Rainforest : le film
Rainforest est un aperçu de ce qu’il reste de la forêt nord-américaine :
- la forêt des Tongass en Alaska
- la forêt du Grand Ours au Canada
- et la Redwood forest, la forêt de Séquoias géants, une forêt tempérée humide cotière.
Rainforest est un aperçu de ce qu’il reste de la forêt nord-américaine :
Bryan me propose de me pousser en voiture jusqu’à l’embranchent de la route qui me conduit vers le Mexique et une petite ville frontalière du nom de Técaté. J’accepte volontiers, ce nouveau coup de pousse me permet de quitter la ville et de m’épargner plusieurs kilomètres.
Malgré cette heure matinale, il fait déjà très chaud. Les quelques 30 km qui me sépare de ce nouveau pays sont déjà éprouvants, il va falloir s’adapter à ce nouveau changement extrême. Pendant deux jours, mal de crane et pointe de côté vont ponctuer ma route. Mais côté positif, je bénéficie d’un visa de 6 mois en payant une petite taxe, Au service d’immigration, le préposer à juger qu’il me fallait au moins ce temps pour traverser son pays! Magnifique, le stress d’arriver au plus vite à san Cristobal, au sud , disparaît.
Je met le cap au sud, m’enfonçant dans cette longue bande de terre entourée par la mer.Le nord est d’abord plus vallonné, un peut boisé, de ci de là par des chênes vert et les premiers cactus apparaissent. Je découvre alors, d’un coup, la vrai chaleur, celle qui cogne et qui fait mal, aussi chaud qu’une sweat lodge (hutte de sudation). Il y a l’adaptation à cette bande goudronnée avec dessus un autre style de conduite de ceux qui l’utilisent.
Difficile premiers kilomètres, voitures et camions n’ont pas l’habitude de voir un voyageur à vélo parcourir cette route même si je ne suis pas le seul à l’emprunter. Parfois, c’est juste, les lourds et bruyants semi-remorques me frôlent mais ça passe.
Ils sont à la fois mes pires ennemis et mes plus fervents supporters! Les odeurs des plantes me rappellent la steppe du Kazksthan, la chaleur et les détritus innombrables le long de cette bande goudronnée, plutôt l’Afrique. L’odeur! c’est l’avantage du vélo que d’avoir le nez à l’air et de tout sentir, le bon comme le mauvais. De nombreux cadavres d’animaux ponctuent les journées, à même la berge, frais ou séchés par le soleil depuis des mois. Des tronçons sont en réparation, souvent sur plusieurs kilomètres, il faut “jouer des coudes” pour pouvoir passer.
Heureusement pour moi, c’est de courte durer, dans l’ensemble la route est neuve, un vrai billard. Je pense alors aux cyclistes qui ont empruntés cette route il y a 5 ou 10 ans, cela devait être quelque chose! Au fur et à mesure mon corps s’adapte à cette fournaise, la température grimpe, dès les premières heures de la journée. Chaleur étouffante qui me fait lever de bonne heure pour pouvoir rouler un peu “à la fraîche”, juste quelques heures… Lors d’une pause matinale dans une des petites boutique faisant office de restau-routiers, le thermomètre indique 35° à l’ombre, il est 8h30! il fait bien 50° sous le soleil de midi et l’idée de m’arrêter lors de ce moment et d’éviter le pire est vite oublié. Pas beaucoup d’ombre parmi les cactus et les rares arbustes qui peuvent m’en apporter. Pédaler permet de toute façon d’avoir un peu d’air et d’éviter les mouches!
La Baja-California est un vaste désert, et le parcourir est une expérience fascinante. Les journées se succèdent, inlassablement, il faut prendre le rythme. Lors des bivouacs, j’apprends à utiliser et à choisir le bon cactus ou arbuste sec qui me permettra de cuisiner.
Le sol est jonché de piquants de toutes sortes et ils n’est pas bon de s’y balader sans chaussures! attention aussi aux roues de Takayan, qui, bien que “chausser” de pneus increvables, n’apprécie guère ce genre de piquants! Les nuits sont elles aussi chaudes, trop chaudes. Les mouches et moustiques, quand à eux sont ravis d’avoir un hôte et les fourmis, reines de la terre et omniprésentes, prennent leurs part. Il faut dire que dans ce genre d’environnement, c’est la survie pour tout le monde, et un corps chargé de sel et de sang chaud est un don pour les petites bêtes ailés.
Pour ma part, je dois faire attention à l’eau! un bien plus que sacré. Les échopes et fermes se font rares, et quand on campe dans le désert, il faut un minimum. 6 litres me suffisent pour cuisiner le soir, boire un thé et avoir suffisamment d’eau pour le lendemain, jusqu’au prochain point de ravitaillement. Inutile de dire alors, qu’il à peu pour se laver, même si après 6 jours, je me charge un peu plus et me réserve un litre pour la toilette et le rasage, ça fait du bien…
Les kilomètres défilent, voilà 15 jours, que je roule dans la fournaise, ça ne s’arrête pas! On me dis que c’est le mois le plus chaud de l’année, je veux bien le croire! j’avance cependant, musique dans les oreilles et contemple avec émerveillement les trésors de Gaïa. Un peu de musique, le silence en dit long parfois…
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Invitation au voyage à travers le désert central de la Baja California
Impression de remonter le temps, à l’origine des choses, lorsque la terre devait peut être ressembler à cet environnement de roches et de plantes grasses. Les arbres ne sont pas encore des arbres… Univers torride mais tellement beau et puissant!
C’est dans ce milieu extrême, que je fais la connaissance de Shoen, Un américain apparut comme un fantôme sur la route, sur une longue ligne droite de plusieurs kilomètres. Il marche depuis des jours, un chaton dans les bras. Il fait du stop depuis Cabo San Lucas au sud, mais ça ne marche pas, les gens ont peur de lui, peur de son “look”. Il n’a rien avec lui, mis à part un sac contenant un gros livre sur la naissance des civilisation et un pull. On lui a tout voler, tout pris, carte d’identité et argent compris. Il doit remonter à Tijuana pour refaire des papiers US. Je lui donne le peut que j’ai. Quelques tomates, concombres et tortillas. Manger lui fait du bien. Je lui laisse un peu d’eau, nous discutons de l’humanité pendant qu’il se restaure un peu! il n’en reviens pas d’être laisser tomber en plein désert par les gens qui le croisent en voiture. même les camions ne s’arrêtent pas, humanité peureuse dans des boites en fer!!!
Après 18 jours de route, j’atteins, fatigués mais heureux d’avoir traverser cette épreuve, la ville de La Paz où je dois prendre le ferry pour Mazatlan, situé sur le continent. Il me reste 2400 kilomètres à parcourir avant d’atteindre la forêt que je vise. Là encore, il a fallut passer par un désert avant d’atteindre le but. Comme à travers les steppes du Kazaksthan pour atteindre le Kirghiztan, le désert de Gobi et la Chine avant la primorié en Russie, je devais passer par cette route qui m’a fait prendre conscience de ce bien précieux et vitale qu’est l’eau.
