Rainforest : le film
Rainforest est un aperçu de ce qu’il reste de la forêt nord-américaine :
- la forêt des Tongass en Alaska
- la forêt du Grand Ours au Canada
- et la Redwood forest, la forêt de Séquoias géants, une forêt tempérée humide cotière.
Rainforest est un aperçu de ce qu’il reste de la forêt nord-américaine :
Petit à petit, au fur et à mesure que je descends vers le sud, le soleil montre gentiment le bout de ses rayons bienfaisants. J’ai beau me dire que c’est nécessaire et vitale pour la redwood forest, je suis bien content d’avoir chaud. Mais ce n’est quand même pas les grosses chaleurs, et me dit que c’est plus facile pour rouler. ah! vivement le cancer! enfin pas celui qui me guette à force de fumer, mais l’autre, celui des tropiques. Mais je ferai moins le malin une fois arriver au Mexique en traversant le désert du Sonora, là il fera vraiment très, très chaud.
La route appelé “l’allée des géants”, est encore un moment jalonnée de séquoias, preuve que ces “seigneurs” de la forêt étaient présent à une époque pas si lointaine que ça sur une bonne partie de la côte ouest. A un moment donné, je me suis demandé si je n’allais pas rendre visite à leurs cousins les séquoias géant de la Sierra Névada, mais le temps me manque et n’ai pas envie d’avoir le cœur brisé de voir une nouvelle fois ce cortège de touristes attirés par l’envie de se faire prendre en photo à leurs pieds où passer en voiture à travers l’un d’entre eux, comme le montre cette célèbre photo que l’on connait tous.
La route devient un peu plus tranquille lorsqu’elle bifurque , pour longer au plus près la côte ouest pacifique. Je me rapproche cependant d’une grande ville: San Fransisco. Bien qu’habituer depuis de long mois passés en Colombie Britannique, cela me fait toujours un peu drôle d’être obligé de tout calculer: Les miles en km, les gallons en litres, les kilos en livres, les centimètres en pouces, les millimètres en pieds… Je fais donc très souvent des “pieds et des mains ” pour tout convertir! d’ailleurs petits jeux, je me suis pesé avec mon vélo sur une balance de camion histoire de voir combien je trimbale; Sachant que une livre fait 0,40 kg, je pèse avec mon vélo et sacoche: 300 livre (le vélo seul avec bagages 160), à vous de jouer.
Beaucoup de lieux portent des noms Russes comme “fort Ross”, qui vient de Rossia (Russie), qui jadis installaient des comptoirs sur la côtes pour traiter les fourrures. C’était lorsqu’ils possédaient l’Alaska. A mes yeux c’est comme à chaque fois un bonjour de la Russie. Je ne manquerais pas d’aller jeter un petit “Priviet” (bonjour), au cimetière du fort.
San Fransisco, grosse ville sur ma route. Avec le trafic, c’est pour moi stress on the city, mais heureusement l’itinéraire vélo est bien fait, et me fait passer par les villas bourgeoises, un luxe qui ressemble plus à des maisons barbies qu’autres choses. Sur le fameux pont de la “porte d’or”, c’est la cohue de touristes japonais, asiatiques ou autres venue se faire photographier sur ce monument mythique.
Je le traverse sans sourciller, pour moi c’est juste un pont! et je perds du temps à slalommer entre les badeaux
Puis les villes s’enchainent les unes après les autres: Santa barbara, qui me rappel se feuilleton débile qui passait dans ma jeunesse, Santa cruz, avec un air déjà mexicain, mais faussement bourgeois et touristique, à la vue de bons nombres de sans abris et de “zonard” qui trainent le long des faubourgs.
Puis, avant Los Angeles, autre grosse ville qui m’érisse les poils: Malibu ( encore un feuilleton débile) sans heureusement d’alerte, puisque je traverse les plages tôt le matin et qui sont du fait désertes.
Heureusement, il y à des rencontres, et particulièrement Kenneth. Musicien et prof de tennis pour des cours particuliers, il associe le yoga et le tennis pour donner un coup de souffle nouveau à ses élèves. Sur la route depuis plusieurs années maintenant il à choisit ce mode de vie qui, dit il lui convient mieux. Besoin de peu de choses, une vie plus seine et sans stress.
