mar
31
2010
0

Yourtes à tout faire

On avait bien entendu parler de tous les codes de conduite à respecter lors de l’entrée dans une yourte… nous ce qu’on expérimente, c’est surtout la simplicité de la vie sous ces toits ronds à ciel ouvert, même quand la neige se met à floconner. En guise de salle de bain, une tasse, un seau. Pour se laver mains et visage, on attrappe un de ces petits tabourets, on plonge la tasse dans le bac à eau, on s’en remplit la bouche, puis on laisse couler l’eau de la bouche aux 2 mains libérées. Dans la journée tout le monde circule, et pas besoin d’enlever ses chaussures. La mini-table se déplace elle aussi en fonction des besoins. Une des filles passera toute une journée à y coudre un Del, avant de passer au “coin” cuisine.  

img_3438Le “coin” cuisine, c’est 3 petites étagères sur lesquelles un jour 3 têtes de chèvres nous attendaient. La Grand-mère leur a coupé les poils avant de les passer dans le feu du poël, puis après avec une lame de métal chauffé à vif. Ca a bouilli toute l’après-midi. On a eu notre moitié de tête chacun, avec la peau, la cervelle et les oreilles… Pour la cure de printemps, on est mal tombés! Mais comme ici on ne cuisine qu’une fois par jour pour le repas du soir, on accepte de passer par toutes sortes d’experiences…

img_3437Pendant que certaines cuisinent côté droit, d’autres font de la mécanique… La moto en réparation a elle aussi sa place (toujours à gauche). Et puis la yourte, c’est aussi bon pour se reposer, à n’importe quel moment de la journée, à droite, à gauche, sur les banquettes ou bien par terre, là où la place n’est pas déjà prise!

Ecrit par Asso Kernunos in: Mongolie |
mar
31
2010
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Rivière Maltchin

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Rivière Maltchin, encore gelée, près du lac Khovsgol, Mongolie. Voilà donc l’adresse provisoire de notre retraite du moment. Pas de route, pas de ligne éléctrique. S’il n’y avait pas la parabole et les panneaux solaires, on se croirait au temps de Ghenggis Khan.

img_3423img_34692 yourtes à l’orée de la forêt, au milieu d’une montagne de crottin sec (ou bien encore congelé). Quand on voit le troupeau qui entoure le campement, le soir, on comprend: des dizaines de Yaks, quelques vaches, beaucoup de chèvres et de moutons, sans oublier la horde de chevaux colorés. La famille est grande: 8 enfants + petits enfants + arrières petits enfants, sans compter les cousins voisins. On peut dire que les troupeaux sont à la mesure. Je parie que la série de jeunes gens que l’on vient de voir défiler autour de la bassine de barbak sont presque tous progéniture de nos 2 Vieux d’accueil. Certains vivent dans des yourtes éloignées, et gèrent une partie du troupeau.

Eméé, la Grand-mère                   p1020360

Sous la yourte on nous indique notre place, côté gauche. Qu’ils y vivent déjà à 5 ou 6, peu importe, 2 de plus ne semble pas poser problème. Le surplus dort par terre, et au matin, on range les couvertures dans un coin, et hop! tout le monde dehors! On fait connaissance. On parle pas beaucoup. On se regarde, on se sourit, et on s’inspire de ce qu’on vit…

Vue sur le lac, alors qu'on accompagne le couple voisin au sommet de LA colline-antenne téléphonique

Vue sur le lac, alors qu'on accompagne le couple voisin au sommet de LA colline-antenne téléphonique

Ecrit par Asso Kernunos in: Mongolie |
mar
30
2010
1

Convertion a Erdenet

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Chaman, epaule de sa femme "secretaire"