Petit à petit, au fur et à mesure que je descends vers le sud, le soleil montre gentiment le bout de ses rayons bienfaisants. J’ai beau me dire que c’est nécessaire et vitale pour la redwood forest, je suis bien content d’avoir chaud. Mais ce n’est quand même pas les grosses chaleurs, et me dit que c’est plus facile pour rouler. ah! vivement le cancer! enfin pas celui qui me guette à force de fumer, mais l’autre, celui des tropiques. Mais je ferai moins le malin une fois arriver au Mexique en traversant le désert du Sonora, là il fera vraiment très, très chaud.
La route appelé “l’allée des géants”, est encore un moment jalonnée de séquoias, preuve que ces “seigneurs” de la forêt étaient présent à une époque pas si lointaine que ça sur une bonne partie de la côte ouest. A un moment donné, je me suis demandé si je n’allais pas rendre visite à leurs cousins les séquoias géant de la Sierra Névada, mais le temps me manque et n’ai pas envie d’avoir le cœur brisé de voir une nouvelle fois ce cortège de touristes attirés par l’envie de se faire prendre en photo à leurs pieds où passer en voiture à travers l’un d’entre eux, comme le montre cette célèbre photo que l’on connait tous.
La route devient un peu plus tranquille lorsqu’elle bifurque , pour longer au plus près la côte ouest pacifique. Je me rapproche cependant d’une grande ville: San Fransisco. Bien qu’habituer depuis de long mois passés en Colombie Britannique, cela me fait toujours un peu drôle d’être obligé de tout calculer: Les miles en km, les gallons en litres, les kilos en livres, les centimètres en pouces, les millimètres en pieds… Je fais donc très souvent des “pieds et des mains ” pour tout convertir! d’ailleurs petits jeux, je me suis pesé avec mon vélo sur une balance de camion histoire de voir combien je trimbale; Sachant que une livre fait 0,40 kg, je pèse avec mon vélo et sacoche: 300 livre (le vélo seul avec bagages 160), à vous de jouer.
Beaucoup de lieux portent des noms Russes comme “fort Ross”, qui vient de Rossia (Russie), qui jadis installaient des comptoirs sur la côtes pour traiter les fourrures. C’était lorsqu’ils possédaient l’Alaska. A mes yeux c’est comme à chaque fois un bonjour de la Russie. Je ne manquerais pas d’aller jeter un petit “Priviet” (bonjour), au cimetière du fort.
San Fransisco, grosse ville sur ma route. Avec le trafic, c’est pour moi stress on the city, mais heureusement l’itinéraire vélo est bien fait, et me fait passer par les villas bourgeoises, un luxe qui ressemble plus à des maisons barbies qu’autres choses. Sur le fameux pont de la “porte d’or”, c’est la cohue de touristes japonais, asiatiques ou autres venue se faire photographier sur ce monument mythique.
Je le traverse sans sourciller, pour moi c’est juste un pont! et je perds du temps à slalommer entre les badeaux
Puis les villes s’enchainent les unes après les autres: Santa barbara, qui me rappel se feuilleton débile qui passait dans ma jeunesse, Santa cruz, avec un air déjà mexicain, mais faussement bourgeois et touristique, à la vue de bons nombres de sans abris et de “zonard” qui trainent le long des faubourgs.
Puis, avant Los Angeles, autre grosse ville qui m’érisse les poils: Malibu ( encore un feuilleton débile) sans heureusement d’alerte, puisque je traverse les plages tôt le matin et qui sont du fait désertes.
Heureusement, il y à des rencontres, et particulièrement Kenneth. Musicien et prof de tennis pour des cours particuliers, il associe le yoga et le tennis pour donner un coup de souffle nouveau à ses élèves. Sur la route depuis plusieurs années maintenant il à choisit ce mode de vie qui, dit il lui convient mieux. Besoin de peu de choses, une vie plus seine et sans stress.
Il aimerait quand même devenir célèbre dans cette région où les riches abondent. Nous roulons ensembles deux journées, cela me convient, il connait tout les plans camping ou dormir, prendre des douches gratuitement. Il a cependant du mal à vouloir camper en pleine nature à mon grand regret, et quand je l’ai vu manger froid des boites de conserves, je lui ai proposer un ptit gueuleton.
Puis c’est la ville de Los Angeles qui une fois de plus me fait grincer des dents et tousser plus qu’un paquet de clop. Après les plages et les villas bourgeoises, le port avec ses millions de conteneurs attendant d’être expédier pour la surconsommation à outrance, ce sont les raffineries et quartiers industriels qu’il faut traverser. Camper dans la nature est une douce utopie et seul un parc national fait d’arbustes rabougris replantés me permettra de me poser sans pouvoir y faire de feu de peur d’être repéré. Tout d’ailleurs autour de moi sur ma route est artificiel. Autour des routes, villes ou villas arrosés en permanence par des réseaux de tuyaux d’eau permet aux parterre de fleurir, alors que dans les collines ce sont les cactus et les arbustes secs qui poussent. La région devient plus sèche, pas les villes.
Les habitants en sont très content de vivre dans cet univers de faux semblant, cachant leurs craintes d’être agressés où cambriolés. alors on veille!!!
Les kilomètres défilent et me voilà dans la dernière grande ville avant la frontière Mexicaine: San Diego.
Sans trop y croire j’envoie un mail à un contact rencontré au tout début des US, Bryan, qui en fin de virée à vélo dans les environs de l’Olympic National Parc m’avait croisé. A ce moment je m’étais dis que je ne comptais pas m’y arrêter dans cette ville frontalière. Mais au final, une bonne pause, histoire de préparer la suite du voyage est plus que nécessaire. Bryan est prof de science et sa femme Elizabeth trompettiste en freelance et également prof. Ils sont chez eux et sont heureux de m’accueillir. Ils font vraiment tout pour que je puisse me sentir comme chez moi, me conduisant même à travers la ville y trouver banque, poste et magasin vélo.
Une amitié se créer, des moments forts partagés me font changer mon idée sur les américains, même si je me doutais que tous ne sont pas avec un gros camping car où dans des maisons bourgeoises entretenues par des Mexicains qu’ils craignent. Je les remercie comme je le peux, en cuisinant des petits plats à ma façon où en leurs offrants les films du voyage et une aquarelle. Bryan me promet qu’à ses prochaine vacances il me rejoindra pour rouler ensemble en Amérique Centrale.
Il est temps pour moi de reprendre la route, même si je pouvais rester encore plus longtemps, la suite du voyage m’appelle. nous nous reverrons, c’est sûr. J’espère pouvoir un jour les accueillir dans mon village et leurs rendre la pareille. Un autre monde m’attend à présent. Tout, je le sais va être différent, climat, population, niveau de vie et ambiance. C’est bien le tour des mondes que je réalise, Au revoir les US, bonjour le Mexique!!!
