Des racines et des hommes

Bonjour a tous petits Bretons!

Comme on dit en langue Komie: “Tcheuleum” (Salut)

Message aux enfants, avant les grandes vacances d’ete…

D’abord nous voulons vous remercier pour les messages que vous nous envoyez, que ce soit sur le Livre d’or ou sur notre boite a mails, nous les recevons bien, et c’est pour nous a chaque fois tres encourageant d’avoir de vos nouvelles, et de partager vos activites autour de la Nature.

La graine de Lichi nous porte chance (elle voyage toujours avec nous!), les dessins que vous nous avez offert passent sous les yeux des Russes, et certains petits objets, comme les harmonicas, sonnent toujours en foret.

Il y a quelques jours, nous avons tout de meme decide de continuer notre route vers le Nord, vers notre grand reve de decouvrir la Grande Reserve de Taiga Vierge qui se trouve a l’extreme Est du pays des Komis. Cette reserve (en Russe on dit Zapoviednik”) se trouve dans les Montagnes de l’Oural, qui est la frontiere naturelle entre l’Europe et l’Asie (ou la Siberie, qui est la partie Asiatique de la Russie). La foret Vierge qui s’y trouve recouvre une zone grande comme la Belgique!!! La particularite de cette Taiga-la, c’est de reunir des especes Europeennes et Siberiennes.

Plusieurs personnes connaissant tres bien la region ont tente de nous dissuader d’aller la-bas en velo. Parait-il que les routes y sont trop dures, et que c’est trop loin pour nous, compte-tenu du peu de temps que nos visas nous reservent en Russie. Nous avons failli suivre ces conseils, mais au dernier moment, nous avons change d’avis: si nous n’essayons pas au moins d’atteindre cette immense Taiga Vierge, c’est comme si nous abandonnions notre but principal, et nous n’aurions pas pu etre satisfait de nous par la suite.

Quand nos amis de Syktyvkar ont appri cela, ils se sont dit que nous etions vraiment tetus et decides a y aller. Ils nous ont donne tous leurs conseils pour parvenir a notre but: ou se rendre exactement, quelle route emprunter, ou trouver les autorisations pour penetrer dans la reserve, qui est normalement fermee au public.

Depuis 3 jours que nous avons reprit la route vers le Nord-Est, vers la reserve des rivieres Petchora-Ilitch, nous avons l’impression de reellement rencontrer le peuple Komi, sa langue, ses habitudes de chasseurs, de pecheurs et de cueilleurs. Ces gens vivent depuis des siecles en lien avec la foret. Le mois de juin est cependant le pire mois pour les moustiques, et ici, l’ete est si court que tout le monde se met au travail pour faire pousser des patates et des oignons, et pour reparer les maisons, avant que l’hiver n’arrive. A l’automne, beaucoup s’en vont en pleine foret passer quelques semaines dans des cabanes de chasse (appellees Izbas) pour y recolter des baies et des champignons. Les champignons sont seches et vendus. Les baies concervees en confitures ou en jus. On a meme goute une sorte de cafe fait avec un champignon qui pousse sur le bouleau. En foret on nous montre souvent les traces que laissent les Ours lorsqu’ils cherchent des racines a manger.”Hommes et Ours vivent ensemble” nous a dit Alexei.

Ici nous sommes accueillis et aides comme des rois, encore plus qu’ailleurs en Russie. Les gens voient tres rarement des voyageurs de notre sorte! Nous beneficions regulierement de leur tradition des Saunas. Apres une bonne journee de pedalage, les bienfaits du sauna ne sont pas negligeables! Beaucoup de gens nous abordent en nous disant “Bonjour Monsieur, Bonjour Madame”! Ici, tout le monde parle Komi et Russe, mais tous ont apprit a l’ecole quelques bases de Francais, d’Allemand et d’Anglais.

Dans quelques jours nous serons aux portes de la grande reserve. Mais notre route nous mene deja a travers une foret immense qui ne cesse que pour laisser passer de magnifiques rivieres ou se nichent les villages Komis, fait de bois et de toles.