Il aimerait quand même devenir célèbre dans cette région où les riches abondent. Nous roulons ensembles deux journées, cela me convient, il connait tout les plans camping ou dormir, prendre des douches gratuitement. Il a cependant du mal à vouloir camper en pleine nature à mon grand regret, et quand je l’ai vu manger froid des boites de conserves, je lui ai proposer un ptit gueuleton.
Puis c’est la ville de Los Angeles qui une fois de plus me fait grincer des dents et tousser plus qu’un paquet de clop. Après les plages et les villas bourgeoises, le port avec ses millions de conteneurs attendant d’être expédier pour la surconsommation à outrance, ce sont les raffineries et quartiers industriels qu’il faut traverser. Camper dans la nature est une douce utopie et seul un parc national fait d’arbustes rabougris replantés me permettra de me poser sans pouvoir y faire de feu de peur d’être repéré. Tout d’ailleurs autour de moi sur ma route est artificiel. Autour des routes, villes ou villas arrosés en permanence par des réseaux de tuyaux d’eau permet aux parterre de fleurir, alors que dans les collines ce sont les cactus et les arbustes secs qui poussent. La région devient plus sèche, pas les villes.
Les habitants en sont très content de vivre dans cet univers de faux semblant, cachant leurs craintes d’être agressés où cambriolés. alors on veille!!!
Les kilomètres défilent et me voilà dans la dernière grande ville avant la frontière Mexicaine: San Diego.
Sans trop y croire j’envoie un mail à un contact rencontré au tout début des US, Bryan, qui en fin de virée à vélo dans les environs de l’Olympic National Parc m’avait croisé. A ce moment je m’étais dis que je ne comptais pas m’y arrêter dans cette ville frontalière. Mais au final, une bonne pause, histoire de préparer la suite du voyage est plus que nécessaire. Bryan est prof de science et sa femme Elizabeth trompettiste en freelance et également prof. Ils sont chez eux et sont heureux de m’accueillir. Ils font vraiment tout pour que je puisse me sentir comme chez moi, me conduisant même à travers la ville y trouver banque, poste et magasin vélo.
Une amitié se créer, des moments forts partagés me font changer mon idée sur les américains, même si je me doutais que tous ne sont pas avec un gros camping car où dans des maisons bourgeoises entretenues par des Mexicains qu’ils craignent. Je les remercie comme je le peux, en cuisinant des petits plats à ma façon où en leurs offrants les films du voyage et une aquarelle. Bryan me promet qu’à ses prochaine vacances il me rejoindra pour rouler ensemble en Amérique Centrale.
Il est temps pour moi de reprendre la route, même si je pouvais rester encore plus longtemps, la suite du voyage m’appelle. nous nous reverrons, c’est sûr. J’espère pouvoir un jour les accueillir dans mon village et leurs rendre la pareille. Un autre monde m’attend à présent. Tout, je le sais va être différent, climat, population, niveau de vie et ambiance. C’est bien le tour des mondes que je réalise, Au revoir les US, bonjour le Mexique!!!
Tout au long de la côte Nord-Ouest des Etats Unis, du Sud de l’Oregon, au Nord de la Californie, s’étend une forêt des plus exceptionnelle. Apparue au cours du Jurassique, il y plus de cent millions d’années sur tout hémisphère nord du globe, elle fut contemporaine des dinosaures. Avec la dernière glaciation et les changements de température, elle fut retranchée à cette étroite bande océanique au relief montagneux.
C’est en 1794, qu’un scientifique du nom de Archibald Menzies décrit cette espèce et lui donne le nom de Séquoia Sempervirens. Séquoia en l’honneur d’un chef de tribu Cherokee: « Sequoyah » et sempervirens qui veut dire toujours vivant. Avec plus de 100m de hauteur ils font partis des arbres les plus haut au monde,peuvent vivre plus de 2000 ans et peser plus de 50 tonnes. Résistants aux insectes et aux feux et ayant la faculté d’émettre des rejets par leurs racines et leurs troncs, ils méritent bien leur nom.
Dans sa famille, il a deux cousins. Le Sequoiadendron giganteum ou Séquoia géant vit lui dans la Sierra Nevada, à l’Est de la Californie dans les montagnes. Là, vivent les plus gros et plus massifs arbres au monde. Certains comme le « Général Sherman » à une hauteur de 83m pour une circonférence de 30m, un volume de 1400m3 et une masse estimée à 1200 tonnes!