Tout au long de la côte Nord-Ouest des Etats Unis, du Sud de l’Oregon, au Nord de la Californie, s’étend une forêt des plus exceptionnelle. Apparue au cours du Jurassique, il y plus de cent millions d’années sur tout hémisphère nord du globe, elle fut contemporaine des dinosaures. Avec la dernière glaciation et les changements de température, elle fut retranchée à cette étroite bande océanique au relief montagneux.
C’est en 1794, qu’un scientifique du nom de Archibald Menzies décrit cette espèce et lui donne le nom de Séquoia Sempervirens. Séquoia en l’honneur d’un chef de tribu Cherokee: « Sequoyah » et sempervirens qui veut dire toujours vivant. Avec plus de 100m de hauteur ils font partis des arbres les plus haut au monde,peuvent vivre plus de 2000 ans et peser plus de 50 tonnes. Résistants aux insectes et aux feux et ayant la faculté d’émettre des rejets par leurs racines et leurs troncs, ils méritent bien leur nom.
Dans sa famille, il a deux cousins. Le Sequoiadendron giganteum ou Séquoia géant vit lui dans la Sierra Nevada, à l’Est de la Californie dans les montagnes. Là, vivent les plus gros et plus massifs arbres au monde. Certains comme le « Général Sherman » à une hauteur de 83m pour une circonférence de 30m, un volume de 1400m3 et une masse estimée à 1200 tonnes!
Le second, le………… (métasequoia glyptostropoïde), vit quand à lui dans le Sichuan, une province de Chine.
Lorsque l’on parcours cette forêt de séquoia, on est non seulement frappé par l’imposante stature de ces géants, mais aussi par l’incroyable diversité de fougères, de mousses et d’arbustes qui tapissent le sol. Certaines fougères (épiphytes) colonisent la canopée offrant gite à une myriade d’insectes, de grenouilles et d’oiseaux.
Lorsque l’on mesure sa biomasse (c’est à dire l’ensemble du vivant dans un espace donné), elle est 5 fois supérieure au m2 que la forêt tropicale ! L’atmosphère ambiant explique cette incroyable biodiversité. La confrontation entre l’air froid venu de l’océan et la chaleur de la terre, créer un brouillard quasi permanent pendant l’été et un temps doux et pluvieux pendant l’hiver.
Les cerfs et chevreuils abondent, mais les ours et les cougars se font rare. Les rivières et l’océan regorgent de poissons et de mollusques dont raffolent les « lions de mers ».
C’est dans cet univers que vivaient les Yorok, les Tolowa ou les Chilula depuis près de 10 000ans. Vivants en parfaite collaboration avec leur environnement, ils tiraient du séquoia la majeur partie de leurs bien matériel. Maisons, canoës, vêtements et ustensiles divers venaient de cet arbre incroyable.
Ce sont les Russes qui les premiers s’installèrent dans la région vers 1812, et installèrent un comptoir où ils commerçaient les peaux de loutres de mer et autres mammifères. En 1800, la forêt côtière couvrait probablement 1 million d’ha, lorsque les premiers colons Américains prirent possession des lieux. A leurs contact, les tribus native furent décimées, la porte était grande ouverte pour l’exploitation en tout genre. De l’or fut trouvé et les mines commencèrent à creuser, puis les industries forestières s’intéressèrent au potentiel que représentaient les qualités du séquoia. Lorsqu’un tremblement de terre, suivit d’un incendie dévasta San Fransisco en 1906, les coupes de bois redoublèrent, réduisant encore la surface de forêts primaire. Au début du vingtième siècles, plusieurs botanistes et des personnes de renom s’alarmèrent et fondèrent la ligue « sauvons les séquoias » . Aidés par plusieurs mécènes dont Rocquefeller, ils purent acquérir des centaines d’ha de cette ancienne forêt.
Aujourd’hui, seul 5% (47000ha) de la forêt originelle subsiste et est sous le contrôle des parcs Nationaux, où l’on peut recenser 80% des plus vieux sujets.Cependant, 750 000ha de seconde repousse (c’est à dire d’arbres qui peuvent atteindre l’âge de 200 ans), sont en majeur partie soumis aux exploitations forestières. Même au sein des parcs Nationaux, la « protection » de ces espaces sensibles ne me semblent pas suffisante pour la conservation de la dernière forêt humide de séquoias.
Un des facteurs les plus alarmant à mon avis est le climat. Le réchauffement climatique global planétaire, entraine une diminution des brouillards côtiers pendant la saison estivale. A la grande joie des touristes qui affluent, mais au détriment de cet environnement, qui avec un climat plus sec verra disparaître ces ancêtres, mémoire de la terre.
Le second problème à mon sens est l’impact touristique. Certe, informer et sensibiliser est important et permet d’éveiller les esprits, mais il faut prendre garde. Des routes récemment refaites qui traversent des zones d’anciennes forêts, à travers les parcs, les campings et divers boutiques à souvenir et les chemins de randonnées qui la parcours de long en large, la met en péril et menace sont équilibre.Les milliers de pas des touristes curieux tassent le sol, les voitures et énormes camping cars polluent à tout va, là où devrait exister une réserve stricte. On m’assurera cependant qu’il en existe, « plus au sud »
Que reste t-il donc de la réelle énergie d’une forêt ancienne sans la vie sauvage et de cette complexe symbiose qui y règne ? On nous met en garde contre l’ours noir ou le cougar, mais avec tout ce vacarme, pas un ne s’approchera à des km à la ronde. Seul le « cerf de Roosevelt » vient brouter tranquillement dans une prairie qui jouxte un parc qui porte son nom : Il s’est fait aux touristes, mais reste méfiant. Je m’étonne même de voir si peu de moustiques. Je me sens plus en visite dans un musée, dans un temple à vastes colonnes. Je m’y promène avec respect et humilité,. J’ai malheureusement l’impression de voir disparaître ce lieu et une profonde émotion m’envahit.
La encore il faudrait prendre des mesures draconiennes pour permettre d’étendre la superficie des parcs et préserver l’ensemble de la forêt de séquoia, l’ancienne comme la nouvelle, et permettre aux générations future d’admirer, comme nous en avons la chance, ce que pouvait être l’origine du monde.
Débarqué à Port Angeles, je roule à présent sur le continent. La route longe cette fois ci la côte Ouest et ne devrait plus quitter l’océan pacifique pendant de long mois.
Les formalités douanières sont expédié d’une façon plus que rapide à mon grand étonnement: pas de fouille de sacs ni de questions à tout va. Ne m’attardant pas dans cette petite ville, j’entame les premiers km sur la nationale 101, très connue des véloroutards et touristes en tout genre qui descende vers le sud. lorsque je m’étais renseigné pour la route à suivre et descendre au Mexique, tout le monde me l’avait conseillé.” La côte pacifique, tu verra, c’est beau et c’est un vrai bonheur!!!”;
Ces premiers jours de route se feront, malgré la pluie (rainforest oblige), sous le signe de l’Olympic National Parc. Un parc magnifique renfermant des épicéa magnifique, gigantesque, avec en sous bois, une végétation de fougères et d’arbustes des plus luxuriants.
