appartements vides. Le vieux d’à côté nous invite à cuisiner chez lui, et comme on sortait pas de viande de nos sacs plastiques, il nous apporte un bout de viande sèche. Le vieux l’effrite dans ma main. “Stop! Une cuillerée, ça suffit! Ghenggis emportait ça lors de ses conquêtes: ça se perd pas, c’est léger et ultra-nutritif”. Le lendemain le vent est tombé, mais a rendu la piste ondulée comme des tôles. Crevant. De quoi y perdre tous ses boulons. Mais à trop les resserrer, on risque presque pire… (cf la suite)

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Gobi ensablant

Ecrit par admin_kernunos in: Mongolie | Mots-clefs :, , ,
avr
01
2010
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Ulan-Baator, LA ville Mongole

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La "Notre-Dame" d'Oulan-baator, avec ses passants et ses pigeons bien nourris

La "Notre-Dame" d'Oulan-baator, avec ses passants et ses pigeons bien nourris

2 comme ça, en Mongolie, y’en a pas. Les Chinois diraient que ça ressemble plutôt à un petit village. Pour nous elle ressemble surtout à une illusion étrange. On se demande ce qu’elle fout là, dans ce décor que nous parcourons depuis 3 semaines, fait d’immensité libres, aérées, de montagnes enneigées, avec rien que le vent, le ciel, et temps en temps un camp de yourtes ou un petit village qui n’ose pas trop s’élever en hauteur par peur de s’envoler.

A Oulan-baator les bâtiments neufs et vitrés se mélangent à ceux de l’époque soviétique, à d’autres de style colonial, aux temples bouddhistes d’architecture “chinoise”, aux yourtes et aux cabanons de chantier. Des vieux portent sur leur dos des sacs de plastique ou de charbon énormes. Des minettes, des minots, des femmes actives seules au volant de leur 4×4, des micro-bus qui crient plus que jamais leur destination.  On aura jamais vu une capitale avec si peu de feux rouge. Niveau circulation, c’est le bordel total, et pour traverser les rues, faut vraiment croire en sa bonne étoile! La particularité de la ville reste tout de même ses 600 000 yourtes qui rendent l’air invivable pendant l’hiver. On nous a dit que certaines semaines de grand froid la fumée est telle qu’on n’y voit rien à 30 mètres. Chauffées au plastique ou au mauvais charbon, l’effet “yourte” à Oulan-baator est loin de signifier “nature”…

p1020472A Oulan-Baator, pour la première fois dans le voyage, on ressent clairement la proximité de la Chine, du Japon et de la Corée… bref, de ce monde d’extrême Orient dont nos roues se rapprochent. Faut dire aussi qu’à Oulan-baator, nous sommes logés chez Mr Kang et sa petite famille Coréenne.

Ecrit par Asso Kernunos in: Mongolie, Non classé | Mots-clefs :, ,
avr
01
2010
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Quitter un monde d’Humanité.

p1020315La neige vient de tomber. Dans notre bout de monde tellement ailleurs, on se demande si quelqu’un, qui plus est en voiture, peut vraiment y parvenir pour nous emmener vers un monde un peu plus “moderne” qu’on a déjà oublié.

Comme Chimbator et Bulganchideg, les 2 jeunes petits-enfants, on appartient déjà à cet ailleurs protégé… Libres de la course effrénée du progrès moderne… Libres de marcher à un rythme qu’aucune horloge ne dicte, ni aucun planning ou agenda décalé. Hors du souci de l’argent. Rien qu’avec les lois de la Nature, et des valeurs à suivre qui font de nous des êtres Humains.

img_3432La voiture est arrivée. C’est Jimmi qui la conduit. Un gars plein d’enthousiasme. On a embarqué les 2 mômes attristés, on les a propulsé vers une réalité (l’école, l’internat, le village), qu’ils aimeraient effacer. Ils ne voulaient pas quitter leur famille, leur troupeau, leur belle vie de liberté.

Jimmi traduit nos au-revoir à notre famille d’accueil. Leurs visages sont plein de sourire et d’affection. On semble les avoir marqué. Ils nous invitent à revenir. Nous avons partagé, sans paroles, leurs valeurs d’Humanité: entraide, écoute, bonnes volontés, simplicité, etc… pour cela nous sommes devenu des frères, des frères Humains. C’est aujourd’hui, en quelques minutes, qu’on prend conscience des liens tissés, en silence. Après qu’on ai embarqué, la grand-mère a lancé au ciel le lait blanc (et donc sacré) de la bonne fortune…

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Jimmi nous parle de sa terre, de sa famille: “Il y a 10 ans, quand le 1er touriste est arrivé, personne ne parlait anglais, tout le monde était berger-pêcheur-éleveur, et personne ne parlait anglais. On a d’abord prit pour un espion Etazunien! Le 1er à parler anglais dans la région a été mon frère. Depuis tout le monde envoyait les étranger chez nous.

les voisins au grand sourire (toujours), avec les moutons

les voisins au grand sourire (toujours), avec les moutons

Renards en attente d'être tannés.

Renards en attente d'être tannés.

Mon père est mort il y a 1 an. Il nous a enseigné ce qu’est l’Humanité, et pourquoi les Hommes ont un coeur. il nous a donné les valeurs qui font de nous des êtres Humains. Aujourd’hui dans les villes il n’y a plus de vrais Humains. Il faut aller dans les campagnes pour les trouver. Ici on connait la réelle liberté: ici on peut encore vivre sans argent. Pour ça il faut  connaitre son monde, la nature d’ici, et vivre selon ses lois. Mon père connaissait parfaitement sa Terre. Il la respectait. Il était un vrai bon chasseur, géologue de surcroit. Il nous a raconté toutes les légendes qu’il connaissait, celles de chaque montagne, chaque ruisseau, chaque plante ou animal. Maintenant on peut à notre tour les raconter aux touristes intéressés. Tu sais, mon père, je l’aime. Il me manque, tu comprends….”

Liberté, Humanité, ces 2 mots riment, ne vont pas l’un sans l’autre. A chacun, après, de définir les valeurs que ces 2 mots comprennent…

sur la piste du retour

sur la piste du retour

Ecrit par Asso Kernunos in: Mongolie | Mots-clefs :, , , , ,

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