Le second, le………… (métasequoia glyptostropoïde), vit quand à lui dans le Sichuan, une province de Chine.
Lorsque l’on parcours cette forêt de séquoia, on est non seulement frappé par l’imposante stature de ces géants, mais aussi par l’incroyable diversité de fougères, de mousses et d’arbustes qui tapissent le sol. Certaines fougères (épiphytes) colonisent la canopée offrant gite à une myriade d’insectes, de grenouilles et d’oiseaux.
Lorsque l’on mesure sa biomasse (c’est à dire l’ensemble du vivant dans un espace donné), elle est 5 fois supérieure au m2 que la forêt tropicale ! L’atmosphère ambiant explique cette incroyable biodiversité. La confrontation entre l’air froid venu de l’océan et la chaleur de la terre, créer un brouillard quasi permanent pendant l’été et un temps doux et pluvieux pendant l’hiver.
Les cerfs et chevreuils abondent, mais les ours et les cougars se font rare. Les rivières et l’océan regorgent de poissons et de mollusques dont raffolent les « lions de mers ».
C’est dans cet univers que vivaient les Yorok, les Tolowa ou les Chilula depuis près de 10 000ans. Vivants en parfaite collaboration avec leur environnement, ils tiraient du séquoia la majeur partie de leurs bien matériel. Maisons, canoës, vêtements et ustensiles divers venaient de cet arbre incroyable.
Ce sont les Russes qui les premiers s’installèrent dans la région vers 1812, et installèrent un comptoir où ils commerçaient les peaux de loutres de mer et autres mammifères. En 1800, la forêt côtière couvrait probablement 1 million d’ha, lorsque les premiers colons Américains prirent possession des lieux. A leurs contact, les tribus native furent décimées, la porte était grande ouverte pour l’exploitation en tout genre. De l’or fut trouvé et les mines commencèrent à creuser, puis les industries forestières s’intéressèrent au potentiel que représentaient les qualités du séquoia. Lorsqu’un tremblement de terre, suivit d’un incendie dévasta San Fransisco en 1906, les coupes de bois redoublèrent, réduisant encore la surface de forêts primaire. Au début du vingtième siècles, plusieurs botanistes et des personnes de renom s’alarmèrent et fondèrent la ligue « sauvons les séquoias » . Aidés par plusieurs mécènes dont Rocquefeller, ils purent acquérir des centaines d’ha de cette ancienne forêt.
Aujourd’hui, seul 5% (47000ha) de la forêt originelle subsiste et est sous le contrôle des parcs Nationaux, où l’on peut recenser 80% des plus vieux sujets.Cependant, 750 000ha de seconde repousse (c’est à dire d’arbres qui peuvent atteindre l’âge de 200 ans), sont en majeur partie soumis aux exploitations forestières. Même au sein des parcs Nationaux, la « protection » de ces espaces sensibles ne me semblent pas suffisante pour la conservation de la dernière forêt humide de séquoias.
Un des facteurs les plus alarmant à mon avis est le climat. Le réchauffement climatique global planétaire, entraine une diminution des brouillards côtiers pendant la saison estivale. A la grande joie des touristes qui affluent, mais au détriment de cet environnement, qui avec un climat plus sec verra disparaître ces ancêtres, mémoire de la terre.
Le second problème à mon sens est l’impact touristique. Certe, informer et sensibiliser est important et permet d’éveiller les esprits, mais il faut prendre garde. Des routes récemment refaites qui traversent des zones d’anciennes forêts, à travers les parcs, les campings et divers boutiques à souvenir et les chemins de randonnées qui la parcours de long en large, la met en péril et menace sont équilibre.Les milliers de pas des touristes curieux tassent le sol, les voitures et énormes camping cars polluent à tout va, là où devrait exister une réserve stricte. On m’assurera cependant qu’il en existe, « plus au sud »
Que reste t-il donc de la réelle énergie d’une forêt ancienne sans la vie sauvage et de cette complexe symbiose qui y règne ? On nous met en garde contre l’ours noir ou le cougar, mais avec tout ce vacarme, pas un ne s’approchera à des km à la ronde. Seul le « cerf de Roosevelt » vient brouter tranquillement dans une prairie qui jouxte un parc qui porte son nom : Il s’est fait aux touristes, mais reste méfiant. Je m’étonne même de voir si peu de moustiques. Je me sens plus en visite dans un musée, dans un temple à vastes colonnes. Je m’y promène avec respect et humilité,. J’ai malheureusement l’impression de voir disparaître ce lieu et une profonde émotion m’envahit.