Cependant, dès que l’on quitte les parcs, mon cœur et mon âme prennent un coup d’électrochoc. Je suis une fois de plus bouleversé par le spectacle des coupes rases. Les montagnes sont littéralement pelées. Les camions de bois incessant vont et viennent chargés de leurs funeste butin. J’en suis écœuré. Ici par contre, pas de détail, on ne prends même pas la peine de laisser une bande boisée, on exploite tout. J’ai beau me dire qu’il faut du bois pour construire le monde que l’homme s’est fait, je ne peux qu’avoir un sentiment de tristesse et à la fois de révolte; Quand bien même tout est replanté, cela ne deviendra jamais une vrai forêt avec toute cette vie qui y est connecté. Camper devient même difficile. Trop de végétation abondes après les coupes et les replantation et lorsque j’aperçois une bande forestière, c’est pour découvrir un jeune boisement d’une trentaine d’année avec en dessous, souches et branches sans dessus dessous datant des premières coupes. Alors, je trouve malgré tout de quoi m’installer sur les chemins d’exploitations caillouteux.
Le temps est toujours à la pluie mettant mes nerfs un peu à l’épreuve, mais me console quand on m’informe que l’état de Washington veut protéger le reste des forêts anciennes et passer ainsi à 50% de son territoire en Parc Nationaux. Les habitants manifestent, râlent pour les emplois manquant, les villes étant depuis longtemps tournées vers l’industrie du bois, et ne comprennent pas que le tourisme peut lui aussi être une source de revenue.
j’implose de rage lorsque sur ma route, je croise la mort. Une chouette vient juste d’être abattue par une voiture. Moi qui parlais des touristes, eux aussi, avec leurs gros trucks remorques et caravanes toutes plus grosses les unes que les autres font des dégâts sur l’environnement. A croire que c’est devenue une compétition national pour les retraités d’avoir ce genre d’appartement roulant coutant trois tours du monde pour moi. Insolence de la sur-consommation.
Bientôt je rentre dans l’état de l’Oregon, j’espère y trouver autre chose que le signe pour moi de la mort. Mais ça veut dire également qu’il est temps de faire quelque chose pour notre planète. Réveiller le cœur des gens et leurs faire comprendre qu’il suffit de peu de chose pour inverser le processus et de vivre dans un monde plus agréable. Faite le test: Après la pluie, la forêt inonde de parfums de toutes sortes, respirez après le goudron de la route, avec les voitures et camions polluants qui la parcours, c’est une horreur!! Je suis bien placé pour en parler.
Mais je suis optimiste, je sais que les rencontres peuvent être belles, tant au niveau humain que forestier, le prochain état traversé ne me démentira pas…
Le départ est lancé, me revoilà de nouveau sur les routes après de longs mois d’absence et de repos. Prochain objectif: la Selva Lacandones au sud du Mexique, à plus de 6200km. Je compte cependant faire une étape dans la mythique forêt de Séquoïa géant, en Californie afin d’y terminer mon reportage sur la “Rainforest”, commencer au Canada et en Alaska. Je part de la vallée gonflé à bloc, avec dans mes sacoches, un cadeau de Dave: lard salé et saucisses sèches, qui feront mon bonheur sur tout le trajet de l’île.
Le ferry me dépose après plusieurs heures de navigation sur l’île de Vancouver, à Port Hardy, où j’entame mes premiers tours de roues. On m’avait informé que le nord de l’île était plus boisé que le sud. En fait, la personne devait certainement rouler en voiture, car du haut de mon vélo et à la vitesse où je vais, je n’ai pas la même perception des choses. Les coupes rases sont bien là, partout, dans les vallées comme dans les montagnes, et seule une bande boisé demeure de part et d’autres de la routes afin de ne pas traumatiser le touriste, qui à 100km/h, ne s’aperçoit de rien. mais je temporise et me dis que “peut être” sur la côte nord ouest, là où il y a peu de routes, la forêt est plus présente, plus belle aussi.
Je prends mon temps afin de me réadapter à la route et au vélo chargé différemment,il ne me faut cependant que quelques jours pour atteindre le sud de l’île et la petite ville de Victoria où un autre ferry doit m’emmener sur le continent et le premier état des USA, celui de Washington.
En attendant ce dernier je profite de me balader dans la ville qui regorge de touristes. C’est une aubaine pour bon nombre de sculpteurs et artistes des premières nations qui sur le pavé exercent leurs arts. Au détour d’une rue je tombe sur un “Dark Vador” plus vrai que nature, qui se recycle après avoir été battue par le “dernier des jedei”
C’est à croire que les circonstances imprévues me retiennent plus que de raison dans la vallée. D’abord une histoire de carte bancaire, remise lors de mon retour en France et qui ne marche pas, il faut en attendre une autre. Comme par hasard, la poste canadienne se met alors en grève pour plusieurs jours! il faut attendre…
Steven Hodgson, est Ranger pour le BC Park, il m’invite pour une virée de plusieurs jours en vedette, une scientifique chargée de l’étude des plantes invasives côtières doit nous accompagner. Une chance pour moi et pour le reportage que je fais sur la “raincoast forest!”Seulement… le départ est reporté, les moteurs ont des problèmes. Il faut attendre…
C’est que j’aimerai partir!, mais je voudrai quand même participer à cette expédition. Je prends donc mon mal en patience, et je profite d’une dernière ballade en montagne de deux jours avec les “woofers”: John, Corisa, Briana, Josh et les deux chiens, Wolof et Ella.
Une dernière fois je profite de ce lieu magnifique qui m’inspire tellement. La grimpette est dure, le chemin nous emmène dans les hauteurs, où la neige ne disparaît pas. ici à 1400m d’altitude, j’assiste avec enchantement à mon troisième printemps (en France- dans la vallée- en montagne).
Malheureusement, la piste disparait sous la neige et les signaux de balisage n’ont pas encore été refait. nous montons alors le bivouac sur une petite plate forme, en contrebas de la limite enneigé, qui nous permet d’admirer un spectacle de toute beauté.
Cette dernière randonnée me fera bien du mal aux jambes, peut habituées à porter un sac a dos (avec de la bouffe pour les humains et les chiens!!). Pendant les deux jours qui suivent elles resteront douloureuses. vraiment, la marche à pied n’a rien à voir avec le fait de pédaler, je trouve ça moins dure.
Faute de pouvoir partir plusieurs jours autour des îles et des sites protégés, Steven me propose alors de partir avec son équipe vers un secteur en voie de protection sur le Dean Chanel, qui est à environ deux heures de bateau rapide. pas le temps de voire grands chose pendant le trajet, la pluie ne cesse pas de tomber et avec la vitesse de l’embarcation, difficile de sortir le nez de la capuche. Nous arrivons cependant à destination, s’offrant même le luxe une nouvelle fois de plonger dans une source d’eau chaude!!! “difficile métier que vous faites là!” leurs dis-je. Steven m’avouera que la sortit était pour moi et que du coup, tout le monde en profite!
