juil
07
2011
0

Bella-Coola me retient encore…

C’est à croire que les circonstances imprévues me retiennent plus que de raison dans la vallée. D’abord une histoire de carte bancaire, remise lors de mon retour en France et qui ne marche pas, il faut en attendre une autre. Comme par hasard, la poste canadienne se met alors en grève pour plusieurs jours! il faut attendre…

Steven Hodgson, est Ranger pour le BC Park, il m’invite pour une virée de plusieurs jours en vedette, une scientifique chargée de l’étude des plantes invasives côtières doit nous accompagner. Une chance pour moi et pour le reportage que je fais sur la “raincoast forest!”Seulement… le départ est reporté, les moteurs ont des problèmes. Il faut attendre…

C’est que j’aimerai partir!, mais je voudrai quand même participer à cette expédition. Je prends donc mon mal en patience, et je profite d’une dernière ballade en montagne de deux jours avec les “woofers”: John, Corisa, Briana, Josh et les deux chiens, Wolof et Ella.

dernière rando

dernière rando

Une dernière fois je profite de ce lieu magnifique qui m’inspire tellement. La grimpette est dure, le chemin nous emmène dans les hauteurs, où la neige ne disparaît pas. ici à 1400m d’altitude, j’assiste avec enchantement à mon troisième printemps (en France- dans la vallée- en montagne).

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Malheureusement, la piste disparait sous la neige et les signaux de balisage n’ont pas encore été refait. nous montons alors le bivouac sur une petite plate forme, en contrebas de la limite enneigé, qui nous permet d’admirer un spectacle de toute beauté.

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lorsque les montagnes s'endorment...

lorsque les montagnes s'endorment...

Cette dernière randonnée me fera bien du mal aux jambes, peut habituées à porter un sac a dos (avec de la bouffe pour les humains et les chiens!!). Pendant les deux jours qui suivent elles resteront douloureuses. vraiment, la marche à pied n’a rien à voir avec le fait de pédaler, je trouve ça moins dure.

Faute de pouvoir partir plusieurs jours autour des îles et des sites protégés, Steven me propose alors de partir avec son équipe vers un secteur en voie de protection sur le Dean Chanel, qui est à environ deux heures de bateau rapide. pas le temps de voire grands chose pendant le trajet, la pluie ne cesse pas de tomber et avec la vitesse de l’embarcation, difficile de sortir le nez de la capuche. Nous arrivons cependant à destination, s’offrant même le luxe une nouvelle fois de plonger dans une source d’eau chaude!!! “difficile métier que vous faites là!” leurs dis-je. Steven m’avouera que la sortit était pour moi et que du coup, tout le monde en profite!

En ballade avec les Rangers du BC Parc

En ballade avec les Rangers du BC Parc

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C’est étonnant que tout se passe au dernier moment! la carte bancaire arrive l’avant veille du départ et l’interview de Steven  la veille! comme quoi tout arrive.

img_07661Dernier petit réglage chez Rick, dans son atelier je bichonne “Takayan”. J’essaie de m’alléger au maximum et essaie une nouvelle configuration pour le vélo. Comme pour le voyage en Bosnie, j’opte pour les sacoches avant. La remorque restera dans la vallée et servira à Corine pour livrer en vélo les paniers garnis de légumes commander par les clients. Ainsi une partie de moi va rester ici.

“Plus léger”, je peux reprendre la route, direction le sud!… et 6200km environ avant de rejoindre la prochaine étape du voyage au Mexique. Je prends le Ferry qui mettra deux jours pour rallier Port Hardy sur Vancouver Island. Après ce sera la traversée des USA pour un mois. Le temps est encore frais dans la vallée, il pleut depuis plusieurs jours, ça me fait quelque chose de reprendre réellement la route. J’espère pouvoir revoir un jour ceux qui m’ont aider dans cette vallée. Je sais que je reverrai Irène au Guatemala en Octobre ( elle est volontaire dans un hôpital locale), et j’espère un jour revoir Corine et Dave qui m’ont si chaleureusement aidé. Je les remercie du fond du cœur en espérant avoir put moi aussi les aider en retour.

Prêt pour la deuxième partie

Prêt pour la deuxième partie

Ecrit par Asso Kernunos in: Canada, Non classé, bella coola |
juin
15
2011
0

Walker Island, bis

Me revoilà de retour à walker island, où tout à commencer pour moi, en septembre; Le lieu veut dire l’île du marcheur, ou comme je l’interprète: l’île du cheminant. Pour moi, encore tout un symbole. Les premiers temps, je m’installe dans la petite cabane, puis rapidement remonte ma tente. Je n’y ai pas dormis depuis  le temps de l’inondation, et c’est comme un déclic, je reprends mes réflexes de voyage, et commence par un  feu de camp.

home sweet home

home sweet home

la "Palatka" remontée

la "Palatka" remontée

Et puis, à Walker Island, il y a aussi les cochons de Dave. Ils sont là non seulement pour nettoyer, mais aussi pour être plus à l’aise pour faire naître la vie. Un matin, en allant voir si tout allait bien, ma joie fut immense, non seulement la première coche avait mise bât, mais la deuxième, devant mes yeux donnait naissance à sa progéniture! La troisième, quand à elle, allait et venait de l’une à l’autre en flairant et poussant des petits cris interrogateurs. A son tour elle allait avoir des porcelets dans quelques jours.

Mais qu'est ce donc?

Mais qu'est ce donc?

merci maman!

merci maman!

Avant de repartir pour la longue étape suivante, il me faut… Attendre. Une carte bancaire défaillante, m’oblige à rester plus longtemps en pays Canadien. en attendant la nouvelle carte, je décide d’apprendre quelque chose d’utile. Comme dans l’Altaï pendant l’hiver 2009/2010, où j’apprenais à tanner et coudre des peaux de chèvres, en voyant Dave se servir de sa forge, il me vient une idée. Pourquoi pas ici connaître quelques rudiments de la forge, du marteau et de l’enclume. Je demande alors à Dave de m’aider dans la réalisation d’un outil indispensable au voyageur campeur: un couteau. intéressé, il m’enseignera tant bien que mal (je ne maitrise pas encore bien la langue pour comprendre les termes techniques), comment chauffer le métal, le battre et faire en sorte que la lame soit assez dure pour trancher et le dessus souple pour encaisser les chocs. Après deux tentatives, nous réussiront à partir d’un doigt de râteau andaineur à chevaux d’en faire un petit couteau, nouveau compagnon de route et à la fois souvenir de Bella-Coola.

de la force du feu nait un outil

de la force du feu nait un outil

opération délicate...

opération délicate...

un résultat concluant...

un résultat concluant...

