déc
25
2009
0

Inipi chez la Chouette Grise

… Une histoire d’Indiens. Il y en a plein partout dans l’Altai! Des emplumes, encuires, enracines meme parfois, a un bout de terre magique. Depuis 3 jours a Askat tout le monde a mal au crane: un grand gel va arriver. On annonce des -50 degres! On profite du redoux qui les precedent pour filer au village de Kamlak, a la rencontre de Wesha “Chouette Grise”, qui vit a la maniere Indienne depuis 25 ans. Une gueule de deja vu, un de ces ours des bois bien sympas… qui nous sert du the de plantes locales et une assiette de soupe aux champignons en guise de bienvenue.

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p1010657Quand on a pose le pied au village, le soleil a perce les nuages de neige, il nous montre la direction. A defaut de s’etre plonges dans le lac Bleu, on vient proposer a Wesha de faire une hutte de sudation ensemble, (que les Indiens d’Amerique appellent Inipi), a l’occasion du solstice d’hiver. Pas de temps pour douter, demain le gel commence deja, et apres, ce sera trop tard.

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Le processus est lance: une journee de preparation pour ramasser le bois necessaire, nettoyer la place, preparer la hutte, le feu et les pierres, et s’enfourner a l’interieur pour les meilleures suees qu’on est jamais experimente. Le Inipi est surtout l’occasion de se retrouver les fesses par terre au contact direct de pierres vivantes, de l’eau, du feu, et dans l’obscurite d’un ventre alchimiste… et d’y envoyer tous ses meilleurs voeux de bonne annee, de bonne sante.

Puissiez vous tous les recevoir!!!

Avant de partir a la rencontre des Tengris (les Altaiques de la region d’Ongoudai), nous meditons sur l’histoire du Reve Indien. Aux Etats-Unis, les Indiens se sont presque fait exterminer, mais leur grand reve d’harmonie entre les Hommes, la Terre, et toutes les autres formes de vie, lui, n’est pas mort, bien au contraire… Il s’est diffuse dans le monde, et dans tous les pays il a trouve des coeurs sensibles qui l’ont adopte, qui s’en sont inspires. Aujourd’hui “etre Indien” n’est plus une question de sang ou de peuple, mais une question d’etat d’esprit, de positionnement par rapport a la Terre et aux Elements de la Nature… et peut-etre encore, un question de dignite et de liberte.

Le lendemain, le grand gel etait arrive, quelques -35 degres, comme quoi, les Russes aiment exagerer!

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Kamlak, par -35

Ecrit par Asso Kernunos in: Altai, Russie |
déc
25
2009
0

La Porte ouverte d’Askat

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Le bus nous debarque en pleine nuit sur le bord de la route. -30 degres. La riviere Katun toute gelee.  De l’autre cote, le village d’Askat, entoure de ses montagnes dont on devine les cimes. Comme d’habitude, on est alle “au pif”, chercher au plus vite une maison d’accueil. On avait juste un nom. A la 1ere maison, on nous dit d’aller plus loin. La 2eme etait remplie d’enfants. La 3eme, elle, avait sa porte grande ouverte. Olga ne nous a pas laisse le temps de nous expliquer, quasi a peine etonnee de nous voir debarquer. Et puis, fallait entrer sans tarder.

Voila bientot 2 semaines qu’on vit a Askat. Olga et Lena attendaient l’arrivee de Kernunos depuis plusieurs mois deja!!! La rumeur nous a precede, et le cours des choses a fini par nous mener la ou il faut, encore une fois: Olga et Lena tentent de faire des collines d’Askat une zone protegee. La vallee est particulierement assaillie par d’enormes complexes touristiques qui condamnent les berges boisees de la riviere Katun. En gros, toujours le meme probleme: a Askat, le tourisme est aussi la principale source d’argent. Les locaux (pour la plupart des gens venus de la ville, en recherche de nature, de bonne vie, de creations…) voient bien l’interet de creer une reserve, l’administration du canton aussi, mais cette derniere semble vouloir aussi profiter de la vente de terrains immobiliers aux constructeurs de “tour baza”.