La encore il faudrait prendre des mesures draconiennes pour permettre d’étendre la superficie des parcs et préserver l’ensemble de la forêt de séquoia, l’ancienne comme la nouvelle, et permettre aux générations future d’admirer, comme nous en avons la chance, ce que pouvait être l’origine du monde.
Débarqué à Port Angeles, je roule à présent sur le continent. La route longe cette fois ci la côte Ouest et ne devrait plus quitter l’océan pacifique pendant de long mois.
Les formalités douanières sont expédié d’une façon plus que rapide à mon grand étonnement: pas de fouille de sacs ni de questions à tout va. Ne m’attardant pas dans cette petite ville, j’entame les premiers km sur la nationale 101, très connue des véloroutards et touristes en tout genre qui descende vers le sud. lorsque je m’étais renseigné pour la route à suivre et descendre au Mexique, tout le monde me l’avait conseillé.” La côte pacifique, tu verra, c’est beau et c’est un vrai bonheur!!!”;
Ces premiers jours de route se feront, malgré la pluie (rainforest oblige), sous le signe de l’Olympic National Parc. Un parc magnifique renfermant des épicéa magnifique, gigantesque, avec en sous bois, une végétation de fougères et d’arbustes des plus luxuriants.
Cependant, dès que l’on quitte les parcs, mon cœur et mon âme prennent un coup d’électrochoc. Je suis une fois de plus bouleversé par le spectacle des coupes rases. Les montagnes sont littéralement pelées. Les camions de bois incessant vont et viennent chargés de leurs funeste butin. J’en suis écœuré. Ici par contre, pas de détail, on ne prends même pas la peine de laisser une bande boisée, on exploite tout. J’ai beau me dire qu’il faut du bois pour construire le monde que l’homme s’est fait, je ne peux qu’avoir un sentiment de tristesse et à la fois de révolte; Quand bien même tout est replanté, cela ne deviendra jamais une vrai forêt avec toute cette vie qui y est connecté. Camper devient même difficile. Trop de végétation abondes après les coupes et les replantation et lorsque j’aperçois une bande forestière, c’est pour découvrir un jeune boisement d’une trentaine d’année avec en dessous, souches et branches sans dessus dessous datant des premières coupes. Alors, je trouve malgré tout de quoi m’installer sur les chemins d’exploitations caillouteux.
Le temps est toujours à la pluie mettant mes nerfs un peu à l’épreuve, mais me console quand on m’informe que l’état de Washington veut protéger le reste des forêts anciennes et passer ainsi à 50% de son territoire en Parc Nationaux. Les habitants manifestent, râlent pour les emplois manquant, les villes étant depuis longtemps tournées vers l’industrie du bois, et ne comprennent pas que le tourisme peut lui aussi être une source de revenue.
j’implose de rage lorsque sur ma route, je croise la mort. Une chouette vient juste d’être abattue par une voiture. Moi qui parlais des touristes, eux aussi, avec leurs gros trucks remorques et caravanes toutes plus grosses les unes que les autres font des dégâts sur l’environnement. A croire que c’est devenue une compétition national pour les retraités d’avoir ce genre d’appartement roulant coutant trois tours du monde pour moi. Insolence de la sur-consommation.
Bientôt je rentre dans l’état de l’Oregon, j’espère y trouver autre chose que le signe pour moi de la mort. Mais ça veut dire également qu’il est temps de faire quelque chose pour notre planète. Réveiller le cœur des gens et leurs faire comprendre qu’il suffit de peu de chose pour inverser le processus et de vivre dans un monde plus agréable. Faite le test: Après la pluie, la forêt inonde de parfums de toutes sortes, respirez après le goudron de la route, avec les voitures et camions polluants qui la parcours, c’est une horreur!! Je suis bien placé pour en parler.
Mais je suis optimiste, je sais que les rencontres peuvent être belles, tant au niveau humain que forestier, le prochain état traversé ne me démentira pas…
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