C’est étonnant que tout se passe au dernier moment! la carte bancaire arrive l’avant veille du départ et l’interview de Steven la veille! comme quoi tout arrive.
Dernier petit réglage chez Rick, dans son atelier je bichonne “Takayan”. J’essaie de m’alléger au maximum et essaie une nouvelle configuration pour le vélo. Comme pour le voyage en Bosnie, j’opte pour les sacoches avant. La remorque restera dans la vallée et servira à Corine pour livrer en vélo les paniers garnis de légumes commander par les clients. Ainsi une partie de moi va rester ici.
“Plus léger”, je peux reprendre la route, direction le sud!… et 6200km environ avant de rejoindre la prochaine étape du voyage au Mexique. Je prends le Ferry qui mettra deux jours pour rallier Port Hardy sur Vancouver Island. Après ce sera la traversée des USA pour un mois. Le temps est encore frais dans la vallée, il pleut depuis plusieurs jours, ça me fait quelque chose de reprendre réellement la route. J’espère pouvoir revoir un jour ceux qui m’ont aider dans cette vallée. Je sais que je reverrai Irène au Guatemala en Octobre ( elle est volontaire dans un hôpital locale), et j’espère un jour revoir Corine et Dave qui m’ont si chaleureusement aidé. Je les remercie du fond du cœur en espérant avoir put moi aussi les aider en retour.
Une des choses qui me tenait à cœur, c’était de sous-titrer en Anglais le dernier film réaliser sur la Taïga Russe et la Primorié. Je voulais le projeter ici dans la vallée, et, pendant le voyage vers les USA, l’offrir au personnes de rencontre. Aussi, lorsque je fut à Trémargat, je put m’atteler à cette tâche grâce à l’aide de John Booth, qui dans un Anglais parfait me traduisit le film. Organisé par une petite association locale de la vallée, la soirée de projection et d’échange, attira une vingtaine de personnes. Une fois de plus, cependant, je racontais l’histoire de mon expérience parmi les forces de la nature et ma rencontre avec la mère Grizzly.
Comme en remerciement, Bill m’invite sur son voilier, pour me faire découvrir côté mer, les richesses de ce pays. Comme son bateau est assez spacieux, toute l’équipe se met en “day off”, et partons tous pour une petite ballade dans ce fjord majestueux.
Lorsque tout est prêt et chargé dans le voilier, nous quittons le port, tranquillement au moteur. Il fait un temps ensoleillé et le peu de vent soufflant en légère brise, nous empêche de sortir les voiles. Dans cet univers de fjords, entourés de hautes montagnes encore enneigées pour la plupart, on s’aperçoit du caractère unique qu’est la vallée de Bella-Coola. Sur des centaines de kilomètres, du nord au sud, s’étendent vallées et montagnes, rivières et forêts. Plus d’une vie serait nécessaire pour explorer cette région si sauvage.
Il faut trois heures environ, à petite vitesse, pour atteindre un lieu hautement symbolique à mes yeux: Le dernier grand cèdre rouge. Un point sur la carte comme attraction touristique et musée à la fois. Tellement gigantesque, déjà à l’époque de l’exploitation qui eut lieu un peu partout, que les bûcherons, ont préféré s’attaquer aux “plus petits”. A le voir ainsi, dernier représentant de ses pères, je ne peux m’empêcher de penser comment devait être la vallée, avant, il y a longtemps. On ne voyait certainement pas les montagnes, la forêt dominait alors par son imposante et massive couverture végétale. Après la visite, nous reprenons le bateau pour un autre site, sacré chez les Nuxalk: Une source d’eau chaude! en avant pour un bain chaud, prélude à la prochaine hutte de sudation qui va se dérouler à walker island.
Après avoir passé quelques heures à se relaxer, il faut penser à repartir, afin d’arriver avant la nuit au port. Bill nous attends tranquillement à quelques encablures du rivage. Un coup de pneumatique et nous revoilà à bord. Le chemin du retour est somptueux par la beauté du ciel et de la mer. Les habitants du monde sous marins, tels des enfants curieux viennent nous observer et jouer avec le bateau en se mettant devant la proue. En s’inclinant, ils nous observent avec intérêt, on pourrait presque les toucher.
Après nous avoir suivit un bon moment, les dauphins repartent à leur activité quotidienne: la pêche.
Merci à Bill pour sa gentillesse, de m’avoir emmené ainsi que toute l’équipe pour cette journée magnifique, pleine de surprises et d’enchantement.
De nouveau, je traverse la moitié de la planète en sens inverse. Je retourne sur le Canada, une petite pointe au cœur, après tant d’émotions fortes reçus. Mis à part un contretemps à l’aéroport de Paris, qui me fera prendre l’avion que le lendemain, ce fut trois jours de voyage éclair. Je finis mon voyage dans un bimoteur, survolant cette impressionnante chaine de montagnes s’étendant à perte de vue et qui confère à la vallée de Bella-Coola un caractère unique.
Je pensais, en arrivant, voir le printemps aussi avancé qu’en Bretagne, mais je me trompais. Ici, il a un mois de retard au moins, les nuits sont encore fraîches et les plantes commencent à peine à sortir. Chez Irène, dans le mobile-home que j’occupais durant l’hiver, il n’y a plus de place. La personne qui rénove la maison, y loge. Heureusement, il y a une chambre de libre chez Dave à Hagensborg, à quelques kilomètres de là. Comme le travail ne manque pas, je suis le bienvenue pour donner des coups de mains, en particulier si je sais manier une tronçonneuse…
Dave est un jeune fermier nouvellement installé dans la vallée, il vient du nord du Canada et cherchait des terres pour y démarrer une ferme. Il a l’intention d’élever des cochons plein air, avoir une basse-cour, des vaches peut être. Dans sa ferme, il a une maison à louer et s’associe tout naturellement à Corine, l’amie québécoise rencontré durant l’hiver. Corine loue la maison pour son staff de woofers (personnes qui en échange du gite et du couvert, travaillent sur la ferme sans rémunérations, suivant un temps définit. Cette méthode est très souvent utilisé par les voyageurs, afin de rester quelques temps dans une région).
Andrew et Corisa sont Canadien et travaillent avec Corine depuis un mois maintenant, mais ils ont pour projet de s’installer dans la vallée et de participer au projet.
Pierre, est un jeune Français, Sur la route depuis trois ans, il travail de droite à gauche pour se payer le voyage. Après plus d’un an passé au canada, il songe à rentrer. D’autres personnes viendront par la suite compléter le groupe.
La petite équipe travail d’arrache pieds pour mettre en place les semis dans la serre, installer l’hydroponie, l’arrosage. Corine à dégoté plusieurs anciens petits jardins, qui lui permettent de semer, repiquer, tout un panel de légumes qui seront vendues aux particuliers, sous forme de paniers garnis. mais le plus gros travail reste sur son propre terrain à walker-island, où tout est à faire. Il faut défricher, retravailler la terre, et lorsque le tracteur de Rick vient retourner la terre et passer par la suite le rota pour préparer les planches c’est l’euphorie!
