Des racines et des hommes

Quand Galina a su qu’elle allait nous accueillir, elle a courru de la Datcha a la “kvartira” (l’appartement) pour nous preparer quelque chose. Pourtant tout est la: douche, repas, tout est excellent, chaleureux, accueillant. Elle aurait aime faire des patates, mais on l’a prit de court. Le gateau chaud qu’elle nous sert, un delice au fromage sucre… Avec du the vert (prepare fort, et rallonge a volonte), dans lequel on plonge de la confiture de cassis… oui, des delices.

Le lendemain c’est rebelote. Elle nous prepare des Blinis pour petit dej’, comme des crepes froment de chez nous. Elle me parle de Pouchkine et d’autres excellents poetes, du theatre auquel elle aimait se rendre… Maintenant tout cela, c’est fini, c’est trop cher. Elle me parle de beaucoup d’endroits magnifiques en Russie, et quand on en vient a evoquer son pays, dans ses yeux jaillit un peu de nostalgie… Perm, l’Oural, les odeurs du printemps… parait-il que maintenant, c’est le meilleur moment.

Puis j’ai le droit a la lecture de ces contes pour enfants. Les Russes en sont friants, et moi pas moins… Je comprend rien mais tout est en vers, en rythme, en musique.

A midi elle remet ca. Puree de patate-maison (euh, non, datcha), poisson aux petits oignons, petits legumes en salade de yaourt, et puisqu’on ne connait pas encore les Piroguis, elle en sort une bonne dose du congelo, les plonge dans de l’eau bouillante, et v’la-t-y-pas une belle assiette de raviolis faits main eux aussi!

Nam otchin poviezlo,

Spassiba dlia vsio!!

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Salut tout le monde!

On profite de la ville pour envoyer quelques nouvelles, et faire de nouvelles rencontres incroyables… Merci a Laure et Bella de nous avoir aide a rencontrer Galina, qui nous a soigne comme on soigne sa petite fille. Le menu de la pause, on vous le racontera, mais la prochaine fois! Il est temps maintenant de repartir, 2000km nous separent encore du Zapoviednik de Pechora-Iliyitch, la taiga vierge des Komis…

Oubliez pas que la carte de l’itineraire est elle aussi mise a jour!

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Quand on roule, au-dessus de nous, c’est la foret. Tout autour, loin, la foret. Pas encore celle du Grand Nord. Les feuillus sont toujours majoritaires (les bouleaux tres nombreux). On se dit que l’etroite bande de gouderon que l’on suit est comme une passerelle au milieu d’un Ocean. Un Ocean qui abrite des Ours, des Loups, tous les oiseaux et tous les animaux qui vont avec.

A plusieurs reprises on nous a dit, que la Russie est une Foret, et les Russes vivent avec, depuis toujours. Le bois est une ressource indispensable pour l’hiver, et pour sur, ils n’en manquent pas!

Sur le bord de la route on peut voir parfois des stands de fourrures, de poissons seches, de miel, de confitures, de champignons en concerves… Des villages et des eglises se construisent, en rondins entiers.

Beaucoup de Russes possedent une Datcha en campagne, ou ils viennent faire un potager, y passer les vacances, parfois y vivre plus longtemps. On sent que grace a ca,  ils concervent un lien avec la Nature presque obligatoire….

Tomber un soir sur l’un de ces villages est une chance bien appreciable…

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La grandeur Russe ne se mesure pas que dans son paysage… Un peu a la maniere des Bretons, sans grande consideration au premier abord, (he! on a tous quelque chose a faire!), il ne faut pas 10 minutes pour que leur porte s’ouvre. Un soir de pluie, c’est celle de Volodia qui nous laisse passer jusqu’a un interieur chaud… qu’il saura rendre presque torride…

L’accordeon de son defun pere, rechante ce soir la… depuis 30 ans qu’il n’aura pas servi!! Pris en otage par la tempete, et par son hospitalite, on restera chez lui 2 nuits, le temps de recuperer de nos bobos accumules… Il faut etre fort pour refuser les verres qu’il nous sert, et les assiettes de legumes cuisines par ses soins…

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Bivouac d’un autre soir, sur une colline et sur les ruines d’un village calcine, pourtant encore indique sur notre carte. On dirait que la politique de la terre brulee n’etait pas faite que contre l’avancee de l’ennemi: les champs cultives sont souvent tout brules. Peut-etre pour compenser au manque de troupeaux pour de si grandes surfaces… ce doit etre leur moyen d’amonder la terre…

Quand la foret s’eloigne, on peut alors la contempler depuis les hauteurs… Mais le ciel lui-aussi demande d’etre surveille!!!

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Bivouac d’un soir. Sur le terrain de jeu du village, la conversation s’engage, avec 2 jeunes qui delimitent le terrain pour la partie de demain, et Svieta.