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La riviere Katun

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A 4 pattes dans la neige, Katia approche un pic noir

p1010633De notre cote, on jubile de retourner enfin en foret… y ramasser du bois de chauffage! Chez Olga on a beau se serrer a 7 parfois dans sa petite isba, ca suffit pas pour chauffer une ambiance par -20 degres. On rejoint donc les pics au boulot… et on s’immerge le temps de courtes journees dans une foret aux lumieres incroyables. Tonalites “magiques”, a cause du dome triangulaire des montagnes, des sources considerees sacrees, ou flottent des rubans “de bonne priere”, et des paquets de neige qui tombent parfois des pins en nuages de poussiere cristaline.

Lac Bleu

Lac Bleu

Parmis les beautes de l’endroit, il y a “le lac bleu”, “l’oeil de la Katun”. Katia (10ans)  y guide Marilia sans fautes de parcours sur les 6km de foret. Elle me montre aussi les baies rouges des Ribinas et des Kalinas encore accrochees a leurs arbres. Fruits givres a volonte. On a prit nos serviettes de bain. Et quelques allumettes. Je m’demande tout de meme comment on va s’y prendre pour casser la glace….

Sauf qu’a l’arrivee, le lac est lui, meme pas gele!! Telles les sources, meme par les plus basses temperatures, “l’eau vivante” ne se laisse jamais saisir. Et malgre sa chaleur relative, on a pas tente d’y mettre le doigt de pied.

On dit que le froid ralentit… ici en tous cas il n’empeche personne d’aller bosser ou de se rendre a l’ecole. Quand on se met en route, par contre, il est plutot stimulant!! Le plaisir de se rentrer au chaud est aussi grand que celui de se rentrer au sec apres une matinee d’averse et de gadoue bretonne. Avec les longues nuits de l’hiver, Kernunos marque la pause… merci Askat!

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Ecouter la glace crisser

Ecrit par Asso Kernunos in: Altai, Kyrgyzstan, Russie |
déc
24
2009
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Du repos… pour nos velos!

p1010593p1010605 Heureusement qu’ici la neige provoque pas autant de degats que quand elle tombe dans d’autres coins du monde… Disons que tout le monde est habitue a se retrouver coince. 10cm de travers, et faut mobiliser les forces tractrices, alors comme meme un gros 4×4 n’a pas fait l’affaire, c’est le “master” d’escalade (dit “le Leopard des neige”) qui a prit les choses en main…

“два три руский и лапата заменяют ескаватор” (2, 3 russes et une pelle remplacent bien une pelleteuse)

En tous cas nous on laisse nos velos au port, histoire de pas risquer de rester coinces au milieu du gel. On essaye donc le stop, ce qui ne s’est pas avere beaucoup plus agreable, alors va pour un arrivage vitesse rapide jusque dans les profondeurs des montagnes de l’Altai…

Ecrit par Asso Kernunos in: Altai, Russie |
déc
06
2009
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Propulsés en Sibérie

p10105762x 600km de trou noir dans notre parcours… de quoi nous propulser jusqu’à Novossibirsk à la recherche d’une pièce réparatrice pour Iléonord.

avec Pacha, Kostia et Anton

avec Pacha, Kostia et Anton

De quoi aussi atteindre les grands froids qui commencent. -20°, à bicyclette, c’est beaucoup moins chouette! (la réparation faite, on a testé, sur quelques 36km, avant de trouver refuge chez des amis d’amis d’amis, qui nous présentent leurs amis…)

On était prêts à continuer vers l’Altaï, mais derrières les portes fermées on nous offre la chaleur d’un refuge sans conditions, sur les berges de la rivière gelée. L’Ob se transforme en mer de glace. Les bateaux sont remplacés par des moto-neige. Ici on dit “il fait 15°”. Le “moins” ne se mentionne plus. On décide de laisser là nos vélos, de s’équiper en sac-à-dos pour gagner les montagnes de l’Altaï où tout le monde va skier avant les grands grands froids de janvier. Pas grand monde ne comprend pourquoi on veut aller là-bas  par un temps pareil. Visiter la Nature semble quasi suicidaire en cette période de l’année. Mais pour nous l’expérience n’en sera que plus forte, humainement: nous dépendons de l’aide que les gens pourrons nous apporter.