En ce qui concerne l’echange avec une ecole Komie, nous verrons donc plus tard, apres vos grandes vacances…

Profitez-bien de l’ete! Explorez bien votre monde! Ramenez-nous tout plein d’histoires de vos aventures!

A bientot!

Marilia et Christophe.

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Deuxième émission de RKB consacrée au voyage “Des racines et des hommes”. Pour tout ceux qui n’ont pas pu écouter l’émission en direct (ou les malheureux qui ne captent pas RKB),  vous pouvez l’écouter ci-dessous.

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La richesse des Forets des Komis, c’est qu’une foule d’especes rares de mousses, lichens et champignons sont encore monnaie courante, alors qu’elles ont pratiquement disparu des Taigas Scandinaves et de la region de Saint-Petersbourg, ou les coupes ont presque tout rase. Dans les Komis, la surface de forets intactes est encore immense, mais si on ne fait rien pour concerver l’equilibre des processus qui y ont lieu, on peut penser que bientot, ces especes rares seront ici aussi confinees a quelques ilots proteges ou se presseront les scientifiques du monde entier…

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Vivre en foret dans la region n’est pas une chose facile. Les anciens villages traditionnels Komis ont plutot opte pour des situations de confort: sur des buttes, le long des grandes rivieres, comme ici le village de Griva, sur la Sissola.

Les villages que l’on trouve perdus au fond des bois ont ete construit il y a peu (60 a 50 ans) dans l’unique but d’y loger les familles de forestiers. Apres avoir exploite les forets aux alentours, il a fallu construire des routes pour atteindre de nouvelles forets vierges, telle celle que l’on a tente d’explore, dans la region de Koygarodak.

Si cette foret est aujourd’hui intacte, c’est parcequ’elle se cache loin des grands cours d’eau… Elle se situe donc dans la region du partage des eaux. Certaines de ses rivieres rejoignent la mer de Kara, tout au Nrod. Les autres vont vers le Sud, pour atteidre la mer Caspienne. Mais de quelles sources vient toute cette eau???

Tel etait le but de notre expedition: un immense marais couvert de Sphaignes. Ca sent bon, c’est sauvage, des echassiers crient dans les airs, la Taiga nous entoure de son univers sombre…

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Apres 2830km de pedalage a travers la Russie, Kernunos a reussi a nous mener jusqu’aux Komis, ce pays immense un peu plus petit que la France, recouvert d’une grande foret que l’on appelle la TAIGA.

La Taiga est faite de Bouleaux, de Trembles, de Pins mais surtout d’Epiceas, ces grands resineux vert sombre… Parait-il que quand on arrive en foret, il faut demander a l’Esprit de l’Epicea la permission de passer une bonne nuit!!!

Dans le sous-bois on trouve surtout des mousses, des champignons, des sphaignes et des lichens (comme sur la photo).

Non ce n'est pas un nain des marais, mais bien un humain, les pieds enfonces dans un epais tapis de Sphaigne

La Taiga est la foret specialiste des grands froids. L’hiver y dure presque 7mois, la temperature peut descendre jusqu’a -30, et la neige y est tres abondante. Mais qui donc peut bien supporter de telles conditions? En effet, depuis que nous sommes en Russie, nous n’avons pas vu une seule fois d’animal, alors qu’a Bialowieza, Cerfs, chevreuils et sangliers nous passaient souvent sous le nez. Mais ces 3 especes la n’ont ni les pieds ni la fourrure adaptee.

Question de pieds, l’Elan (dont on a trouve un bois) a trouve la solution: haut sur ses pattes il peut marcher dans l’epaisse couche de neige. Question fourrure, les Loups, Lynxs et Rennes ont de quoi tenir l’hiver. Mais le plus connu en la matiere est bien l’Ours Brun, qu’un jour nous avons appercu au loin, traverser le chemin.