D’abord il s’agit de caser nos velos pour quelques et de redevenir “pietons”. Notre destination: la region nord du lac de Khovsgol ou l’on trouve (evidemment) des forets. Pour l’atteindre: 450km de piste aller, 450km retour avant de reprendre la direction d’Ulan-Baator. On decide donc de tenter les transports en commun du coin: le microbus. On l’aura attendu toute une journee + la matinee du lendemain. Un micro-bus ne part pas sans etre PLEIN. Plein a en craquer. En attendant, on visite nos anciens collegues de voyage (2 Mongols rencontres dans le bus de Ulan-Ude). Le “pere” de Gugul (enfin, celui de sa femme, ce qui revient au meme chez les Mongols) est Chaman. Sans le savoir nos visites se synchronisent, et nous participons a la transe de nouvelle annee (decidement, elle dure longtemps!), sensee tout nettoyer pour un nouveau depart.

img_3346Il a sorti les bottes a grelots, le chapeau emplume avec sa frange de crins de cheval qui lui cache le visage, le fouet de cuir avec lequel son auxiliaire flagellera le jeune frere en cure purificatrice, le tambour magique, la crecelle, et le Del decore, frange, cousu de tissus de toutes les couleurs. Toutes les formes de vie sont representees dans son attirail, il nous a meme montre la corne de gazelle qui rend les gens amoureux. La vodka accompagne la seance, et quasiment sans transitions, boum-boum-boum, le voila parti sur son cheval tambourinant. Sa femme a cote deplace les chaises pour eviter les accidents, puis quand il se met a parler, elle prend de notes. Lui, apres la transe, ne se rapelle plus de rien. Parfoit il se met a hennir, ou a hurler comme un Loup et croasser comme un Corbeau. Le Tambour sonne de haut en bas, sur les cotes, fortement dirige. Il nous dit nos 4 verites, nous predit une longue vie, nous conseille de rendre visite a nos ancetres, de se mefier de la Grande Eau, de nourrir les petits oiseaux, et de faire attention a la guerre dans le monde. “Cette annee, beaucoup de gens vont mourrir, prenez soin de vous”… On a presque envie de lui repondre “T’inquiete pas, petit Papa, et merci pour tes conseils”

Delaisses pendant la periode communiste, les Chamanes semblent retrouver leur role de “medecins de l’ame”. De plus en plus de gens font appels a eux pour soigner leurs maux, ou demander conseil quand une decision doit etre prise. Base sur leur sensibilite au monde invisible, leur pratique semble utiliser les connaissances astrologiques, traduites entre autre par un calendrier lunaire present dans beaucoup de familles Mongoles. On aurait bien aime en savoir plus sur cette conception du temps cosmique, mais le micro-bus, enfin, allait arriver.

Panne sur la piste, presque esperee, pour la pause-pipi souvent compromise...

Panne sur la piste, presque esperee, pour la pause-pipi souvent compromise...

On etait 16 a l’arriere, 3 a l’avant, a s’encastrer comme dans un Tetris, avec nombre de pieces definies et espace reduit. L’ambiance est joyeuse, tout le monde devient freres et soeurs, la musique Mongole a fond toute la nuit fait chanter une bonne moitie du convoi. 15h pour 350km avec de rares pauses, avant de re-embarquer pour le troncon final de 100km tout aussi epique, a cause surtout de nos nerfs sciatiques endoloris. De quoi regretter nos bicyclettes, de quoi se demander “mais qu’est-ce qu’on fout la, deja??”

Heureusement, a l’arrivee, au bout de la piste, du cote du lac ou les ger a touristes ne sont pas encore parvenues, on debarque en foret, et on sait alors qu’on a pas fait d’erreur de parcours…

Ecrit par Asso Kernunos in: Mongolie, Non classé |
mar
29
2010
0

Sous les yourtes du bord de route

p1020244

 

dans la chaleur de la youte a Mogi

dans la chaleur de la youte a Mogi

Difficile de savoir a combien de kilometres les villages suivants se situent. On ne compend pas encore le Mongol, meme si on nous l’ecrit sur la neige de la chaussee… Heureusement, il y a toujours les Yourtes du bord de la route, qui apparaissent toujours quand il faut.

