Premières fleur
Si y’en a une qui n’a pas résisté aux rigueurs de l’hiver sibérien, c’est la flûte en bambou, la musicienne de l’équipée. Alors, au premier bosquet prêt à sortir ses feuilles, nous l’abandonnons au vent, peut-être lui il saura encore la faire chanter! (ou tant qu’on y est le printemps aura peut-être l’idée de faire pousser des flûtes sur les peupliers…)
C’est par un jour gris-ciel que nous passons les denrières montagnes avant Pékin. La descente en zig-zag le long des pentes abruptes nous fait tourner la tête: la route est obstruée de camions-molosses (qui usent de leur klaxon comme il se doit), mais tout autour les montagnes fleurissent, si bien qu’on tente la descente le nez en l’air, histoire d’n capter les formes qui sortente de la brûme, et les ordeurs fortes de fleurs à peine nées. A côté de ça (ou au-dessus), l’auto-route perce les montagnes, passe au-dessus en de long ponts bétonnés, ou bien justifie le découpage littéral de ces pentes boisées de cerisiers, genevriers et merisiers…
Après un tunnel noir (personne n’allume ses feux), on bifurque sur un chemin qui descend vers la rivière… une vallée étroite, rose et blanche, embrûmée de mystère. On s’y enfonce comme des réfugiers qui demandent asile, jusqu’à ne plus entendre les vociférations de la route, jusqu’à ne plus senti le gasoil des camions, juste le parfum de ces fleurs enivrantes. Mais là encore, des hommes PARTOUT sont venus planter, fauiller, récolter…
Le bonheur que procurent ces premières fleurs est de bien courte durée, quand on voit de quoi elles sont entourées… 50km plus loin, nous étions déjà arrivés à Pékin.