Mais les arbres aussi sont sensibles au froid. Dans la Taiga, pas de vieux Grands-peres aux allures gigantesques, ici meme les plus ages gardent des troncs etroits et des tailles reduites… Par exemple, les petits epiceas (photo de droite) que l’on peut voir dans le sous-bois ont deja parfois 25ans!

Autre particularite de la Taiga, c’est qu’elle s’enflamme regulierement. Tous les 200 a 300 ans, a cause de l’accumulation du bois sec par terre, et souvent provoque par la foudre, des feux nettoient de grandes surfaces. Ce processus premet a la foret de se regenerer naturellement. Les 1er arbres a pousser apres le feu sont les Pins. En calculant leur age (grace a un outil de carotage qui permet de compter les cernes a l’interieur des troncs), on a pu determiner la date du dernier feu ayant eu lieu dans la region: il y a 105 ans environ.

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Apres avoir ecoute les conseils des connaisseurs en la matiere, entre le Nord et le Sud, on a decide…. (vous allez pas y croire) de repartir sur nos pas, vers le Sud, en direction du massif de Koygarodak, vierge mais non protege. L’equipe de Silver Taiga nous y guidera, puisqu’ils ont une mission de reperage a y realiser.

Alors on prend conge de nos standardistes, pour quelques jours de route… et puisqu’on a le temps, on se permet de faire quelques detours, a la recherche de l’aventure… Une piste de sable en pleine foret, un village tout au bout, tous les passants qui nous assurent qu’on ne peut aller plus loin, que le pont flottant a abandonne une portion de 5m de long (pour 2m de profondeur). On est alle verifier, c’etait bien vrai, mais notre chance fut d’etre arrive juste au moment ou le boulanger passe son pain quotidien de l’autre cote.

Puis on retrouve notre equipe. Le fourgon deja bien plein engouffre sans problemes notre chargement, et s’elance pour une viree de 80km sur des pistes de sable, essentiellement frequentees par les grumiers et autres machines a bois. Plus on avance, plus la route se fait mauvaise. Tout au bout c’est la Taiga Vierge, et la route qui y mene a a peine un an d’age. La colonisation continue. C’est tout de meme bien plus simple de venir se servir dans un tresor qui est la, toujours un peu plus loin, mais encore a portee de main…

Bien que vaillant et courageux, le fourgon ne peut aller plus loin. La 1ere chose a faire est donc de poser le camp, se faire une table, des chaises, un feu, un the. Les branches pleines de lichens sont vraiment efficaces pour que la flamme prenne sans problemes. La difficulte reside plus en trouver un emplacement pour nos tentes, sur cette piste tranchee au milieu de la foret. Alors on se dit, tant pis pour le trafic interrompu, d’ailleurs c’est le “mois du silence”, le mois ou les coupes s’arretent pour laisser les oiseaux s’entendre…  

Apres ca, apres le the et un repas improvise, le chef d’expedition decide du plan d’action (seconde par ses conseilles armes de GPS et de cartes ultra precises). Chose faite on observe une derniere fois quelques minutes de silence… avant de s’equiper de maniere adaptee (moustiquaire de rigueur, produit en 2eme securite, pas une parcelle de peau ne doit depasser!). On se lance mais on sera bien vite rattrappes par un orage de grele, de vent, de pluie, de craquement d’arbres qui comme des brindilles, cassent en grand fracas. On s’imagine alors etre une petite fourmis…

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Apres la rencontre du Bison de Bialowieza, Kernunos est guide cette fois par la chouette de Silver Taiga

site de la fondation

Le but de cette fondation n’est pas de mettre sous cloche toutes les parties de Taiga Vierge encore existante: l’industrie forestiere repr2sente, dans les Komis, 25% de la production industrielle et 35% de la population est dependante de cette activite.

Par contre, les techniques forestieres aujourd’hui en vigueur font de veritables ravages en foret. Les grosses machines compactent le sol et font des coupes rases, sans distinctions de l’age des arbres et de leur interet commercial.