Dans la serre fraîchement installée, il y a tout à faire aussi, et les journées sont bien chargé. Corine, quand à elle,comme ses abeilles dont elles recueille un miel excellent virevolte entre les champs, le téléphone et les réunions en vrai femme d’affaire. l’enjeu est de taille, puisqu’il faut fournir assez de légumes pour gagner sa vie.
Pour les abeilles, le retard du printemps peut être catastrophique. Manquant de fleurs et de pollen pour nourrir leurs larves, elles ne survivraient pas. Il faut donc utiliser le miel d’anciennes ruches, filtrer les impuretés et y ajouter un médicament pour combattre certaines maladies.
Dave, quand à lui gère ses cochons. Un jour il en reçoit de nouveaux, en attendant que ses premières truies mettent bas. Le lendemain, il faut en tuer un, pour se nourrir d’abord, puis par la suite il espère en faire un petit commerce; et ma fois, il sont tellement bon ces cochons, il font le bonheur de tous… Manque juste un peu de sel pour le lard, mais un breton a toujours un gout particulier pour cette pièce de viande, conservé chez nous dans un saloir.
Autre petit bienfait: La bière, ici on en fait par litre, dans sa cuisine, elle s’achète sous forme de kit.Du coup elle est aussi bonne et reviens bien moins cher que celle du commerce!
Le plus dure dans l’histoire, c’est d’attendre deux ou trois semaines avant qu’elle ne se bonifie…
Le destin est parfois surprenant, à tel point qu’il me projette là où je m’y attendais le moins!
A cause, ou grâce à un document administratif important à signer, je me vois dans l’obligation de faire un aller-retour en Bretagne. Une chose impensable il y a quelques mois dans mon esprit, tant je m’était fait à l’idée de ne pas revoir ma terre natale d’ici encore un bout de temps.
La valse des aéroports reprend de plus belle à mon grand désarroi, pour atterrir un peu ébahit sur ma terre ancestrale. Le plus étonnant dans tout ça, c’est que je rejoins les traces de Marilia, revenue elle aussi pour un aller-retour rapide. Une étrange sensation m’envahit en parcourant les chemins sinueux et bocagers qui me conduisent à mon village. « Douceur et quiétude »,tels sont les mots qui me viennent à l’esprit. Un environnement sculpté depuis des siècles par les mains des paysans, cherchant à optimiser la moindre parcelle de terre.
Contraste saisissant avec tous ces pays traversés où l’impression d’une nature forte et sauvage est omniprésente. Des grandes forêts de Taïga Russe où Canadienne, en passant par les steppes Kazakh, les montagnes arides Kirghize où le désert de Gobi en Mongolie, la même impression demeure :La nature sauvage domine, vous pénètre, elle est partout tout atour de vous et ce, malgré son exploitation intense.
Je redécouvre presque avec émerveillement ces lieux où j’ai passé quinze années de ma vie, comme si avec le recul, j’y venais pour la première fois, avec des yeux neufs ; Et puis mon esprit à du mal à l’admettre : Je suis de retour à Trémargat.
« Revenue, mais pas rentrer », c’est ce qu’il me plait à dire aux amis qui me retrouvent, tout surpris de me voir là, parmi eux. De longues retrouvailles chargés d ’émotions ponctuent ces quelques semaines de break. Je raconte mon voyage et m’informe de ce qu’il s’est passé au village pendant mon absence. L’émotion et la joie grandissent encore lorsque, sous la hutte, lors de l’équinoxe de printemps, je me retrouve à suer, entouré d’amis chers, pour apprécier cette « médecine de la terre » qui fait tant de bien au corps et à l’esprit.
Dans ma tête, tout se brouille. Recevoir tant d’amour me fait vaciller. Je me trouve entre deux mondes : L’un est mon village, avec cette incroyable envie d’y vivre maintenant et de partager cette vie avec ces hommes qui y habitent. Les rêves et les projets future s’entremêlent et me font comprendre une fois pour toute où je désire passer le reste de mon existence, comme une évidence.
L’autre, est ce voyage entreprit depuis deux ans et encore inachevé : Un chemin sous le signe de la terre, avec cette envie d’apporter ma pierre à l’édifice pour la compréhension d’une planète bien vivante mais fragile. D’aider à la protection de ces milieux si exceptionnelles et vitaux que sont les anciennes forêts.
Il me faut donc reprendre ce chemin entamé et faire mon possible pour transmettre le message.
Ce second départ est plus difficile que le premier, mais tel une batterie que l’on recharge, ce séjour éclair m’a permis de me revitaliser, d’affirmer mes choix.
Grâce à l’encouragement des amis et l’amour d’une femme, je me sent prêt pour cette nouvelle étape du voyage, et, reprenant une nouvelle fois un vol retour, je rejoins la vallée qui m’a accueillit durant l’hiver.
Le voyage peut reprendre
il a fallut un retard sur le ferry qui devait me ramener à Bella-Coola, pour faire une rencontre furtive mais forte, celle d’un conteur.
Depuis sa plus petite enfance, Gene Tagaban, voulait devenir un “Raven-dancer”, un conteur qui lors d’une cérémonie, endosse la tenue des esprits corbeaux, conte et chante les histoires des anciens, pour qu’on ne les oublies pas. Dans la petite salle communautaire, Gene, raconte, fait participer les enfants, chante avec eux, leurs fait jouer de la musique dans un esprit joyeux et malicieux.
Le message qu’il essaie de faire passer: “Croire en ses rêves!, les vivres, en respectant la terre et ses habitants, qu’ils soient arbres, animaux, vent ou pierre”. Après la soirée, je vais le remercier de sa prestation, lui parle de mon chemin, de ma démarche pour éveiller les consciences à la beauté du monde sauvage qui nous entoure. Je lui parle de la Bretagne et des traditions des veillées que nous avions et que nous essayons de faire perdurer.
Le lendemain, il m’enverra un mail avec ce conte dédié à la forêt. j’en suis très émut de recevoir un si beau cadeau, je vous le transmet, pour qu’il continue a vivre de ce côté çi du continent, portez le racontez cette histoire pour que nous nous souvenions qu’avant il y avait “As-Xaani” le peuple des arbres
PRIERE POUR LA TERRE
de Gene Tagaban conteur TLINGIT
Corbeau volait le long de la plage.
Il revenait d’un long voyage.
Voilà très longtemps qu’il était parti.
Il revenait enfin sur les terres de ses Pères,
Sur les terres des Anciens.
Les choses avaient bien changé.
Corbeau marcha dans la forêt :
Là où, avant, il y avait beaucoup d’arbres,
Il y avait maintenant beaucoup de gens.
Mais Corbeau ne les reconnut pas.
Ils étaient étrangers à ses yeux.
Il s’enfonça dans la forêt, allant toujours plus loin,
Toujours plus profondément, à la rencontre des arbres :
“As Xaani”.