p1010580Notre prochain objectif est de rencontrer les habitants de la région d’Ongoudaï, qui ont créé une réserve gerée selon leurs traditions, et dont le but est de protèger leurs terres sacrées du tourisme de masse, entre autre, qui inonde les montagnes d’infrastructures et de “buisiness”. Proteger leur vision du monde et la relation qu’ils entretiennent eux-même avec leur environnement est aussi un de leurs “challenge” d’aujourd’hui.

Il nous tarde de rencontrer ce peuple de l’Altaï, mais on prend le temps de préparer notre équipée, car ici l’hiver ne donne pas le droit à l’erreur…

Ecrit par Asso Kernunos in: Russie |
déc
01
2009
0

L’effet qu’on leur fait…

… et comment que ca nous aide!!!

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Parfois on en revient pas de pour qui on nous prend! Sur la route les regards se font encore plus ahuris que d’habitude. Un matin 3  Juifs Kazakhes s’arretent, ils veulent absolument faire quelque chose pour nous, remplir nos thermos d’eau chaude, nos sacoches de fruits secs, et notre coeur se comble d’amour et de chaleur. On a fait rever les yeux bleus de Benyamin, et ca pour nous c’est enorme! Tout mettre en oeuvre pour realiser un reve, voila qui impressionne et fait reflechir. Partir a la decouverte d’horizons inconnus, voila qui les fait rever tout autant que nous!

A Andrievka, on flaire notre maison d’accueil du soir, cachee derriere les 1eres rues. De les avoir debusques du 1er coup leur font dire que c’est Dieu qui nous guide et nous inspire. Ils se mettent alors a notre disposition. Nous prennent pour des heros. Oublient leurs p’tites affaires, leurs amis, leurs buisiness. Nous asseoient a leur table qu’ils couvrent de tous les plats possibles. Quand Kanat a su que nous aimions enregistrer de la musique, il a de suite appelle son ami Kairat, dombriste, malgre les 10h30 du soir, pour un concert improvise.

Kanat et Kairat

Kanat et Kairat

Token danse

Token danse

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p1010544Le lendemain la neige tombe. Nos bienfaiteurs nous remettent sur la route après nous avoir nourris de sarrazin et de bouillon. Ils s’inquietent pour la suite de notre route: a partir de Utcharal commence la steppe nordique, les froids, les vents, et les distances desertes. Kanat est directeur du transport autobus. Il contacte un ami a Utcharal charge de nous accueillir.  Suleiman prendra sa journee pour nous attendre. Lui, il est Tchetchene. Il nous prend en charge avec plaisir et a plusieurs reprise rassure Kanat, qui appellera plusieurs fois, sur notre etat. Pour la route de la steppe sa femme nous offre de la Halva-maison et du lard de mouton (le meilleur jamais goute, parfume a l’ail et aux piments).

Suleiman et sa famille (tres "Tchetchene", pas vrai??)

Suleiman et sa famille (tres "Tchetchene", pas vrai??)

Mais ni Suleiman ni Kanat ne nous lacheront la: 70km plus loin se trouve la ferme de Suleiman, ou il a vecu pendant 20ans. Quant a Kanat il appelle de nouveau pour nous proposer d’embarquer avec nos velo dans un de ses bus qui passera par la dans la soiree. Apres reflexion (le moyeu arriere d’Ileonord craque encore de tous les bords…), on decide d’accepter.

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Les femmes du village d’a cote debarquent attendre le bus au chaud. Marilia est chargee de servir le the (tache exclusivement reservee aux femmes) pendant que Suleiman nous raconte combien de fois l’hiver il a du se lever de nuit pour ouvrir aux passants en voie de congelation. Ici l’accueil ne se refuse pas.