Ecrit par Asso Kernunos in: Non classé |
juin
14
2011
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Bella-Coola Côté mer

Une des choses qui me tenait à cœur, c’était de sous-titrer en Anglais le dernier film réaliser sur la Taïga Russe et la Primorié. Je voulais le projeter ici dans la vallée, et, pendant le voyage vers les USA, l’offrir au personnes de rencontre. Aussi, lorsque je fut à Trémargat, je put m’atteler à cette tâche grâce à l’aide de John Booth, qui dans un Anglais parfait me traduisit le film. Organisé par une petite association locale de la vallée, la soirée de projection et d’échange, attira une vingtaine de personnes. Une fois de plus, cependant, je racontais l’histoire de mon expérience parmi les forces de la nature et ma rencontre avec la mère Grizzly.

Comme en remerciement, Bill m’invite sur son voilier, pour me faire découvrir côté mer, les richesses de ce pays. Comme son bateau est assez spacieux, toute l’équipe se met en “day off”, et partons tous pour une petite ballade dans ce fjord majestueux.

sur le petit port de pêche, préparation au départ en mer

sur le petit port de pêche, préparation au départ en mer

Lorsque tout est prêt et chargé dans le voilier, nous quittons le port, tranquillement au moteur. Il fait un temps ensoleillé et le peu de vent soufflant en légère brise, nous empêche de sortir les voiles. Dans cet univers de fjords, entourés de hautes montagnes encore enneigées pour la plupart, on s’aperçoit du caractère unique qu’est la vallée de Bella-Coola. Sur des centaines de kilomètres, du nord au sud, s’étendent vallées et montagnes, rivières et forêts. Plus d’une vie serait nécessaire pour explorer cette région si sauvage.

A travers le fjord  "Bentinck Arm"

A travers le fjord "Bentinck Arm"

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Il faut trois heures environ, à petite vitesse, pour atteindre un lieu hautement symbolique à mes yeux: Le dernier grand cèdre rouge. Un point sur la carte comme attraction touristique et musée à la fois. Tellement gigantesque, déjà à l’époque de l’exploitation qui eut lieu un peu partout, que les bûcherons, ont préféré s’attaquer aux “plus petits”. A le voir ainsi, dernier représentant de ses pères, je ne peux m’empêcher de penser comment devait être la vallée, avant, il y a longtemps. On ne voyait certainement pas les montagnes, la forêt dominait alors par son imposante et massive couverture végétale. Après la visite, nous reprenons le bateau pour un autre site, sacré chez les Nuxalk: Une source d’eau chaude! en avant pour un bain chaud, prélude à la prochaine hutte de sudation qui va se dérouler à walker island.

the big tree

the big tree

hot spring

hot spring

Après avoir passé quelques heures à se relaxer, il faut penser à repartir, afin d’arriver avant la nuit au port. Bill nous attends tranquillement à quelques encablures du rivage. Un coup de pneumatique et nous revoilà à bord. Le chemin du retour est somptueux par la beauté du ciel et de la mer. Les habitants du monde sous marins, tels des enfants curieux viennent nous observer et jouer avec le bateau en se mettant devant la proue. En s’inclinant, ils nous observent avec intérêt, on pourrait  presque les toucher.

Après nous avoir suivit un bon moment, dsc_0180les dauphins repartent à leur activité quotidienne: la pêche.

contact entre le monde animal et celui de l'homme

contact entre le monde animal et celui de l'homme

Merci à Bill pour sa gentillesse, de m’avoir emmené ainsi que toute l’équipe pour cette journée magnifique, pleine de surprises et d’enchantement.

Ecrit par Asso Kernunos in: Canada, bella coola |
mai
21
2011
0

Bella-Coola le retour!

De nouveau, je traverse la moitié de la planète en sens inverse. Je retourne sur le Canada, une petite pointe au cœur, après tant d’émotions fortes reçus. Mis à part un contretemps à l’aéroport de Paris, qui me fera prendre l’avion que le lendemain, ce fut trois jours de voyage éclair. Je finis mon voyage dans un bimoteur, survolant cette impressionnante chaine de montagnes s’étendant à perte de vue et qui confère à la vallée de Bella-Coola un caractère unique.

Je pensais, en arrivant, voir le printemps aussi avancé qu’en Bretagne, mais je me trompais. Ici, il a un mois de retard au moins, les nuits sont encore fraîches et les plantes commencent à peine à sortir. Chez Irène, dans le mobile-home que j’occupais durant l’hiver, il n’y a plus de place. La personne qui rénove la maison, y loge. Heureusement, il y a une chambre de libre chez Dave à Hagensborg, à quelques kilomètres de là. Comme le travail ne manque pas, je suis le bienvenue pour donner des coups de mains, en particulier si je sais manier une tronçonneuse…

img_0257Dave est un jeune fermier nouvellement installé dans la vallée, il vient du nord du Canada et cherchait des terres pour y démarrer une ferme. Il a l’intention d’élever des cochons plein air, avoir une basse-cour, des vaches peut être. Dans sa ferme, il a une maison à louer et s’associe tout naturellement à Corine, l’amie québécoise rencontré durant l’hiver.img_07392 Corine loue la maison pour son staff de woofers (personnes qui en échange du gite et du couvert, travaillent sur la ferme sans rémunérations, suivant un temps définit. Cette méthode est très souvent utilisé par les voyageurs, afin de rester quelques temps dans une région).

Andrew et Corisa sont Canadien et travaillent avec Corine depuis un mois maintenant, mais ils ont pour projet de s’installer dans la vallée et de participer au projet.

Pierre, est un jeune Français, Sur la route depuis trois ans, il travail de droite à gauche pour se payer le voyage. Après plus d’un an passé au canada, il songe à rentrer. D’autres personnes viendront par la suite compléter le groupe.

La petite équipe travail d’arrache pieds pour mettre en place les semis dans la serre, installer l’hydroponie, l’arrosage. Corine à dégoté plusieurs anciens petits jardins, qui lui permettent de semer, repiquer, tout un panel de légumes qui seront vendues aux particuliers, sous forme de paniers garnis. mais le plus gros travail reste sur son propre terrain à walker-island, où tout est à faire. Il faut défricher, retravailler la terre, et lorsque le tracteur de Rick vient retourner la terre et passer par la suite le rota pour préparer les planches c’est l’euphorie!

La terre bientôt prête à walker-island.Avec Corisa, Corine et Pierre

La terre bientôt prête à walker-island.Avec Corisa, Corine et Pierre

Andrew étale de la chaux

Andrew étale de la chaux

Dans la serre fraîchement installée, il y a tout à faire aussi, et les journées sont bien chargé. Corine,  quand à elle,comme ses abeilles dont elles recueille un miel excellent virevolte entre les champs, le téléphone et les réunions en vrai femme d’affaire. l’enjeu est de taille, puisqu’il faut fournir assez de légumes pour gagner sa vie.

