Survivante de la préhistoire et mémoire de la terre : La Redwood forest
Tout au long de la côte Nord-Ouest des Etats Unis, du Sud de l’Oregon, au Nord de la Californie, s’étend une forêt des plus exceptionnelle. Apparue au cours du Jurassique, il y plus de cent millions d’années sur tout hémisphère nord du globe, elle fut contemporaine des dinosaures. Avec la dernière glaciation et les changements de température, elle fut retranchée à cette étroite bande océanique au relief montagneux.
C’est en 1794, qu’un scientifique du nom de Archibald Menzies décrit cette espèce et lui donne le nom de Séquoia Sempervirens. Séquoia en l’honneur d’un chef de tribu Cherokee: « Sequoyah » et sempervirens qui veut dire toujours vivant. Avec plus de 100m de hauteur ils font partis des arbres les plus haut au monde,peuvent vivre plus de 2000 ans et peser plus de 50 tonnes. Résistants aux insectes et aux feux et ayant la faculté d’émettre des rejets par leurs racines et leurs troncs, ils méritent bien leur nom.
Dans sa famille, il a deux cousins. Le Sequoiadendron giganteum ou Séquoia géant vit lui dans la Sierra Nevada, à l’Est de la Californie dans les montagnes. Là, vivent les plus gros et plus massifs arbres au monde. Certains comme le « Général Sherman » à une hauteur de 83m pour une circonférence de 30m, un volume de 1400m3 et une masse estimée à 1200 tonnes!
Le second, le………… (métasequoia glyptostropoïde), vit quand à lui dans le Sichuan, une province de Chine.
Lorsque l’on parcours cette forêt de séquoia, on est non seulement frappé par l’imposante stature de ces géants, mais aussi par l’incroyable diversité de fougères, de mousses et d’arbustes qui tapissent le sol. Certaines fougères (épiphytes) colonisent la canopée offrant gite à une myriade d’insectes, de grenouilles et d’oiseaux.
Lorsque l’on mesure sa biomasse (c’est à dire l’ensemble du vivant dans un espace donné), elle est 5 fois supérieure au m2 que la forêt tropicale ! L’atmosphère ambiant explique cette incroyable biodiversité. La confrontation entre l’air froid venu de l’océan et la chaleur de la terre, créer un brouillard quasi permanent pendant l’été et un temps doux et pluvieux pendant l’hiver.
Les cerfs et chevreuils abondent, mais les ours et les cougars se font rare. Les rivières et l’océan regorgent de poissons et de mollusques dont raffolent les « lions de mers ».
C’est dans cet univers que vivaient les Yorok, les Tolowa ou les Chilula depuis près de 10 000ans. Vivants en parfaite collaboration avec leur environnement, ils tiraient du séquoia la majeur partie de leurs bien matériel. Maisons, canoës, vêtements et ustensiles divers venaient de cet arbre incroyable.
Ce sont les Russes qui les premiers s’installèrent dans la région vers 1812, et installèrent un comptoir où ils commerçaient les peaux de loutres de mer et autres mammifères. En 1800, la forêt côtière couvrait probablement 1 million d’ha, lorsque les premiers colons Américains prirent possession des lieux. A leurs contact, les tribus native furent décimées, la porte était grande ouverte pour l’exploitation en tout genre. De l’or fut trouvé et les mines commencèrent à creuser, puis les industries forestières s’intéressèrent au potentiel que représentaient les qualités du séquoia. Lorsqu’un tremblement de terre, suivit d’un incendie dévasta San Fransisco en 1906, les coupes de bois redoublèrent, réduisant encore la surface de forêts primaire. Au début du vingtième siècles, plusieurs botanistes et des personnes de renom s’alarmèrent et fondèrent la ligue « sauvons les séquoias » . Aidés par plusieurs mécènes dont Rocquefeller, ils purent acquérir des centaines d’ha de cette ancienne forêt.
Aujourd’hui, seul 5% (47000ha) de la forêt originelle subsiste et est sous le contrôle des parcs Nationaux, où l’on peut recenser 80% des plus vieux sujets.Cependant, 750 000ha de seconde repousse (c’est à dire d’arbres qui peuvent atteindre l’âge de 200 ans), sont en majeur partie soumis aux exploitations forestières. Même au sein des parcs Nationaux, la « protection » de ces espaces sensibles ne me semblent pas suffisante pour la conservation de la dernière forêt humide de séquoias.
Un des facteurs les plus alarmant à mon avis est le climat. Le réchauffement climatique global planétaire, entraine une diminution des brouillards côtiers pendant la saison estivale. A la grande joie des touristes qui affluent, mais au détriment de cet environnement, qui avec un climat plus sec verra disparaître ces ancêtres, mémoire de la terre.
Le second problème à mon sens est l’impact touristique. Certe, informer et sensibiliser est important et permet d’éveiller les esprits, mais il faut prendre garde. Des routes récemment refaites qui traversent des zones d’anciennes forêts, à travers les parcs, les campings et divers boutiques à souvenir et les chemins de randonnées qui la parcours de long en large, la met en péril et menace sont équilibre.Les milliers de pas des touristes curieux tassent le sol, les voitures et énormes camping cars polluent à tout va, là où devrait exister une réserve stricte. On m’assurera cependant qu’il en existe, « plus au sud »
Que reste t-il donc de la réelle énergie d’une forêt ancienne sans la vie sauvage et de cette complexe symbiose qui y règne ? On nous met en garde contre l’ours noir ou le cougar, mais avec tout ce vacarme, pas un ne s’approchera à des km à la ronde. Seul le « cerf de Roosevelt » vient brouter tranquillement dans une prairie qui jouxte un parc qui porte son nom : Il s’est fait aux touristes, mais reste méfiant. Je m’étonne même de voir si peu de moustiques. Je me sens plus en visite dans un musée, dans un temple à vastes colonnes. Je m’y promène avec respect et humilité,. J’ai malheureusement l’impression de voir disparaître ce lieu et une profonde émotion m’envahit.
La encore il faudrait prendre des mesures draconiennes pour permettre d’étendre la superficie des parcs et préserver l’ensemble de la forêt de séquoia, l’ancienne comme la nouvelle, et permettre aux générations future d’admirer, comme nous en avons la chance, ce que pouvait être l’origine du monde.
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