Pour repondre aux critere FSC (un label qui leur permet d’exporter du bois en Europe), tout de meme quelques vieux semenciers sont laisses sur pieds, mais une tempete que l’on aura nous aussi essuye, nous prouvera leur fragilite. Certaines exigeances FSC ne semblent pas adaptees: replanter est moins viable que de laisser la regeneration se faire naturellement, mais pour cela, il faut au moins laisser derriere soi un sol propice aux jeunes pousses…

Malheureusement, la quantite de bois exploite ne correspond parfois pas avec celle qui peut etre vendue. La crise dans l’industrie de la pate a papier (qui represente pres de 70% des ventes de bois) a laisse des montagnes de bois secher sur place, hors des parcelles. Resultat: en plus d’avoir ete coupes, les arbres ne peuvent meme pas pourrir sur place pour nourrir les p’tites betes et enrichir le sol.

Le but de Silver Taiga est donc d’impulser un dialogue avec les compagnies forestieres pour qu’elles adoptent certaines mesures, dans leur maniere d’exploiter, qui permettent une meilleure regeneration naturelle de la foret apres les coupes, et qui permettent de valoriser certains arbres venant de parcelles deja exploitees depuis longtemps, par exemple pour les vendre dans l’industrie de la construction (en faire des planches, ca paye mieux). Les gains faits de cette maniere leur permettraient de laisser tranquilles certaines zones de Taiga Vierge, dont les processus naturels sont encore tres dynamiques.

Deux grands projets sont actuellement en marche: les Forets Modeles (zones ou les compagnies ont adopte les techniques Silver Taiga) et les Villages Forestiers (programmes educatifs en lien avec la foret)

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Carte de l’emplacement des massifs forestiers intacts de plus de 50 000 ha, en Russie d’Europe. On peut y voir les contours du pays des Komis…

Et la, c’est la Rep.des Komis, avec en vert clair tous les massifs repertories de Taiga intacte. En vert fonce ce sont les zones protegees: la partie Sud (tout a droite de la carte) c’est le Zapoviednik de Pechora-Illiytch, dont l’acces est strictement reserve a certains scientifiques. La partie Nord c’est le Parc National de Yougoud-Va, ouvert aux touristes.

Le probleme qui se pose a nous… c’est comment y acceder?

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On nous avait bien dit qu’en juin, aux Komis, pouvait pleuvoir, greler, neiger, ou faire du brouillard. Nous, depuis 3 jours qu’on y roule, on beneficie d’un climat que l’on connait bien: le crachin Breton!

On a mit le cap au Nord, et on rencontre de plus en plus ce genre de decors:

Apres avoir appri en Russie, les mots “Palatka” et Kastior” (tente et feu de camps), on inaugure, chez les Komis, les “Gostinitsa”, hotels, pour faute de bon plans et de rechaud valide. Ce qui ne nous empeche pas d’y trouver un endroit pour notre chere palatka (qui a elle aussi besoin d’un minimum de soleil pour survivre!)

Nous voila donc arrives a Syktyvkar, capitale du pays, ou nous allons glaner quelques informations cruciales pour la bonne continuation de notre enquete: foret vierge, foret vierge, ou te caches-tu?

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Le rendez-vous etait fixe a Vielikorietskoie.

Ici le velo n’est pas a la page… On tombe donc sur une Icone en pelerinage, suivie de plusieurs milliers de marcheurs assidus, qui l’ont suivi fidelement depuis 3 jours. 90km aller, 90km retour.

Faut dire aussi que l’Icone de Nicolai a plus de 625 ans maintenant. Elle a survecu au temps, et a l’epuration des cultes pendant 30 de communisme. 30 ans sans religion, et voila maintenant que l’icone ressucite, et reunit chaque annee des milliers d’eclopes, u\tout un peuple en quete de foi, de lien, de chance… Si cette image a de la valeur, c’est surement parce qu’elle a recu la visite de toutes ces personnes, de tous ces fronts et ces levres, depuis des generations et des generations.