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Pierre installe l'hydroponie

Pierre installe l'hydroponie

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utilisation de vieux miel pour nourrir les abeilles, en manque de fleurs

utilisation de vieux miel pour nourrir les abeilles, en manque de fleurs

Pour les abeilles, le retard du printemps peut être catastrophique. Manquant de fleurs et de pollen pour nourrir leurs larves, elles ne survivraient pas. Il faut donc utiliser le miel d’anciennes ruches, filtrer les impuretés et y ajouter un médicament pour combattre certaines maladies.

Dave, quand à lui gère ses cochons. Un jour il en reçoit de nouveaux, en attendant que ses premières truies mettent bas. Le lendemain, il faut en tuer un, pour se nourrir d’abord, puis par la suite il espère en faire un petit commerce; et ma fois, il sont tellement bon ces cochons, il font le bonheur de tous… Manque juste un peu de sel pour le lard, mais un breton a toujours un gout particulier pour cette pièce de viande, conservé chez nous dans un saloir.

petit porcelet deviendra grand....

petit porcelet deviendra grand....

...pour finir dans nos assiettes...

...pour finir dans nos assiettes...

Autre petit bienfait: La bière, ici on en fait par litre, dans sa cuisine, elle s’achète sous forme de kit.Du coup elle est aussi bonne et reviens bien moins cher que celle du commerce!

Une bonbonne, bien sympa.

Une bonbonne, bien sympa.

Le plus dure dans l’histoire, c’est d’attendre deux ou trois semaines avant qu’elle ne se bonifie…

Ecrit par Asso Kernunos in: Canada | Mots-clefs :
mai
07
2011
1

Retour éclair sur la terre de mes pères

Le destin est parfois surprenant, à tel point qu’il me projette là où je m’y attendais le moins!

A cause, ou grâce à un document administratif important à signer, je me vois dans l’obligation de faire un aller-retour en Bretagne. Une chose impensable il y a quelques mois dans mon esprit, tant je m’était fait à l’idée de ne pas revoir ma terre  natale d’ici encore un bout de temps.

La valse des aéroports reprend de plus belle à mon grand désarroi, pour atterrir un peu ébahit sur ma terre ancestrale. Le plus étonnant dans tout ça, c’est que je  rejoins les traces de Marilia, revenue elle aussi pour un aller-retour rapide.  Une étrange sensation  m’envahit en parcourant les chemins sinueux et bocagers qui me conduisent à mon village. « Douceur et quiétude »,tels sont les mots qui me viennent à l’esprit. Un environnement sculpté depuis des siècles par les mains des paysans, cherchant à optimiser la moindre parcelle de terre.p1000555

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Contraste saisissant avec tous ces pays traversés où l’impression d’une nature forte et sauvage est omniprésente. Des grandes forêts de Taïga Russe où Canadienne, en passant par les steppes Kazakh, les montagnes arides Kirghize où le désert de Gobi en Mongolie, la même impression demeure :La nature sauvage domine, vous pénètre, elle est partout tout atour de vous et ce, malgré son exploitation intense.

Je redécouvre presque avec émerveillement ces lieux où j’ai passé quinze années de ma vie, comme si avec le recul, j’y venais pour la première fois, avec des yeux neufs ; Et puis mon esprit à du mal à l’admettre : Je suis de retour à Trémargat.

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« Revenue, mais pas rentrer », c’est ce qu’il me plait à dire aux amis qui me retrouvent, tout surpris de me voir là, parmi eux. De longues retrouvailles chargés d ’émotions ponctuent ces quelques semaines de break. Je raconte mon voyage et m’informe de ce qu’il s’est passé au village pendant mon absence. L’émotion et la joie grandissent encore lorsque, sous la hutte, lors de l’équinoxe de printemps, je me retrouve à suer, entouré d’amis chers, pour apprécier cette « médecine de la terre » qui fait tant de bien au corps et à l’esprit.

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Dans ma tête, tout se brouille. Recevoir tant d’amour me fait vaciller. Je me trouve entre deux mondes : L’un est mon village, avec cette incroyable envie d’y vivre maintenant et de partager cette vie avec ces hommes qui y habitent. Les rêves et les projets future s’entremêlent et me font comprendre une fois pour toute où je désire passer le reste de mon existence, comme une évidence.

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L’autre, est ce voyage entreprit depuis deux ans et encore inachevé : Un chemin sous le signe de la terre, avec cette envie d’apporter ma pierre à l’édifice pour la compréhension d’une planète bien vivante mais fragile. D’aider à la protection img_0055de ces milieux si exceptionnelles et vitaux que sont les anciennes forêts.

Il me faut donc reprendre ce chemin entamé et faire mon possible pour transmettre le message.

Ce second départ est plus difficile que le premier, mais tel une batterie que l’on recharge, ce séjour éclair m’a permis de me revitaliser, d’affirmer mes choix.

Grâce à l’encouragement des amis et l’amour d’une femme, je me sent prêt pour cette nouvelle étape du voyage, et, reprenant une nouvelle fois un vol retour, je rejoins la vallée qui m’a accueillit durant l’hiver.

Le voyage peut reprendre

Ecrit par Asso Kernunos in: Canada |
fév
25
2011
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contes et rencontre

il a fallut un retard sur le ferry qui devait me ramener à Bella-Coola, pour faire une rencontre furtive mais forte, celle d’un conteur.

Depuis sa plus petite enfance, Gene Tagaban, voulait devenir un “Raven-dancer”, un conteur qui lors d’une cérémonie, endosse la tenue des esprits corbeaux, conte et chante les histoires des anciens, pour qu’on ne les oublies pas. Dans la petite salle communautaire, Gene, raconte, fait participer les enfants, chante avec eux, leurs fait jouer de la musique dans un esprit joyeux et malicieux.

Gene Tagaban, "crazyraven"

Gene Tagaban, "crazyraven"

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Le message qu’il essaie de faire passer: “Croire en ses rêves!, les vivres, en respectant la terre et ses habitants, qu’ils soient arbres, animaux, vent ou pierre”. Après la soirée, je vais le remercier de sa prestation, lui parle de mon chemin, de ma démarche pour éveiller les consciences à la beauté du monde sauvage qui nous entoure. Je lui parle de la Bretagne et des traditions des veillées que nous avions et que nous essayons de faire perdurer.

Le lendemain, il m’enverra un mail avec ce conte dédié à la forêt. j’en suis très émut de recevoir un si beau cadeau, je vous le transmet, pour qu’il continue a vivre de ce côté çi du continent, portez le racontez cette histoire pour que nous nous souvenions qu’avant il y avait “As-Xaani” le peuple des arbres

PRIERE POUR LA TERRE

de Gene Tagaban conteur TLINGIT

Corbeau volait le long de la plage.

Il revenait d’un long voyage.

Voilà très longtemps qu’il était parti.

Il revenait enfin sur les terres de ses Pères,

Sur les terres des Anciens.

Les choses avaient bien changé.

