Dans la fournaise de la Baja-California, Mexique
Bryan me propose de me pousser en voiture jusqu’à l’embranchent de la route qui me conduit vers le Mexique et une petite ville frontalière du nom de Técaté. J’accepte volontiers, ce nouveau coup de pousse me permet de quitter la ville et de m’épargner plusieurs kilomètres.
Malgré cette heure matinale, il fait déjà très chaud. Les quelques 30 km qui me sépare de ce nouveau pays sont déjà éprouvants, il va falloir s’adapter à ce nouveau changement extrême. Pendant deux jours, mal de crane et pointe de côté vont ponctuer ma route. Mais côté positif, je bénéficie d’un visa de 6 mois en payant une petite taxe, Au service d’immigration, le préposer à juger qu’il me fallait au moins ce temps pour traverser son pays! Magnifique, le stress d’arriver au plus vite à san Cristobal, au sud , disparaît.
Je met le cap au sud, m’enfonçant dans cette longue bande de terre entourée par la mer.Le nord est d’abord plus vallonné, un peut boisé, de ci de là par des chênes vert et les premiers cactus apparaissent. Je découvre alors, d’un coup, la vrai chaleur, celle qui cogne et qui fait mal, aussi chaud qu’une sweat lodge (hutte de sudation). Il y a l’adaptation à cette bande goudronnée avec dessus un autre style de conduite de ceux qui l’utilisent.
Difficile premiers kilomètres, voitures et camions n’ont pas l’habitude de voir un voyageur à vélo parcourir cette route même si je ne suis pas le seul à l’emprunter. Parfois, c’est juste, les lourds et bruyants semi-remorques me frôlent mais ça passe.
Ils sont à la fois mes pires ennemis et mes plus fervents supporters! Les odeurs des plantes me rappellent la steppe du Kazksthan, la chaleur et les détritus innombrables le long de cette bande goudronnée, plutôt l’Afrique. L’odeur! c’est l’avantage du vélo que d’avoir le nez à l’air et de tout sentir, le bon comme le mauvais. De nombreux cadavres d’animaux ponctuent les journées, à même la berge, frais ou séchés par le soleil depuis des mois. Des tronçons sont en réparation, souvent sur plusieurs kilomètres, il faut “jouer des coudes” pour pouvoir passer.
Heureusement pour moi, c’est de courte durer, dans l’ensemble la route est neuve, un vrai billard. Je pense alors aux cyclistes qui ont empruntés cette route il y a 5 ou 10 ans, cela devait être quelque chose! Au fur et à mesure mon corps s’adapte à cette fournaise, la température grimpe, dès les premières heures de la journée. Chaleur étouffante qui me fait lever de bonne heure pour pouvoir rouler un peu “à la fraîche”, juste quelques heures… Lors d’une pause matinale dans une des petites boutique faisant office de restau-routiers, le thermomètre indique 35° à l’ombre, il est 8h30! il fait bien 50° sous le soleil de midi et l’idée de m’arrêter lors de ce moment et d’éviter le pire est vite oublié. Pas beaucoup d’ombre parmi les cactus et les rares arbustes qui peuvent m’en apporter. Pédaler permet de toute façon d’avoir un peu d’air et d’éviter les mouches!
La Baja-California est un vaste désert, et le parcourir est une expérience fascinante. Les journées se succèdent, inlassablement, il faut prendre le rythme. Lors des bivouacs, j’apprends à utiliser et à choisir le bon cactus ou arbuste sec qui me permettra de cuisiner.
Le sol est jonché de piquants de toutes sortes et ils n’est pas bon de s’y balader sans chaussures! attention aussi aux roues de Takayan, qui, bien que “chausser” de pneus increvables, n’apprécie guère ce genre de piquants! Les nuits sont elles aussi chaudes, trop chaudes. Les mouches et moustiques, quand à eux sont ravis d’avoir un hôte et les fourmis, reines de la terre et omniprésentes, prennent leurs part. Il faut dire que dans ce genre d’environnement, c’est la survie pour tout le monde, et un corps chargé de sel et de sang chaud est un don pour les petites bêtes ailés.
Pour ma part, je dois faire attention à l’eau! un bien plus que sacré. Les échopes et fermes se font rares, et quand on campe dans le désert, il faut un minimum. 6 litres me suffisent pour cuisiner le soir, boire un thé et avoir suffisamment d’eau pour le lendemain, jusqu’au prochain point de ravitaillement. Inutile de dire alors, qu’il à peu pour se laver, même si après 6 jours, je me charge un peu plus et me réserve un litre pour la toilette et le rasage, ça fait du bien…
Les kilomètres défilent, voilà 15 jours, que je roule dans la fournaise, ça ne s’arrête pas! On me dis que c’est le mois le plus chaud de l’année, je veux bien le croire! j’avance cependant, musique dans les oreilles et contemple avec émerveillement les trésors de Gaïa. Un peu de musique, le silence en dit long parfois…
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Invitation au voyage à travers le désert central de la Baja California
Impression de remonter le temps, à l’origine des choses, lorsque la terre devait peut être ressembler à cet environnement de roches et de plantes grasses. Les arbres ne sont pas encore des arbres… Univers torride mais tellement beau et puissant!
C’est dans ce milieu extrême, que je fais la connaissance de Shoen, Un américain apparut comme un fantôme sur la route, sur une longue ligne droite de plusieurs kilomètres. Il marche depuis des jours, un chaton dans les bras. Il fait du stop depuis Cabo San Lucas au sud, mais ça ne marche pas, les gens ont peur de lui, peur de son “look”. Il n’a rien avec lui, mis à part un sac contenant un gros livre sur la naissance des civilisation et un pull. On lui a tout voler, tout pris, carte d’identité et argent compris. Il doit remonter à Tijuana pour refaire des papiers US. Je lui donne le peut que j’ai. Quelques tomates, concombres et tortillas. Manger lui fait du bien. Je lui laisse un peu d’eau, nous discutons de l’humanité pendant qu’il se restaure un peu! il n’en reviens pas d’être laisser tomber en plein désert par les gens qui le croisent en voiture. même les camions ne s’arrêtent pas, humanité peureuse dans des boites en fer!!!
Après 18 jours de route, j’atteins, fatigués mais heureux d’avoir traverser cette épreuve, la ville de La Paz où je dois prendre le ferry pour Mazatlan, situé sur le continent. Il me reste 2400 kilomètres à parcourir avant d’atteindre la forêt que je vise. Là encore, il a fallut passer par un désert avant d’atteindre le but. Comme à travers les steppes du Kazaksthan pour atteindre le Kirghiztan, le désert de Gobi et la Chine avant la primorié en Russie, je devais passer par cette route qui m’a fait prendre conscience de ce bien précieux et vitale qu’est l’eau.
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