Pour eviter la foule, j’ai suivi Nadia et Natacha, Serguei et Sacha, dans leur pelerinage a eux. 3h du matin. Premiere etape: remplir plusieurs bidons d’eau benite. Deuxieme: se plonger tout nu trois fois dans un bassin sous une petite chapelle en bois. Troisieme: poser un cierge. Quatrieme: rendre visite a l’Icone. Ensuite, se rechauffer avec un the.

Alors pour terminer, ils m’ont tous baptise d’un nom a la Russe: “Mariouska”

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Le lendemain tot on repart… en micro-bus! Sacha nous avance de 75km pour que nous puissions nous retrouver, avec Nadia, Serguei (son mari), lui et sa femme, le soir meme, dans un endroit tres particulier…

Lui, il va vendre ses patates a Kirov. Il s’anime a nous raconter la decadence capitaliste, et la honte qu’il ressent envers son pays.

” Nous avons de l’espace, de la Terre, du minerais, du bois, du gaz, du petrole,  et malgre ca on importe des patates francaises qui coutent cher, et malgre ca les gens n’ont pas de travail decent, les routes sont horribles, et j’en passe! Regardez ce qu’est notre Russie d’aujourd’hui (il nous montre les maisons de bois abandonnees): des tas de ruines! des champs immenses en friche! des villages entiers abandonnes!

Il y a 20 ans encore, tout le monde travaillait. Les Kolkhozes etaient “forts”, j’ai ete transporteur, professeur, mecano… Toutes les maisons etaient habitees. Tout etait fait pour les gens. Apres Gorbatchev, plus rien! Les dirigeants: des alcooliques avides d’argent. Plus rien ne compte sauf l’argent. Psychologiquement c’est dur: les gens se sentent laisses pour compte. Les jeunes ne veulent plus travailler. Ils se plongent dans l’alcool, le tabac, etc… Des grands-meres finissent de mourrir dans leur maisons delabrees sans pouvoir les retaper, sans aide. Les gens ne s’aident pas, ils ne veulent pas fonctionner ensemble. Avec Staline ils ont appri a se mefier des voisins, des autres. Et puis aider ne rapporte pas d’argent non plus… J’ai honte, j’ai honte de mon pays. “

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Comme pour menager notre espoir, ce soir on tombe sur Nadia. Depuis quelques jours on venait de comprendre ce que pouvaient bien etre ces cabanes de jardins d’ou sortaient un tuyau de poele tout fumant: des saunas!!! Et depuis ce temps on en revait.

Rencontre a la boutique du village, alors qu’on nous fait bouillir de l’eau pour notre thermos routier. “venez donc vous laver, et au chaud prendre le the!” Sans hesiter on a dit: “Soudavoltsviem!”, avec plaisir, et plus que ca…

Pour prendre un bain a la Russe, faut faire un feu pendant un heure dans un poele en fer surmonte d’une cuve d’eau qui chauffe. Ne pas oublier le bouquet de branches de bouleau. On se fouette avec, sur tout le corps, ca vivifie, detend, fortifie. Quand tout est bien chaud avec une ecuelle on verse de l’eau sur les cotes du poele. Vapeur. Autant qu’on veut, autant qu’on peut. On a le droit de sortir dans la petite piece attenante, prendre un peu le frais, et revenir.

Ca fait trop du bien. Elle, Nadia, s’en offre un presque tous les jours!

Apres on s’attable, deguste les Piroguis, la salade d’oseille qu’elle est allee arracher par poignee dans le jardin. Et des kotlets fait maison. Nadia aime les histoires, les contes de la foret, les traditions russes. Elle raconte, mais on comprend rien. Geste fort: elle nous offre le Damovoi, le genie de la maison, celui dont c’est l’anniversaire une fois par mois,  on lui fait alors un pain rien que pour lui.

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On sera dorenavant moins prompte a faire de belles generalites….