Corbeau marcha dans la forêt :

Là où, avant, il y avait beaucoup d’arbres,

Il y avait maintenant beaucoup de gens.

Mais Corbeau ne les reconnut pas.

Ils étaient étrangers à ses yeux.

Il s’enfonça dans la forêt, allant toujours plus loin,

Toujours plus profondément, à la rencontre des arbres :

As Xaani”.

Ainsi appelons–nous le peuple des arbres,

Car ils sont vivants comme nous.

Et Corbeau vit un très vieil épicéa :

C’était un très grand et très vieil arbre,

De la sève coulait le long de son écorce, et tombait sur le sol.

Et pour Corbeau, c’était comme des larmes.

Alors Corbeau s’adressa au vieil arbre,

Trouvant en son cœur les mots qui emportent la tristesse:

« Mon frère, je sens ta tristesse,

Elle est comme un grand poids sur toi,

Cette peine en souvenir de tous ceux de ta famille qui sont partis pour toujours.

Cette peine, c’est comme un arbre déraciné, arraché,

Abattu sur le sol et jeté dans la rivière,

Et charrié vers la mer.

C’est comme un tronc nu, balloté par les flots marins

Pendant des jours et des jours.

Le sel de l’océan le pénètre et il devient lourd, de plus en plus lourd,

Et il commence à s’enfoncer et à couler, de plus en plus profondément,

Jusqu’à devenir presque invisible dans les profondeurs des flots.

Ainsi l’eau de mer est-elle, comme ce chagrin

Qui pèse sur ton cœur. »

Ainsi parlait Corbeau, s’adressant à ce vieil arbre dans la forêt.

« Mais je suis là, mon frère,

Pour t’offrir mon amour et mon aide.

Laisse-moi partager le fardeau de ta peine.

Laisse-moi être comme le soleil.

Vois, ce tronc dans la mer

Est finalement rejeté sur la plage ;

Et le ressac des vagues l’entraîne, et le porte sur la terre ferme.

Et voici que les rayons du soleil viennent se poser sur lui,

Et le réchauffent, et toute l’eau de mer,

Tout ce poids dans son cœur de bois

Commence à sécher et à s’évaporer.

Le soleil réchauffe tout, le soleil sèche tout.

Laisse-moi être comme le soleil.

Laisse-moi assécher ta tristesse. »

Et Corbeau pleura avec le vieil arbre.

Il pleura pour « As Xaani », le Peuple des Arbres,

Arraché à la forêt.

Alors arriva Aigle, frère de Corbeau.

Voici longtemps, ils riaient ensemble,

Et parfois même ils se querellaient.

Maintenant, était venu pour eux le moment de voler

Au-delà des terres de leurs Pères,

Au-delà des terres des Anciens.

Comme les mots de cette chanson :

« Ainsi, la terre de nos Anciens ne sera pas oubliée;

Laissez nos voix se faire entendre,

Ayez confiance en vos instincts, en votre cœur

Entendez nos complaintes,

Priez comme Corbeau. »

Nous sommes du peuple du Corbeau.

Nous sommes du peuple de l’Aigle.

Nous entendons les voix de nos Ancêtres,

Nos Pères, et ils nous disent:

« Eclairez l’esprit des enfants,

Et racontez, encore et encore, les vieilles histoires.

Nous nous les raconterons les uns aux autres.

Nous les raconterons aussi aux étrangers,

Et peut-être comprendront-ils. »

les enfants: futur de l'humanité. Que leurs laissons nous?

les enfants: futur de l'humanité. Que leurs laissons nous?

Merci à Aliceu, conteuse bien connue chez nous qui a permis une traduction plus juste et plus fidèle a l’esprit du conteur.

Ce conte m’a inspiré une autre petite histoire, elle aussi arrangé par Aliceu.

L’Eau et le Feu

On dit que le Feu et l’Eau ne font pas bon ménage,

mais un jour, ils s’allièrent pour le plus beau des voyages.

Il y a très longtemps, au temps où les montagnes bretonnes étaient jeunes, très jeunes,

il y avait un petit ruisseau, à peine un murmure, mince comme un filet d’eau, et qui rêvait de parcourir le monde.

Mais il était si petit qu’il n’osait pas entreprendre un tel voyage.

Il se lamentait et pleurait d’être si petit; et sa peine fut entendue par la montagne.

Elle lui dit:

“Que se passe-t-il, Petit Ruisseau ? Pourquoi ces larmes, pourquoi ces plaintes, pourquoi cette peine ?”

Petit Ruisseau dit à la montagne:

“Je pleure, parce que je suis tout petit, et jamais, jamais je ne pourrais visiter le vaste monde, sillonner les forêts et grandir !… Jamais je ne pourrais entreprendre seul un tel voyage !…”

Et il soupira tristement.

La montagne fut émue par le Petit Ruisseau, et elle décida de l’aider.

Alors, dans un grondement énorme, elle tourna sa bouche vers le ciel. Et le Feu jaillit de la montagne, brûlant, fort et fier, indomptable, et si brillant de couleurs que le ciel se colora à son image.

Et le Petit Ruisseau sentit son cœur faire un bond en avant.

Le Feu de la Montagne dévala la pente abrupte jusqu’au ruisseau. Petit Ruisseau était très content d’avoir un tel compagnon, un allié de poids.

Alors, il prit courage, et ensemble, ils entreprirent le voyage.

Et le voyage les emmena loin, très loin, part delà les collines et les montagnes, franchissant des déserts arides, des plaines immenses, et de vastes et très vieilles forêts, où personne n’était encore jamais allé.

Et plus le temps passait, plus le chemin était long derrière eux, plus Petit Ruisseau grandissait, s’affermissait, devenant de plus en plus fort, de plus en plus grand, pour se muer en rivière.

Lorsqu’ils furent arrivés à l’extrémité de la terre, devant l’océan, le Feu de la Montagne s’adressa à Petit Ruisseau devenu Rivière.

” Je ne peux aller plus loin, Petit Ruisseau ; à parcourir ainsi la terre, je suis fatigué… Ici, dans cette grande forêt, j’ai envie de me reposer; il y a des montagnes où je pourrai me ressourcer : Je veux m’arrêter là. Mais toi, va, continue seul ta route. Tu es assez fort maintenant.”

Et le Feu de la Montagne sourit avec amitié à Petit Ruisseau.

Petit Ruisseau devenu Rivière fut très triste de perdre ainsi son ami, le

Feu de la Montagne, et il pleura, pleura tellement qu’il grossit encore et encore,

Devenant fleuve, puis torrent bouillonnant.

Et lorsqu’il fut Torrent, il se jeta dans la mer, et se mélangeant à ses flots, il devint Océan.

C’est ainsi qu’il put atteindre un autre pays, une autre terre, loin, très loin de la première.