Ainsi appelons–nous le peuple des arbres,
Car ils sont vivants comme nous.
Et Corbeau vit un très vieil épicéa :
C’était un très grand et très vieil arbre,
De la sève coulait le long de son écorce, et tombait sur le sol.
Et pour Corbeau, c’était comme des larmes.
Alors Corbeau s’adressa au vieil arbre,
Trouvant en son cœur les mots qui emportent la tristesse:
« Mon frère, je sens ta tristesse,
Elle est comme un grand poids sur toi,
Cette peine en souvenir de tous ceux de ta famille qui sont partis pour toujours.
Cette peine, c’est comme un arbre déraciné, arraché,
Abattu sur le sol et jeté dans la rivière,
Et charrié vers la mer.
C’est comme un tronc nu, balloté par les flots marins
Pendant des jours et des jours.
Le sel de l’océan le pénètre et il devient lourd, de plus en plus lourd,
Et il commence à s’enfoncer et à couler, de plus en plus profondément,
Jusqu’à devenir presque invisible dans les profondeurs des flots.
Ainsi l’eau de mer est-elle, comme ce chagrin
Qui pèse sur ton cœur. »
Ainsi parlait Corbeau, s’adressant à ce vieil arbre dans la forêt.
« Mais je suis là, mon frère,
Pour t’offrir mon amour et mon aide.
Laisse-moi partager le fardeau de ta peine.
Laisse-moi être comme le soleil.
Vois, ce tronc dans la mer
Est finalement rejeté sur la plage ;
Et le ressac des vagues l’entraîne, et le porte sur la terre ferme.
Et voici que les rayons du soleil viennent se poser sur lui,
Et le réchauffent, et toute l’eau de mer,
Tout ce poids dans son cœur de bois
Commence à sécher et à s’évaporer.
Le soleil réchauffe tout, le soleil sèche tout.
Laisse-moi être comme le soleil.
Laisse-moi assécher ta tristesse. »
Et Corbeau pleura avec le vieil arbre.
Il pleura pour « As Xaani », le Peuple des Arbres,
Arraché à la forêt.
Alors arriva Aigle, frère de Corbeau.
Voici longtemps, ils riaient ensemble,
Et parfois même ils se querellaient.
Maintenant, était venu pour eux le moment de voler
Au-delà des terres de leurs Pères,
Au-delà des terres des Anciens.
Comme les mots de cette chanson :
« Ainsi, la terre de nos Anciens ne sera pas oubliée;
Laissez nos voix se faire entendre,
Ayez confiance en vos instincts, en votre cœur
Entendez nos complaintes,
Priez comme Corbeau. »
Nous sommes du peuple du Corbeau.
Nous sommes du peuple de l’Aigle.
Nous entendons les voix de nos Ancêtres,
Nos Pères, et ils nous disent:
« Eclairez l’esprit des enfants,
Et racontez, encore et encore, les vieilles histoires.
Nous nous les raconterons les uns aux autres.
Nous les raconterons aussi aux étrangers,
Et peut-être comprendront-ils. »
Merci à Aliceu, conteuse bien connue chez nous qui a permis une traduction plus juste et plus fidèle a l’esprit du conteur.
Ce conte m’a inspiré une autre petite histoire, elle aussi arrangé par Aliceu.
L’Eau et le Feu
On dit que le Feu et l’Eau ne font pas bon ménage,
mais un jour, ils s’allièrent pour le plus beau des voyages.
Il y a très longtemps, au temps où les montagnes bretonnes étaient jeunes, très jeunes,
il y avait un petit ruisseau, à peine un murmure, mince comme un filet d’eau, et qui rêvait de parcourir le monde.
Mais il était si petit qu’il n’osait pas entreprendre un tel voyage.
Il se lamentait et pleurait d’être si petit; et sa peine fut entendue par la montagne.
Elle lui dit:
“Que se passe-t-il, Petit Ruisseau ? Pourquoi ces larmes, pourquoi ces plaintes, pourquoi cette peine ?”
Petit Ruisseau dit à la montagne:
“Je pleure, parce que je suis tout petit, et jamais, jamais je ne pourrais visiter le vaste monde, sillonner les forêts et grandir !… Jamais je ne pourrais entreprendre seul un tel voyage !…”
Et il soupira tristement.
La montagne fut émue par le Petit Ruisseau, et elle décida de l’aider.
Alors, dans un grondement énorme, elle tourna sa bouche vers le ciel. Et le Feu jaillit de la montagne, brûlant, fort et fier, indomptable, et si brillant de couleurs que le ciel se colora à son image.
Et le Petit Ruisseau sentit son cœur faire un bond en avant.
Le Feu de la Montagne dévala la pente abrupte jusqu’au ruisseau. Petit Ruisseau était très content d’avoir un tel compagnon, un allié de poids.
Alors, il prit courage, et ensemble, ils entreprirent le voyage.
Et le voyage les emmena loin, très loin, part delà les collines et les montagnes, franchissant des déserts arides, des plaines immenses, et de vastes et très vieilles forêts, où personne n’était encore jamais allé.
Et plus le temps passait, plus le chemin était long derrière eux, plus Petit Ruisseau grandissait, s’affermissait, devenant de plus en plus fort, de plus en plus grand, pour se muer en rivière.
Lorsqu’ils furent arrivés à l’extrémité de la terre, devant l’océan, le Feu de la Montagne s’adressa à Petit Ruisseau devenu Rivière.
” Je ne peux aller plus loin, Petit Ruisseau ; à parcourir ainsi la terre, je suis fatigué… Ici, dans cette grande forêt, j’ai envie de me reposer; il y a des montagnes où je pourrai me ressourcer : Je veux m’arrêter là. Mais toi, va, continue seul ta route. Tu es assez fort maintenant.”
Et le Feu de la Montagne sourit avec amitié à Petit Ruisseau.
Petit Ruisseau devenu Rivière fut très triste de perdre ainsi son ami, le
Feu de la Montagne, et il pleura, pleura tellement qu’il grossit encore et encore,
Devenant fleuve, puis torrent bouillonnant.
Et lorsqu’il fut Torrent, il se jeta dans la mer, et se mélangeant à ses flots, il devint Océan.
C’est ainsi qu’il put atteindre un autre pays, une autre terre, loin, très loin de la première.
Pénétrant dans un étroit chenal, il se fit mince et léger, et, redevenu rivière, il put s’avancer dans le pays, visitant ces terres nouvelles, continuant son chemin, continuant son voyage.
Le cœur léger et plein de feu.
Ainsi est l’histoire de l’alliance entre le Feu et l’Eau.
Ce n’est pas à proprement parler de cabane comme on pourrait l’imaginer, en pleine forêt, toute en bois, style cabane de chasse Russe de la Primorié, mais plutôt d’un lieu adéquat au besoin du moment. merci la vie encore une fois.