Tout simplement elle nous propose de dormir sur la pelouse de l’ecole. On passe a pied devant une rangee de ces belles maisons de bois. Elle rigole en disant qu’il n’y a plus que des Vieux qui vivent la. En face elle nous montre le cimetiere. Encore une fois, bien fourni.

D’ailleur sur la route on voit souvent des monuments en souvenir de la guerre 41-45. Les gens ont du fuir face aux Allemands, ou se cacher, peut-etre meme tout bruler avant de s’en aller. Les SS sont venus massacrer (Svieta nous parle des massacres perpetres par les fachistes). La Russie etait en guerre. Elle n’avait pas courbe l’echine. Il y a eu un front, des combats, des massacres.

A Ouchitse avant, il y avait beaucoup plus de gens. On peut voir aujourd’hui, comme a l’entree de beaucoup d’autres villages, d’enormes batiments de ciment abandonnes. ca donne une ambiance froide, pourtant tout autour il y a du monde en action; dans les jardins-potagers, souvent partages ou regroupes au meme endroit, sur le chemin de terre ou passent des vaches uniques accompagnees de leur unique berger, pres du magasin ou on trouve de tout, meme un crache-billet, etc…

L’ecole: 3 magnifiques batiments de bois bleu, avec des encadrures de fenetres… les plus belles de tout le village. Une montagne de bois pour rechauffer tout ce petit monde. Dans l’ecole, 60 eleves pour 17 instituteurs. Ici, pour les memes taches, 3 fois plus de gens trouvent un peu de travail. D’ailleurs Svieta prend le temps de nous aider, mais bientot elle retourne travailler (sur le terrain de foot, puis au jardin, et puis demain matin a l’ecole). Ils ont l’air de pas s’arreter, mais prennent pourtant le temps de faire ce qu’ils peuvent pour toi. Une fois la mission terminee, ils s’en retournent a leurs occupations…

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Quand on nous demande “C’est comment la Russie?”, moi je dis: ” Darogie- oujasnie, no loudi-tchoudesnie” Les routes-horribles, les gens-merveilleux.

Les rencontres compensent toutes les galeres du moment. Meme sur la route les coups de klaxon que l’on recolte sonnent comme des encouragements. “Maladiets, maladiets!” Super genial, qu’on serait, parait-il…

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La realite des routes Russes, c’est qu’il y en a peu, et encore moins des pas abimees. Pour avancer vers l’Est, une seule issue possible, si on veut avancer un minimum: la voie express “Moskva-Riga”, la Baltia, celle qui draine tous les camions entre l’Europe et la Russie. On a bien essaye quelques “raccourcis”, mais impossible de savoir s’ils ne vont pas se transformer en chemin de sable coupe par une riviere dont le pont s’est ecroule. Ici on sent que la Nature est forte, grande, pas tres propice a se faire gouderonner la gueule sur du trop long terme…

Du coup, pour Kernunos, apparaissent les premiers petits soucis… Rouler sur la Baltia exige un maximum de concentration. Ne pas devier d’une semelle de l’etroite bande ”potable”, entre le bourrelet de gauche et le bas-cote sableux de droite, pret a nous faire dessaler. Tof en a fait l’experience, chute, il s’en sort avec des cotes deja fragiles, de nouveau fragilisees…

Quant a Marilia, la crevaison du pneu arriere devient vite la routine du quotidien.

Les gens mettent leurs mains sur la tete en disant “catastrophe” quand on leur parle des Komis. La-bas, les routes sont pires, quand seulement il y en a!!!

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Les quelques jours passes en Lettonie nous mettent a la page.

On frole encore une derniere fois la Bielorussie, cette terre qui nous est restee interdite, et qu’on a pourtant l’impression d’avoir apprecie, grace aux jolies maisons decorees, et a travers sa musique en exil.

Au village frontalier de Zilupe, Irina nous propose the et cafe. Elle est tout fiere de nous avoir invite chez elle. Elle ouvre une boite de sardines, tranche du pain et du fromage. Elle nous invite meme a rester, a nous reposer, “il fait si froid dehors!!!”  Elle nous ecrit sur le calepin l’adresse d’une amie pres du lac Baikal. Elle y note meme un mot special, en russe, qui leur demande de nous aider, nous les voyageurs…

La generosite de cette petite dame nous touche, mais on repart, la frontiere nous attend. 3km de camions a l’arret. Les automobilistes sortent de leurs voitures pour nous dire d’avancer. Aimables, reconfortants, tout de suite concernes par ce qui leur tombe sous le nez. 5 postes de controle il a fallu passer. Comme une lettre a la poste.  Et la Russie, enfin.

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Aller, p’tite pause nouvelles. 6 jours de pédalage, la Russie c’est pour bientôt, 2 jours à tout casser!

Une nouvelle carte est lançée dans le rubrique “Itinéraire”.