Pénétrant dans un étroit chenal, il se fit mince et léger, et, redevenu rivière, il put s’avancer dans le pays, visitant ces terres nouvelles, continuant son chemin, continuant son voyage.

Le cœur léger et plein de feu.

Ainsi est l’histoire de l’alliance entre le Feu et l’Eau.

Ecrit par admin_kernunos in: Alaska |
fév
06
2011
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quand la beauté rime avec pureté: Sitka

Alaska, la forêt des Tongass

Pour des questions de visas (et oui toujours le problème des voyageurs), je quitte le Canada pour quelques jours et me dirige vers l’Alaska en ferry.Tout en longeant la côte ouest, je découvre un univers unique fait de plusieurs centaines d’îles où règnent les baleines, les phoques et les épaulards, le voyage prends une tournure de croisière.

img_0244 Je fait le choix de m’arrêter sur l’île de Baranof et la petite ville de Sitka, située dans le parc national des Tongass. Cette région fait aussi partie de la dernière forêt tempérée côtière au monde et est située au nord de la Colombie Britannique.img_0269

C’est le plus grand parc national des États Unis d’Amérique et couvre une superficie de 7 millions d’ha.

Je me suit arrêtés là, car pour moi Sitka est tout un symbole. En tant que ancien entrepreneur forestier, j’ai planté en Bretagne des milliers d’arbres de cette variété appelée Epicéa de Sitka, et me retrouver dans leurs berceau devenait comme une évidence.

la petite ville de Sitka,en arrière plan le volcan  Edgecumbe en sommeil

la petite ville de Sitka, en arrière plan le volcan Edgecumbe en sommeil

Je me pose donc pendant une semaine et demi dans cet univers où les plus gros prédateurs sont… les orques ou épaulards, ici appelés « les tueurs de baleines »et la mer fait partie intégrante de ce lieu. Ici, il n’y a pas de loups et seuls les ours bruns règnent en maître sur la terre ferme.img_0305

On y trouve cependant des cerfs, chassés pour leur viande, et la loutre de mer très appréciés à une époque pour sa fourrure. C’est d’ailleurs pour cette raison que les Russes au 18ème siècles ont colonisés cette partie du continent, et la petite ville appelée à l’époque New Archangel était la capitale de la Russie d’Amérique (que l’on appelle maintenant Alaska), avant qu’ils ne la vendent aux USA, au 19ème siècle .

église orthodoxe de Sitka

église orthodoxe de Sitka

La trace de leur passage est encore très présente, et outre les boutiques de souvenirs, une église orthodoxe trône au milieu de la ville.

Très vite, le commerce du bois a fait la place à celui des fourrures, et sans l’intervention d’organismes écologique, rien de cette magnifique forêt n’aurait subsisté..

A l'époque des géants,notre bibliothèque vivante

A l'époque des géants,notre bibliothèque vivante

Aujourd’hui Parc national, 30% du territoire est vraiment protégé, le reste est soumis à des règles pour l’exploitation, mais difficile d’accès et donc très couteux pour les entreprises.

déjà à l'époque,rien ne pouvait leur résister

déjà à l'époque,rien ne pouvait leur résister

Dans cet univers, vivent depuis toujours les « TLINGIT » (prononcer Klingit) qui veut dire littéralement « les humains »et arrivés du continent par les rivières avant la fin de la dernière glaciation.

Découvrant ce lieu d’une abondante ressource, ils s’y sont installés et ont sut tirer partie de l’incroyable diversité de la flore et de la faune. Avec le « yellow cedar » (cyprès), ils faisaient des grands canoes pouvant contenir plus de quarante rameurs, et ainsi naviguer sur toutes les côtes, mais aussi des maisons. L’épicéa quant à lui avait diverse utilisation, en allant des paniers, vêtements, ustensiles de cuisine et cordage.

près du musé, un des nombreux totems

près du musé, un des nombreux totems

Du « red cedar » (thuya), des totems invoquant des histoires, mais aussi placés devant les maisons, indiquaient l’appartenance à un clan, soit celui du corbeau soit celui de l’aigle.

chaque totem avait sa propre signification

chaque totem a sa propre signification

A notre époque, la culture Tlingit reviens peu à peu. Des sculpteurs retrouvent le savoir faire des totems, et l’on réapprend aux enfants à parler la langue des anciens. Des « Potlach » (grandes cérémonies où l’on offre des présents à l’occasion d’une commémoration) sont organisés et permettent de souder les liens sociaux.

habits de cérémonies, les chapeaux sont fait en écorce de cèdre

habits de cérémonies, les chapeaux sont fait en écorce de cèdre

Mais surtout c’est cette inter-alliance avec la vie de la nature qui perdure. La pêche en mer ou en rivières et la chasse pour la subsistance familiale reste intacte. Peu de gens achètent du bœuf au supermarché et bon nombre de Tinglit assurent leur subsistance grâce à la viande de saumon ou de cerf, et la cueillette des baies forestière ou de plantes dans ce monde si riche est une activité encore très fréquente.

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A l’heure de la mondialisation et de l’uniformité, beaucoup de peuples cherchent à retrouver une identité, une appartenance à un groupe, même s’il fait partit des âges anciens. Je crois que d’abord nous faisons partie de la terre, nous sommes avant tous ses enfants, et nous devons la respecter et l’honorer, à l’image de ces peuples qui malgré un asservissement ont sut retrouver cette connexion.

les hautes montagnes dominent la petite ville

les hautes montagnes dominent la petite ville

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Que nous reste t-il chez nous de notre monde « sauvage », qu’avons nous fait de cette richesse? Qu’ est il arrivé pour que nous ayons eu si peur des ours,des loups et de toute cette vie qui faisait partit intégrante de notre environnement d’avant et qui était nécessaire à notre équilibre. Sommes nous devenue à ce point des humains déconnectés de l’essentiel: La vie sous toutes ces formes. Il n’y a qu’une réponse: business, profit à outrance, pour une minorité et asservissement de l’homme.

Pour moi, il est temps à présent de repartir, retourner vers Bella-Coola au Canada où je vais préparer la suite du voyage vers le sud, vers d’autres forêts toutes aussi exceptionnelles et continuer à rencontrer les peuples qui sont encore en lien avec elle.

La quête continue.

Ecrit par Asso Kernunos in: Non classé |
jan
16
2011
1

Voyage dans les (e)toiles

Avant de commencer un deuxième montage vidéo, relatant notre fin de voyage Russe sur la Primorié (far-est), je continue à peindre. La nature et plus particulièrement la forêt m’inspire. En photos, en vidéos et maintenant en peinture. l’hiver et cette pause, permet d’explorer son côté créatif. Et comme je ne pourrais bien évidemment pas les trimbaler avec moi, elles seront offertes, aux amis de Bretagne, mais aussi ici, à Bella-Coola.