Quand Mogi nous a vu arrive, il est venu a notre encontre, nous ouvre direct sa porte, nous set direct le the, sans autres questions. qu’on dorme chez lui, qu’on s’y nourrisse, ca va de soi. Il fait venir les voisins. On trouve les manieres de se comprendre (grace aux photos et aux dessins).

Agneaux et Chevreaux fraichement nes ont aussi leur place sous la yourte

Agneaux et Chevreaux fraichement nes ont aussi leur place sous la yourte

On offre nos produits, il nous cuit de la viande. Puis on epoussette le tapis, on y pose nos peaux-matelas, le vent se leve, et Mogi nous couvre d’un maximum de couvertures pour nous garder du froid matinal. “Pas la peine de se lever avant la 1ere flambee. Je m’occuppe de tout”.

p1020265Le lendemain apres un col bien givant, c’est Enkhee qui nous recupere dans la baraque de la DDE locale. Ici le voyageur n’est pas source de peur, mais d’interet plutot admiratif. L’entraide est une de leurs valeurs, et la rencontre  un plaisir. Chez Enkhee on aide a deplacer 2 veaux morts. L’hiver est tres rude cette annee, toutes les betes ont faim, beaucoup ne survivent pas. Mais une fois dans la yourte, toute cette durete semble s’evaporer. Enkhee veut nous faire partager un bout de son monde, la chaleur du the de l’hospitalite, le jeu des osselet, leur maniere a eux de couronner un cheval qui a gagne…

Enkhee prepare des pates

Enkhee prepare des pates

p1020262Un an de voyage. Un an que nous avons quitte Tremargat. A la pause the-yourte du lendemain, une grand-mere sort une carte du monde si grande qu’on pourrait en tapisser un mur. On a regarde le chemin parcouru, et on a vu la dimention du reste du monde… a peine un quart! Un an, c’est deja beaucoup mais si peu a la fois!: on sent que ca va durer encore longtemps, et on espere etre capables de s’enrichir de la suite, autant que les experiences passees nous ont marquees et transformes. Puissions nous y partager ce que nous sommes de meilleur.

Ecrit par Asso Kernunos in: Mongolie |
mar
29
2010
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Fils et Filles de Bergers

40km, et un village. On s’arrête s’y réchauffer. Une homme va direct nous chercher la prof de Russe qui nous nourrit avant de nous proposer une piaule a l’internat de l’école.

p1020236

A l'internat de Nomgon, chansons...

C’est aussi la que vivent les enfants-nomades, les enfants-bergers, dont les yourtes sont posées quelques part, au bout de ces pistes enneigées qui partent de la route et qui vont se perdre loin, loin dans la steppe. Impatients, les enfants attendent la rencontre. La flute les enchante, mais c’est nous qui restons “quoi” face a la beauté du concert qu’ils nous improvisent. Le chanteur de la troupe s’est avance, tous l’on entoure, et accompagne, en fredonnant…

La Chanson du Cheval le plus rapide:

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Quand on demande a ces enfants ce qu’ils aiment le plus dans leur pays, ils répondent sans sourciller: “La Nature”. Quand on leur demande ce qui les intéresse le plus dans le monde: ” Les fêtes et les traditions des autres peuples du monde”. Voila: ces Fils de Bergers rêvent d’être Bergers, et de parcourir a cheval les steppes, aussi libres qu’ils ne le sont encore.

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Chanson pour “ma mère”

p1020240Dans le village de Nomgon, des plastiques trainent partout, les escaliers des bâtiments en béton soviétique sont pleins de merde et de mégots, et les chiottes collectives débordent sans qu’on cherche a y faire quelque chose. Face a la “modernité”, les Mongols ont eux aussi leurs dépravés, leurs tas d’ordures et leur laisse-aller. Mais au milieu de tout ca il y a l’école ou vivent de temps-en-temps ces enfants-bergers venants d’un monde Nature. On sent en eux la force a la fois fière et humble de ce qu’ils sont: de simples Mongols de la steppe.