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Après les épreuves de la route (vent froid du Nord, pluie, kilos et kilomètres), on cherche refuge auprès des miles lacs qui parsèment la Lituanie. Avec eux toute une vie aquatique, sans oublier les Hommes, qui viennent aussi en profiter, et y laissent leurs empreintes pour toujours…

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En Lituanie, le contraste entre 2 mondes à 2 vitesses bien différentes se fait plus visible encore. Dans les scènes et les paysages que l’on attrape au passage, on se fait une idée, de l’histoire communiste, du présent en changement, de l’avenir incertain vers lequel ce pays est propulsé.

Ce qui saute aux yeux, c’est le choc de l’Ancien et du Nouveau. Chaque petite baraque de bois est habitée par un Ancien au moins, accompagné de son cheval entravé, de sa vache attachée, au milieu de champs sans clotures. Ceux-là ne changeront jamais, ils ne peuvent faire autrement, et leur monde est emprunt de savoir-vivre, leurs animaux beaux, luisants, bien portant… Une Humanité se dégage de monde-là, pourtant voué à disparaître…

Parce que en face, il y a l’Europe qui s’empare de ce pays trop vieux, trop obsolète, pour le rénover à sa manière. Ici, rien n’est encore trop aménagé, comme par chez nous. Ici, les terre sont encore libres de fil de fer. Juste par-ci par-là parturées… “Imaginez toutes ces terres cultivées, quasi plates, pleines de lacs poissonneux??” Les crédits sont ouverts, des marchés sont à prendre, les routes à refaire, les camions à changer, les super-marchés à implanter (dans les villages, un commerce, deux parfois…), des tracteurs contre des chevaux, du pétrole contre de l’air pur. Des machines, à la place de ces Vieux bientôt oubliés.

Les jeunes, eux, sont en ville. Leurs envies doivent se porter vers les promesses de la télévision. C’est dur de voir ce monde n mutation perdre les dernières faibles racines qui lui restaient (le communisme n’ayant pas arrangé les choses… à cause de la peur, de la dénonciation, et d’autres facteurs encore difficiles à appréhender).

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Sur la carte on ne peut pas savoir-et heureusement- quand nous surprendront les sables mous, ou un tronçon de galets, ou bien encore une portion de gouderon à peine usé, à peine troué. On peu tout uste émettre quelques propabilités. En forêt, à coup sûrs pistes sableuses, bousillées par les tracteurs et les engins expoitants. En campagne, c’est la surprise. Primo: qui a dit que la Pologne était plate? Les plaines que l’on traverse sont cultivées, de plus ne plus à la manière occidentale: tracteurs, grandes surfaces, enrubannage. Ca reste beau à nos yeux, à cause des villages d’Anciens, Biélorusses bien souvent. A cause du vert de l’herbe de printemps, et des nuages jaunes de pissenlits qui s’y étalent. A cause de l’odeur d’une vache, de merde parfois, de tilleul frais et de lilas.

Dans un petit village de fermes, murets en pierre, buissons fleuris, vaches à l’attache, luisantes et bien nourries (vraiment très belles)… Un groupe inter-générationnel en corvée collective. Une vieille en fichu qui trait à la main, même pas assise, même pas accroupie, le dos cassé… Et un panneau tout luisant avec le sigle de l’Union Européenne: les nouvelles normes, les nouvelles subventions…

Un peu pus loin, sur la carte on pouvait prévoir une mini-route dans un état qu’on osait imaginer. Et voilà que paf! de nouveau le panneau bleu aux étoiles jaunes. Route subventionnée. Gouderon à peine abîmé. Moi au bout de cette route, j’ai trouvé 3 Anciens assis sur un banc. Un vieux me cause. Il me demande comment je trouve son pays. Je lui parle des petites fermes, toutes belles. Il a de suite répondu que tous les petits paysans étaient en train de disparaître.

Un peu plus loin commence la forêt d’Augustow. Comme celle de hier (Knyszynska), y’a pas photo, Bialowieza est unique. Ici, tout est exploité depuis longtemps. Pins et Epicéas. Plus rien que ça.

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Etronqué par la foudre, la branche est devenue maîtresse.

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Autre détour avant l’inconnu, c’est retrouver Ida chez Guila, un Hongrois implanté là. On y découvre les runes Hongroises étonnamment ressemblantes aux runes Celtes, Etrusques, et d’autres peuples Anciens…

Guila nous offre enfin 3 petites choses bien précieuses: du concentré de Chélidoine (la plante à fleur jaune dont le jus agit contre les verrues) qui exterminera la verrue de Marilia en 3 jours; de l’anti-moustique VRAIMENT efficace, un truc de l’armée, testé par Guila lui-même dans les marais de Biebza. “On le trouve pas dans le commerce, normal, ça marche!!”; et enfin, un pochon qui se glace en urgence en cas de contusions.

Hé! hé! il a oublié les bonbons à la sève de Pin Sylvestre… ! A voir les marques sur les arbres (forêt d’Augustow), ici le filon est exploité!

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