En voici quelques unes

la chambre se transforme en atelier de peinture

la chambre se transforme en atelier de peinture

A partir de photos, j’essai de les reproduire, mais bonjour l’odeur!!!!

la même montagne qui domine la vallée

la même montagne qui domine la vallée

forêt de "Red-Cedar" walker-Island

forêt de "Red-Cedar" walker-Island

une des premières forêt visité: La taïga Russe de la Petchora

une des premières forêt visité: La taïga Russe de la Petchora

Un des nombreux chemins qui parcours la vallée, Ape-lake

Un des nombreux chemins qui parcours la vallée, Ape-lake

sur les hauteurs, la rivière de Bella-Coola, rejoint la mer dans un fjord

sur les hauteurs, la rivière de Bella-Coola, rejoint la mer dans un fjord

une des nombreuses cascade qui alimente la rivière près de chez mon "Pappy-cougar"

une des nombreuses cascade qui alimente la rivière près de chez mon "Pappy-cougar"

une aquarelle, purement inventé ce coup ci

une aquarelle, purement inventé ce coup ci

Autre aquarelle:"Turner Lake" dans le Tweedsmuir parc, où j'ai fait mon jeûne en septembre

Autre aquarelle:"Turner Lake" dans le Tweedsmuir parc, où j'ai fait mon jeûne en septembre

Il y en aura certainement d’autres, que je me ferais un plaisir de vous faire partager…

Ecrit par Asso Kernunos in: Europe russe, Non classé |
jan
16
2011
0

médecine de la terre

Enfin des nouvelles!!!
Désolé de n’avoir pas mis d’infos sur le site, mais à vrai dire, il n’y a pas grand chose de changé dans ma petite retraite Canadienne.
Cependant, je ne reste pas inactif non plus.
et pour commencer, parlons médecine de la terre. j’ai put récemment faire connaitre à mes amis canadiens une médecine que je pratique avec beaucoup de plaisir et que j’ai voulu partager: la hutte de sudation ou “sweat lodge”. Lors de la pleine lune de décembre, j’ai donc organiser, dans la maison que garde Corine et Devon, à quelques 35km en remontant la vallée, cette fameuse thérapie bien connue par de nombreux peuples connectés à notre mère la terre.
montage de la hutte, ramassage de bois dans la forêt, récolte de pierres, accompagné d’un jeune de deux jours afin de se purifier et d’être plus réceptif à ce magnifique et bénéfique moment pour le corps et l’esprit.

médecine "douce"

médecine "douce"

le brasier fait rougir les pierres

le brasier fait rougir les pierres

Nous étions huit personnes à rentrer, la douce chaleur à commencer à nous envahir, puis progressivement, au fur et à mesure que l’on amène des pierres, la chaleur se fait plus intense, jusqu’à atteindre son paroxysme lorsque toutes les pierres sont à l’intérieur dans le petit trou prévue à cet effet. Tout le monde fut agréablement surpris par cette expérience, et on s’est promis d’en refaire une dans quelques temps. Puis vient l’après, le repas, partagé entre tous. Pour ma part, je me sens apaisé, serein, comme si un changement s’était opéré. Vraiment, cette médecine est merveilleuse.

après avoir sué, un bon repas fait merveille

après avoir sué, un bon repas fait merveille

Ecrit par admin_kernunos in: Non classé |
jan
08
2011
0

KERNUNOS à Trémargat

De bouts du monde à l’autre,

et sans internet pour changer!

Après-midi d’échange, soirée de soutien,

le Samedi 15 janvier (celui qui vient, tout bientot)

salle des fêtes de Trémargat

16h: projection des films du voyage, de Bialowieza à l’Altaï…

18h: Alice cont’apéritive

19h environ: Marilia et toutes vos questions! Discussion ultra géopolitiquement sérieuse sur les mondes jusqu’à ses plus lointaines extrémités!

+ Crêpes et Boissons, sans oublier vos instruments et autres inspirations!

Ecrit par Asso Kernunos in: Non classé |
nov
18
2010
1

Ma cabane au Canada…

Ce n’est pas à proprement parler de cabane comme on pourrait l’imaginer, en pleine forêt, toute en bois, style cabane de chasse Russe de la Primorié, mais plutôt d’un lieu adéquat au besoin du moment. merci la vie encore une fois.

Après avoir passé quelques jours chez Clarence,  mon “papy-cougar”, c’est dans un mobile-home que je passerai une partie de l’hiver.  Irene est une jeune infirmière du petit hôpital de Bella-coola, qui y travaille  à temps partiel. Depuis peu, elle a acheter une maison équipée d’un mobile-home, qui ont souffert tous deux de la récente crue du fleuve. Là aussi il y a besoin d’aide, et tout naturellement l’échange se fait. Je peux avoir une chambre et partager le “trailer” comme on dit ici, contre un coup de main à la rénovation. il faut repeindre les pièces et installer un nouveau plancher. Dehors, Gilles, un charpentier, s’affaire à  surélever le tout de 50cm, afin de prévenir les prochaines montée des eaux

 Irène, digne d'un charpentier

Irène, digne d'un charpentier

mobile-home

chris-scie L’activité ne manque pas autour du mobile-home!

que d'outils!...

que d'outils!...

...montage sur l'ordi...

...montage sur l'ordi...

Ce  lieu me permet de prendre le temps nécessaire à la réalisation des deux prochains films sur la Russie. Celui (enfin!) de notre deuxième partie de voyage, la rencontre avec la taïga des Komis, au nord de l’Oural, au cours de l’été 2009. Un film de 38mn qui devient une sorte de rétrospective. Et puis il y a aussi le film sur  la rencontre avec la Primorié et les Udèges, au nord est de Vladivostok, au cours de l’été dernier. Au bout du monde, au bout du voyage et au début d’un autre… il sera réaliser certainement à la suite, avec une pointe différente d’émotion.

Je passe donc la plupart de mon temps en alternance, pour ne pas saturer, entre les outils à bois, la table de montage (on m’a prêté un autre écran, ça aide!!!) et les pinceaux (je m’y suis remis avec plaisir, je vous montre ma croute). Bien entendue, les randonnées sont toujours au programme, je ne peux m’en passer.

le Nutsatsum domine la vallée, il est l'esprit des lieux

le Nutsatsum domine la vallée, il est l'esprit des lieux

au détour d'un chemin, je trouve un copain...

au détour d'un chemin, je trouve un copain...

première croute

première croute

Ecrit par Asso Kernunos in: Autour du voyage, Canada | Mots-clefs :,
nov
03
2010
1

“Cougar man”

En attendant de trouver un logement pour l’hiver, je suis hébergé chez Clarence.  A 84 ans, ce bonhomme, ancien prisonnier de guerre, et ancien maçon à de l’énergie à revendre, et des histoires de cougars et de grizzly à la pelle. Il faut dire qu’à 74 ans il a été un des rares à survivre à une attaque d’un “chat”, comme on l’appel ici. les crocs plantés dans la tête, il a réussi à se battre à mains nues contre l’animal, en mettant sa main dans la gueule du carnassier pour l’empêché de l’atteindre. De l’autre bras resté libre il à maintenue sa tête contre son torse et essayé de l’étouffer, c’est un ami qui l’accompagnait qui a mit fin aux jours de l’animal. Clarence s’en est sortit de justesse, avec un doigt en moins et avec des morsures qui ont frôlé la carotide de quelques mm seulement!!!