Quelques heures apres avoir ecrit a nos correspondants journaleux bretons “les Russes sont d’une hospitalite incroyable, pas de peur ni de mefiance dans leur regard, etc…”, ontombe sur le contre-exemple parfait, qui fera de cette journee (et de la suivante) une belle enfilade de surprises pas toujours tres plaisantes.

Fallait trouver un endroit sec pour la nuit, la pluie n ‘ayant pas cesse de la journee. “Juste un plancher et toit, ca nous ira”, voila la requete qu’on esperait se voir realiser. Et ca a pas manque!! Au fin fond d’un village boueux, on a trouve le porche d’une maison forestiere abandonnee, encore en tres bon etat, avec meme la porte ouverte pour dormir a l’abri des moustiques, qui eux ne cessent pas d’avoir faim meme quand l’orage se pointe et que l’eclair eclate.

Mais une dame a l’esprit tordu est venu nous gueuler dessus. Elle nous parle de la police, en montrant la foret… Evidemment on comprend pas, ce que la police viendrait faire la.

20minutes plus tard qu’est-ce qu’on voit? Le fourgon de la “militsia” qui debarque. “Voyageur, vos papiers!” Tres vite ils ont capte que la vieille deraillait. Mais d’autres femmes du village s’y sont melees… parait-il qu’on serait des criminels!! Pour pas creer de problemes, ils nous demandent d’embarquer. La vieille nous regarde remballer, a l’abri de la pluie sous notre propre logis. Ha bravo, l’hospitalite! Voila qu’on se fait denoncer, comme pour experimenter une relique de ce qui devait etre monnaie courante auparavant.

Bon, on fait donc connaissance, on nous emmene a la gare, pour une nuit courte et bruyante…

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La ou y’a d’l'eau, y’a des gens, la ou y’a des gens, y’a de l’eau… Indissociable indispensable et heureuse association, a chaque point d’eau de belles rencontres se font…

Entre foret immense et profonde riviere, au milieu d’une ligne droite interminable, on a trouve un village, pour nos bouteilles et gosiers vides. Il sentait moins la Datcha de retraite que la baraque fermiere de fortune, les arrieres cours pleines de fumier et des petits animaux necessaires a la survie.

Dans le pre de pissenlit, Vladimir fait brouter sa vache. Une belle petite vache argentee. La belle devait etre coquine pour que l’homme dusse la tenir a la laisse. Mais il a pas hesite 30sec pour la lacher et venir nous servir, a volonte, l’eau des profondeurs de sa terre. Fraiche, claire, bonne a tout faire.

Dima parle fort et articule, surement expres pour que je comprenne. Ensemble, on parle comme des paysans. Sa vache me leche les doigts. Heureuses rencontres. Lui porte des bottes fourrees de feutre (par cette chaleur…!), une moustache, et des yeux bleus limpides, brillants, comme on voit souvent en Russie, et comme je n’ai jamais vu ailleurs encore. Un grand dadet. On rigole. Il me parle du capitalisme qui a tout detruit. Que lui, avant, il travaillait au kolkhoze, que les chevres la que l’on voit, c’est Staline qui les leur a donne. Avant, l’outil de travail etait offert, le travail etait “offert”, les besoins alimentaires satisfaits par des richesses redistribuees, avec quelques kopeks en plus pour les petits extras. Aujourd’hui pas de travail. Ou juste la vache argentee, ses chevres de Staline, son chien au regard doux, ses voleilles, et son jardin de l’annee.

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Parmis les petits soucis d’ordre materiel, il y a l’abdiction de la pompe a eau (qui nous permettait de purifier et de pomper l’eau d’une riviere ou d’un marais), celle du rechaud a petrole (qui nous permettait d’envisager cuisiner sans allumer de feu de camp), et enfin, plus grave, celle de l’appareil photo xxx mm, super resolution, etc, qui n’a pas supporte la pluie. Voici sa derniere photo, la joie d’appercevoir le premier panneau indiquant Syktyvkar a surement dejoue le caractere plus que prudent de Christophe.

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