On a à peine le temps de realiser o combien ces dernieres rencontres sont riches que le bus se pointe, embarquent nos velos, on s’offre l’acollade, et nous dans le fond du coeur un pincement de se dire que deja… on quitte le Kazakhstan.

Ecrit par Asso Kernunos in: Kazakhstan, Non classé, Sons |
déc
01
2009
0

Paroles rapportees

p1010521On s’adapte aux nouvelles conditions: commencer la journee bien couverts, s’deshabiller 15minutes plus tard, remettre des couches a la moindre descente, ecourter nos pauses-the de bord de route, et surtout bien calculer notre “timing” pour que la tombee du soir coincide avec la rencontre d’un village, d’un cafe routier, ou bien d’une simple baraque, rien qu’une nous suffit. On sera donc accueillis tous les soirs, et c’est l’occase d’en entendre plus encore sur le Kazakhstan.

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Rosa, Tatare Kazakhe

Parait-il que le Kazakhstan est un pays riche. Depuis 1991 le president Nazarbaev (toujours le meme) tente de sortir son pays du rang des Tiers-mondistes. La nouvelle capitale Astana a ete recemment construite, en plein desert, et montre maintenant au monde entier la face de ses batiments modernes pleins de vitres et de luxe. Dans toutes les villes et sur toutes les routes on peut voir des banderolles enormes “Kazakhstan 2030″. C’est l’echeance que le gouvernement s’est donne pour developper economiquement son pays a l’echelle de ceux “du Nord”. Certains interpretent ca parfois comme “tout sera merveilleux.” Un soir nous rencontrons un grand-pere paysan. Dans son village, “ni homme d’affaire, ni politique, et pourtant ici on ne manque de rien. De la terre, surtout, on en a jusque la…”. Sa belle-fille, Tatare, nous avoue rever de partir en voyage. Mais bien plus que le manque d’argent, c’est le manque de temps qui la retient! Elle vit “un peu plus loin” dans les montagnes, et s’occuppe d’une ferme de 1000 moutons, 100 vaches et autant de chevaux. Ici le tracteur est bien d’actualite.

p1010514Malgre tout ce “progres” en marche, les Kazakhes semblent attaches a leur histoire et a certaines traditions. Les clips musicaux qui passent a la tele montrent jeunes hommes et jeunes femmes en costumes traditionnels dans les steppes printanieres parsemees de yourtes, de chevaux et de fleurs. Les codes familiaux (musulmans) sont toujours respectes. Lors de son  mariage, contre un cheval Rosa est venue habiter chez son mari avec pour tout bagage un coffre plein de linge et de vaisselle-les effets qui lui serviront a servir la maison. Elle nous presente sa fille mais aussi celle de sa belle-soeur qui a du abandonner sa propre fille pour s’etre remariee. On apprend que les Kazakhes sont senses connaitre leurs ancetres au-dela de la 7eme generation, afin que le sang de leur peuple reste “pur” (sans consanguinite).

7eme generation!! Pour nous qui sommes en recherche de “racines”, et qui ne sommes pas capables de savoir qui etaient nos predecesseurs au-dela de la 3eme generation… ca nous fait reflechir… On aurait bien envie, nous aussi, d’en savoir autant sur nos histoires de famille.

Quant a “l’esprit Kazakhe”, nous l’avons surtout ressenti dans l’accueil que nous reservent les gens, et dans de vieilles chansons, si bien rajeunies par la voix incroyable de Mlle Token.

p1010533p1010534Comme lors de notre arrivee en pays Kazakhe il y a 2mois, Kanat et Token nous offrent les objets reserves aux hotes de marque: le chapeau brode pour Christophe, la tunique et le chale blanc pour Marilia…

Clip audio : Le lecteur Adobe Flash (version 9 ou plus) est nécessaire pour la lecture de ce clip audio. Téléchargez la dernière version ici. Vous devez aussi avoir JavaScript activé dans votre navigateur.

Ecrit par Asso Kernunos in: Kazakhstan, Non classé, Sons |

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