Depuis, il ne parle plus que de chasse et du danger que représente ces animaux prêt à s’attaquer aux humains. Dans la vallée, les histoires de visites de grizzly et de cougars se multiplient. Il faut dire que maintenant sans nourriture donnée par la forêt perturbée, les animaux n’hésitent plus à visiter les poulaillers et renifler de très prêt chats et chiens en maraudes. Voir un cougar de prêt est une occasion unique, une rencontre magnifique… Mais celui que j’ai vu à quelques mètres de moi seulement était prêt à tout pour trouver à manger, même à mourir. Car le dernier endroit où il faut aller pour ces bêtes là c’est bien la maison de Clarence.  il devait certainement attendre patiemment que l’on parte de la maison pour commettre ses mefaits, il planquait sous un vieux camion et reluquait avec appétit le chien qui lui aboyait dessus. C’est ainsi que je l’ai repéré et observé. Le vieux chasseur n’a pas fait de sentiments, à sortit son fusil et l’a abattu d’un seul tir, précis et fatale.  Son 35ème en 40ans de chasse. Lorsqu’il y a un problème avec ce genre d’animaux, c’est lui ou son fils  qu’on appelle.

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Ici les "chats" ont mauvaise réputation

la maison de clarence

la maison de clarence

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ici c'est un grizzly qui s'est trop approché d'un poulailler

Pour moi, c’est un coup dure de voir ses animaux tués juste pour quelques volailles, j’aiderai cependant à dépecer le Grizzly et à récupérer un peu de viande pour le gouter.  Afin que son esprit puisse rester libre, et non pas cloué à un mur avec sa peau, je prélève quelques poils et confectionne  un sac en cuire pour les recevoir. J’espère ainsi que son esprit m’accompagnera dans mon voyage à venir.

Il est clair qu’il devient très dangereux de se promener en forêt, tout le monde le dit. Mais moi, attristé par ces évènements, je m’enfuie, là où je me sens chez moi, où je respire la vie. je pars pour une ballade en montagne, sur les hauteurs, respirer la vie et non pas la mort.

Prendre du recul sur les hauteurs fait du bien

Prendre du recul sur les hauteurs fait du bien

reflexion dans mon "temple" aux big cedars

reflexion dans mon "temple" aux big cedars

La puissance des anciens m'apaisent

La puissance des anciens m'apaisent

Ecrit par Asso Kernunos in: Canada | Mots-clefs :, ,
nov
03
2010
0

Thanks giving

Un mois après les inondations, les traces du passage des flots demeurent pour longtemps encore présentes. Partout des engins travaillent à endiguer, réparer les routes et les ponts, on estime au bas mots 20 millions de dollars de dégâts, rien que pour l’infrastructure routière! De mon côté, j’aide comme je peux à évacué tout ce qui a été touché, donc perdu. Les aller-retour à la déchetterie se multiplient et défilent devant moi tout le passé des gens. Certains petits fermiers (et il y en a beaucoup dans la vallée), ont perdus leurs cheptels.
Alors, même une fête anglophone comme “Thanksgiving”, fête ou l’on remercie Dieu pour l’abondance des récoltes, a une journée morose.
Pour Corine et ses amis, c’est l’occasion de faire la fête, pour moi de remercier la vie de m’avoir apporté cette rencontre avec les éléments.
On découpe la dinde traditionnelle, et après avoir gouté à l’hydromel de l’apicultrice, dansons et chantons afin d’aider la digestion!!!

Alicia découpant la dinde

Alicia découpant la dinde

embouteillage d'hydromel

embouteillage d'hydromel

Après, ça aide....

Après, ça aide....

Ecrit par admin_kernunos in: Canada |
oct
07
2010
1

Bilan

En tant que “rescapé”, j’ai droit à un régime de faveur. Le gouvernement de  Colombie-britannique m’octroie des bons d’achats me permettant de me vêtir et d’acheter le nécessaire de toilettes. On me loge également 3 nuits dans un hotel-pension, le “Eagle-lodge”. Il faut dire que je n’ai plus rien, excepté les affaires que je porte. Mon vélo et mon matériel sont restés chez Jeff et j’apprends que la route est coupée. La Bella-coola l’a emporté sur 200m. Impossible pour l’instant de les récupérer. Au campement chez Corine, c’est le désastre, 20cm d’eau boueuse a inondé tout le local. J’ai une partie de mes affaires à l’intérieur, il faut absolument entrer et sécher ce qui est trempé. Je suis obligé de forcer la porte et commencer à tout nettoyer. Corine est absente, partie quelques jours avant la catastrophe à une conférence. Elle ne rentrera que bien plus tard.

nettoyage chez Corine

nettoyage chez Corine

débalage

débalage

Dans la vallée le constat est bien pire, routes coupées, maisons inondées. Certains habitants ont tout perdu! Mais on ne déplore aucune victime (humaine). Parce que des victimes, il y en a eu. Toute la population forestière est bouleversée, beaucoup d’ours sont mort et vont mourir cet hiver. Les eaux ont emporté les saumons qui ne remonteront plus maintenant, ainsi que leurs œufs et ont modifié les frayères à long terme. La vallée inondée rend inconsommable les plantes et baies dont les ours raffolent, ainsi sous alimentés, ils deviennent plus agressifs car ils ont faim.

Les hommes inlassablement reconstruisent. Mais ont ils compris le message que leur environnement leur à transmis? Est ce pour eux autre chose qu’une “catastrophe naturelle”?img_4013

Ecrit par Asso Kernunos in: Canada, Non classé | Mots-clefs :
oct
06
2010
0

Au milieu du chaos

un ami réconfortant

un ami réconfortant

Après avoir passé la nuit au sec, je tente au matin de jeter un coup d’oeil  à la situation. Il faut absolument passer! Je ne peux faire machine arrière et remonter jusqu’au lac. De l’autre côté,  le sentier me ramènera dans la vallée et chez Jeff. Même si il y a beaucoup de kilomètres à parcourir, je suis convaincu d’arriver le soir à destination.