Après avoir passé quelques jours chez Clarence, mon “papy-cougar”, c’est dans un mobile-home que je passerai une partie de l’hiver. Irene est une jeune infirmière du petit hôpital de Bella-coola, qui y travaille à temps partiel. Depuis peu, elle a acheter une maison équipée d’un mobile-home, qui ont souffert tous deux de la récente crue du fleuve. Là aussi il y a besoin d’aide, et tout naturellement l’échange se fait. Je peux avoir une chambre et partager le “trailer” comme on dit ici, contre un coup de main à la rénovation. il faut repeindre les pièces et installer un nouveau plancher. Dehors, Gilles, un charpentier, s’affaire à surélever le tout de 50cm, afin de prévenir les prochaines montée des eaux
L’activité ne manque pas autour du mobile-home!
Ce lieu me permet de prendre le temps nécessaire à la réalisation des deux prochains films sur la Russie. Celui (enfin!) de notre deuxième partie de voyage, la rencontre avec la taïga des Komis, au nord de l’Oural, au cours de l’été 2009. Un film de 38mn qui devient une sorte de rétrospective. Et puis il y a aussi le film sur la rencontre avec la Primorié et les Udèges, au nord est de Vladivostok, au cours de l’été dernier. Au bout du monde, au bout du voyage et au début d’un autre… il sera réaliser certainement à la suite, avec une pointe différente d’émotion.
Je passe donc la plupart de mon temps en alternance, pour ne pas saturer, entre les outils à bois, la table de montage (on m’a prêté un autre écran, ça aide!!!) et les pinceaux (je m’y suis remis avec plaisir, je vous montre ma croute). Bien entendue, les randonnées sont toujours au programme, je ne peux m’en passer.
En attendant de trouver un logement pour l’hiver, je suis hébergé chez Clarence. A 84 ans, ce bonhomme, ancien prisonnier de guerre, et ancien maçon à de l’énergie à revendre, et des histoires de cougars et de grizzly à la pelle. Il faut dire qu’à 74 ans il a été un des rares à survivre à une attaque d’un “chat”, comme on l’appel ici. les crocs plantés dans la tête, il a réussi à se battre à mains nues contre l’animal, en mettant sa main dans la gueule du carnassier pour l’empêché de l’atteindre. De l’autre bras resté libre il à maintenue sa tête contre son torse et essayé de l’étouffer, c’est un ami qui l’accompagnait qui a mit fin aux jours de l’animal. Clarence s’en est sortit de justesse, avec un doigt en moins et avec des morsures qui ont frôlé la carotide de quelques mm seulement!!!
Depuis, il ne parle plus que de chasse et du danger que représente ces animaux prêt à s’attaquer aux humains. Dans la vallée, les histoires de visites de grizzly et de cougars se multiplient. Il faut dire que maintenant sans nourriture donnée par la forêt perturbée, les animaux n’hésitent plus à visiter les poulaillers et renifler de très prêt chats et chiens en maraudes. Voir un cougar de prêt est une occasion unique, une rencontre magnifique… Mais celui que j’ai vu à quelques mètres de moi seulement était prêt à tout pour trouver à manger, même à mourir. Car le dernier endroit où il faut aller pour ces bêtes là c’est bien la maison de Clarence. il devait certainement attendre patiemment que l’on parte de la maison pour commettre ses mefaits, il planquait sous un vieux camion et reluquait avec appétit le chien qui lui aboyait dessus. C’est ainsi que je l’ai repéré et observé. Le vieux chasseur n’a pas fait de sentiments, à sortit son fusil et l’a abattu d’un seul tir, précis et fatale. Son 35ème en 40ans de chasse. Lorsqu’il y a un problème avec ce genre d’animaux, c’est lui ou son fils qu’on appelle.
Pour moi, c’est un coup dure de voir ses animaux tués juste pour quelques volailles, j’aiderai cependant à dépecer le Grizzly et à récupérer un peu de viande pour le gouter. Afin que son esprit puisse rester libre, et non pas cloué à un mur avec sa peau, je prélève quelques poils et confectionne un sac en cuire pour les recevoir. J’espère ainsi que son esprit m’accompagnera dans mon voyage à venir.
Il est clair qu’il devient très dangereux de se promener en forêt, tout le monde le dit. Mais moi, attristé par ces évènements, je m’enfuie, là où je me sens chez moi, où je respire la vie. je pars pour une ballade en montagne, sur les hauteurs, respirer la vie et non pas la mort.
Un mois après les inondations, les traces du passage des flots demeurent pour longtemps encore présentes. Partout des engins travaillent à endiguer, réparer les routes et les ponts, on estime au bas mots 20 millions de dollars de dégâts, rien que pour l’infrastructure routière! De mon côté, j’aide comme je peux à évacué tout ce qui a été touché, donc perdu. Les aller-retour à la déchetterie se multiplient et défilent devant moi tout le passé des gens. Certains petits fermiers (et il y en a beaucoup dans la vallée), ont perdus leurs cheptels.
Alors, même une fête anglophone comme “Thanksgiving”, fête ou l’on remercie Dieu pour l’abondance des récoltes, a une journée morose.
Pour Corine et ses amis, c’est l’occasion de faire la fête, pour moi de remercier la vie de m’avoir apporté cette rencontre avec les éléments.
On découpe la dinde traditionnelle, et après avoir gouté à l’hydromel de l’apicultrice, dansons et chantons afin d’aider la digestion!!!
En tant que “rescapé”, j’ai droit à un régime de faveur. Le gouvernement de Colombie-britannique m’octroie des bons d’achats me permettant de me vêtir et d’acheter le nécessaire de toilettes. On me loge également 3 nuits dans un hotel-pension, le “Eagle-lodge”. Il faut dire que je n’ai plus rien, excepté les affaires que je porte. Mon vélo et mon matériel sont restés chez Jeff et j’apprends que la route est coupée. La Bella-coola l’a emporté sur 200m. Impossible pour l’instant de les récupérer. Au campement chez Corine, c’est le désastre, 20cm d’eau boueuse a inondé tout le local. J’ai une partie de mes affaires à l’intérieur, il faut absolument entrer et sécher ce qui est trempé. Je suis obligé de forcer la porte et commencer à tout nettoyer. Corine est absente, partie quelques jours avant la catastrophe à une conférence. Elle ne rentrera que bien plus tard.
Dans la vallée le constat est bien pire, routes coupées, maisons inondées. Certains habitants ont tout perdu! Mais on ne déplore aucune victime (humaine). Parce que des victimes, il y en a eu. Toute la population forestière est bouleversée, beaucoup d’ours sont mort et vont mourir cet hiver. Les eaux ont emporté les saumons qui ne remonteront plus maintenant, ainsi que leurs œufs et ont modifié les frayères à long terme. La vallée inondée rend inconsommable les plantes et baies dont les ours raffolent, ainsi sous alimentés, ils deviennent plus agressifs car ils ont faim.
Les hommes inlassablement reconstruisent. Mais ont ils compris le message que leur environnement leur à transmis? Est ce pour eux autre chose qu’une “catastrophe naturelle”?
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