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Petite chanson d’amour

Ecrit par Asso Kernunos in: Ecoles, Mongolie, Sons |
mar
29
2010
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1er Accueil Mongol

p1020216

Diedushka et Babushka Kernunos, en "Del" traditionnel

p1020214Pour direct donner la tonalité, le bus d’Ulan-Ude est plein à craquer. A sa sortie, à Darkhan, on est déjà dans un autre monde. Le temps de réarnacher nos vélos sous le regard intrigué de Mongols magnifiques (c’est dimanche, certains ont sorti leur costume coloré ceinturé de cuir décoré), et le temps de se poser 5minutes au soleil pas si froid, pour une fois, pendant que tous les autres passagers s’enferment dans le café d’à côté, ben voilà que Neidia nous invite à le suivre jusque chez lui.

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Stupa sur une hauteur de Darkhan

Lui et Tho, son aîné très respecté, font partie des têtes “administratives” de la ville. Pourtant, chez eux, c’est aussi simple que dans une yourte: une cuisine basée autour d’un poël, un salon-chambre où de nombreux visiteurs peuvent y coucher, une petite piaule remplie de matelas-couvertures pour les 5 enfants de la maison, qui prennent en main cuisine et service. D’ailleurs à peine arrivés on nous sert du thé au lait salé accompagné de la montagne de pain sec et de lait caillé séché (Arul) que chaque famille préprare lors du mois de fête de la nouvelle année. Pendant qu’on fait connaissance, quelques quarts de mouton bouillent dans la cuisine, sans compter les Buuz (de gros pilmenis), qu’on nous sert en douzaine. Il y a l’inévitable Vodka, dont le rituel diffère un peu de celui des Russes, mais au final crée la même fraternité momentanée: ici on boit tous dans le même verre que le plus jeune fait passer d’abord au “maître” de la bouteille, puis ensuite à tour de rôle dans le sens des aiguilles d’une montre. Pas question de refuser, même si on peut se permettre de juste y tremper les lèvres. Autre petit rituel: l’encens-tabac qui se sniffe et dont on s’échange les fioles avec la main sur le coeur. A notre table amis et voisins défilent, à cause de notre présence, mais aussi parce que le “mois blanc” va bientôt se terminer, et que chacun se doit de se rendre au moins un fois chez ses bons amis… 

p1020222p1020223Ca fait beaucoup de “codes de conduite”, tout cela, et pourtant l’accueil que nous recevons est d’une simplicité et d’une convivialité qui fait de nous des “frères” et “soeurs”. Puis Tho nous invite à son tour, où nous découvrons son accordéon… Sa femme chante, comme une déesse, puis sa fille entre avec une sorte de violon mongol, 3 fois plus simple que le nôtre mais tout aussi riche en sonorités. 2 cordes, un archet, et un cylindre qui tient de la boîte de concerve en guise de caisse de résonnance. Moment d’émotion et d’intensité inoubliable (sans le dicatphone et avec larmes aux yeux).

Les compères décident de nous accompagner le lendemain, malgré leur travail, sur  quelques km. Fait pas encore bien chaud (-20), et avant de se quitter définitivement (on a du mal), ils nous fourrent au chaud dans leur voiture, le fils nous sert le thé, les buuz, et des patates chaudes pendant que Tho se charge de la Vodka. Ils nous portent. Sans eux il ferait trop froid, trop faim, et presque trop triste… Sans eux nous trop seuls au milieu de l’hiver. Alors on se serre dans les bras, puis on s’élance dans le désert de lumière des montagnes blanches de Mongolie.

p1020268

Ecrit par admin_kernunos in: Mongolie, Trucs de saison |

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