Dece fait je laisse mes affaires en place et va constater les dégâts. Par chance, l’eau a reculé de plusieurs mètres et de nombreux troncs d’arbres et de branches se sont accumulés près du pont à demi-immérgé, formant une passerelle flottante. Je tente d’y accéder, ça marche. C’est le moment, il ne faut pas hésiter une minute de plus. Je retourne à la tente et replie en hâte mes affaires. Il se remet à pleuvoir et le temps de tout ranger, l’eau a déjà regagné du terrain et  j’en ai jusqu’au mollets lorsque j’atteins les premiers troncs. Le torrent est puissant, le grondement impressionnant, il ne faudrait pas qu’un arbre percute le pont pendant son ascension!

Je parviens à atteindre les câbles suspendus et commence à grimper le long de ce fragile lien qui me conduit vers l’autre partie du chemin de randonnée. En quelques minutes, l’affaire est faite, et c’est tout content d’avoir bravé cet obstacle que je reprends ma route.

ça ne tiens qu'a un fil (d'acier)

ça ne tiens qu'a un fil (d'acier)

De l’autre côté, de nombreux ruisseaux dévalent la pente dans un bruit infernal. Je commence à peine à réaliser l’étendue de la catastrophe et me demande comment va être la suite de la partie. C’est alors que j’aperçois un ours sur le sentier, il est très jeune et sa mère est juste derrière lui. Ce sont des grizzly, eux aussi doivent être affolés devant tout ce chaos.  Je cris en essayant de couvrir le bruit de l’eau pour ne pas les surprendre, mais la mère est partie plus rapidement que son rejeton, s’en apercevant elle fait demi-tour et fonce sur moi. Mesure d’intimidation, car elle s’arrête à 5m et repars en sens inverse, les poils encore dressés sur l’échine. Pensant que tout est ok, je poursuit ma route et les dépasse. Mais aussitôt, la mère reviens sur moi et me préviens à nouveau! tout en reculant, face à elle je lui parle. je la comprends, et n’a même pas le temps d’avoir peur, tout va trop vite. Elle repart rejoindre son petit resté en arrière.  Impressionné par cette rencontre forte en émotion je remercie la vie d’une pareille rencontre.

grizzly tentant de traverser les flots en furie

grizzly tentant de traverser les flots en furie

Le sentier de randonnée fini par descendre dans la vallée et est submergé par la rivière en crue.  Je dois le suivre au plus près au risque de me perdre. J’entre alors dans l’eau et progresse lentement.  par moment je le retrouve, il regrimpe à flanc de montagne, puis invariablement replonge dans l’eau.

Ce petit jeu de cache-cache m’oblige parfois à suivre la parois de la montagne sur des rochers instables ou au milieu des arbres tombés. il pleut toujours , je crains pour mes affaires qui ne resteront pas sèches à se rythme. Enfin,  j’aperçois  le deuxième pont suspendu qui rejoins le parking de voiture. Celui là est à flot, pas besoin de faire des cabrioles pour le traverser. Je marque une pause. il me reste 20 bons kilomètres de route carrossable avant de rejoindre l’asphalte, si je marche bien j’y suis ce soir.

Mais là encore, je ne suis pas au bout de mes surprises. La route suis en grande partie la rivière Atnarko qui ne l’entend pas de cette manière. Tout n’est que chaos et j ai du mal à me repérer. je marche cependant aisément sur deux bons kilomètres et puis là, tout se transforme: il n’y a que de l’eau! le chemin est complètement inondé et c’est avec de l’eau jusqu’à la ceinture que j’avance difficilement. La force du courant me pousse même à un bain forcé qui me fait juré un bon coup. Je suis trempé jusqu’aux os, mon sac de couchage et ma couverture également, et je viens de perdre un appareil photo. Heureusement la caméra n’a rien et pour moi c’est le principal.

Je me rend compte cependant que la partie n’est pas gagnée! J’avance trop lentement pour pouvoir être au sec ce soir. Je progresse sur le flanc de la montagne à moitié frigorifié par le bain forcé. Le sentier redeviens en partit sec et je reprend espoir. Mais quelques kilomètres plus loin, c’est la consternation, il n’y a plus rien. Plus de chemin visible, plus de forêt. A la place une grande plaine jonchée de cailloux et d’arbres arrachés; je suis au milieu de deux vallées, un pont jonche au centre, coupé en deux. je ne sais quelle direction prendre, et de toute façon deux grands bras de rivières me barrent définitivement le passage. Je suis dans l’impasse! merde, je n’y crois pas, il va falloir qu’on me récupère par hélico!!!

Je me résous une nouvelle fois à passer une 5ème nuit sous la tente. Et quelle nuit! je la monte  trempée à la limite de la forêt, au beau milieu des arbres arrachés, dans ce qui était le lit de la rivière, il y a peut de temps. Les pentes de la montagne sont trop abruptes pour offrirent un quelconque refuge, et tente de m’endormir dans la seule couverture à moitié sèche qu’il me reste. Mes vêtements sont trempés eux aussi, il faut m’en débarrasser. Je garde espoir de trouver une solution pour passer demain, mais ne peut dormir rassurer, tant le bruit de l’eau tumultueuse, des troncs qui explosent sous sa force et le roulement des rochers me font craindre le pire.

Le lendemain, je tente par tous les moyens de passer. Le premier bras de rivière ne posera pas trop de problèmes, par contre, je reste bloqué par le deuxième qui ne veut pas se calmer. fin du chemin. Il ne me reste plus qu’à attendre d’éventuels  secours, s’ils arrivent!!!

Plusieurs hélicoptères passeront trop loin de moi , par chance l’un d’eux me survole et m’ayant aperçu, décrit des cercles autour de moi. Il va donner ma position, je dois être maintenant patient. En effet deux heures plus tard, un autre hélico vient se poser à coté de moi. Une nouvelle fois les Rangers viennent à ma rescousse! quelques minutes plus tard, une tasse de thé chaud à la main je m’envole en direction d’un lieu plus calme.

survolant la zone, je constate que le chaos règne dans la vallée. On m’explique les dégâts causé par cette crue qui n’a pas d’égale. la dernière date de 1968! mais n’était pas aussi furieuse: Il a plut en deux jours, l’équivalent de six mois de précipitation! En bas, les routes sont coupées, les maisons inondées. L’hélico poursuit un moment sa tournée et reviens à sa base.

interview par téléphone de la CTV à visionner ici

sauvé par les Rangers!

sauvé par les Rangers!

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En moi quelque chose à changé! Après cette épreuve initiatique, au beau milieu de la nature en furie, j’ai l’impression d’avoir reçu quelque chose de puissant! comme un cadeau. Pendant 5 jours je me suis retrouvé au milieu d’une énergie ahurissante, qui m’a traversée. Une partie de cette énergie fait partie de moi à présent.Je la ressent.

L’homme n’est rien face à la nature, lorsqu’elle se déchaîne. Il ne faut pas essayer de la combattre, ni aller contre. Il faut être la nature, faire corps avec elle et recevoir l’ énergie qu’elle nous transmet. Ainsi on en ressort plus fort.

Ecrit par Asso Kernunos in: Canada, Non classé |

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