Du Brésil à la Guyane, la dernière ligne droite.
Je ne suis pas mécontent de quitter le Venezuela, avec sa circulation de fou, sa pollution et ses rêves de grandeur. La transition avec le Brésil est frappante. Ici, dans la petite ville Frontière de Pacaraima, les commerces ne sont pas grillagées, et le sentiment de tension que j’éprouvais depuis des mois sur ma route s’estompe.
La route devient plus facile et agréable, dès que les gens lèvent le pied. Pour cause de prix de l’essence, bien plus élevé que celui de sont voisin, les automobilistes visent l’économie.
Je gagne rapidement la ville de Boa Vista, plus au sud, véritable carrefour sur la route de Manaus qui me voit confronté à deux choix. Le premier étant le tracé d’origine. Prendre la route vers l’Est et le Guyana, avec une difficulté de taille à surmonter. 500km de piste avec peu de villages, passant par des plateaux secs et semi aride et se terminant pars 200km de jungle, véritable impasse en pleine saison des pluies.
Le second choix est de pousser plus au sud, vers Manaus, et de prendre un bateau sur le fleuve Amazone qui me conduira vers Macapa, ville portuaire, près de l’embouchure de ce fleuve gigantesque. Une route, alors me portera jusqu’à la frontière sud de la Guyane, sur le fleuve Oiapoque et la ville de St George côté Guyane.
A défaut de ne pouvoir rentrer par la porte nord, celle du sud est entrouverte ! et tant pis pour les kilomètres supplémentaires.
Rouler au Brésil devient un vrai plaisir. Curieusement peu de trafic, et tout le monde à mes yeux roulent lentement. Mais, je devrai dire normalement ! La pollution due aux déchets aussi se fait rare sur le bord des routes. Comment y arrivent t ils ici et non pas leurs voisins ?
Mais cela n’est qu’une ombre parmi les pollutions qui existent. Sur ma route, les champs herbeux où pâture le bétail se succèdent avec son cortège de barbelés omniprésent. Avant ci la forêt était reine. C’est dans ce cadre que je franchis la mythique et symbolique ligne de l’équateur.
La saison des pluies bat sont plein et m’arrose joyeusement et copieusement plusieurs fois par jours, m’obligeant à plier sous ce mur d’eau et de me réfugier sous un porche. Les nuits ne sont plus faites sous la tente qui n’est plus du tout étanche, alors, chaque soir, je demande l’hospitalité et demande d’installer ma tente sous un abri quelconque. Là encore, rare sont ceux qui m’ont refusés l’hospitalité. Un vrai bonheur, alors d’observer les orages au sec !
La route de Manaus, me fera traverser une grande réserve naturelle sur plus de 100km. C’est le territoire indigène des Waimiri Atraori. Eux seul y ont accès et utilisent cette espace de jungle dans un but traditionnel. Un espace certes vaste quand on le traverse en vélo, mais si ridicule face à la marée productiviste qu’engendre notre société. Vont-ils gardés cette espace longtemps ? Ultime lieu pour la survie de leur peuple.
Aussitôt les limites de la réserve franchit, les grandes fermes d’élevages reprennent et avec, le paysage monotone des immenses champs de pâtures.
La jungle recule de plusieurs kilomètres, elle n’est plus qu’horizon à mes yeux. Un but qui toujours recule un peu plus loin, comme pour me dire : « Pas maintenant, patience ».
Au bout de cette longue route : Manaus. Dernière ville aux pieds de l’imposant fleuve Amazonien, maintenant, pour continuer, tout se fait par bateau. Aussitôt, arrivé, je ne tarde pas d’ailleurs à en trouver un. Comme ces centaines de voisins, ce bateau, embarque fret et passagers afin d’assurer les liaisons sur les différentes villes et ports qui jalonnent le fleuve jusqu’à son embouchure. Il faut attendre qu’il fasse le plein de passagers et lorsque sa cale sera pleine, partira vers sa destination.
Le fleuve est immense, il s’étale jusqu’à l’intérieur des terres tel une mer de grandes marées. Récemment l’impétueuse Amazone s’est fâchée, débordant et noyant villages et faubourgs des villes, Manaus compris. Une véritable catastrophe nationale due aux pluies abondantes et violentes.
Il faudra trois jours pour rejoindre la ville de Macapa et sont port, Santana. Escale et changement de bateau à Santarem, attente, départ, accostage, déchargement ou contrôle et fouille du navire par la police Brésilienne, marque la traversée. Véritable pause pour moi, avec le plaisir de découvrir ce fleuve légendaire. Me voilà en Amazonie !
Le bateau s’approche alors du quai de destination et débarque passagers et cargaison. Après une courte pause dans un petit hôtel du port, je reprends la route vers le nord et la Guyane Française. Bizarrement, il manque 200km d’asphalte sur le dernier tronçon vers la frontière.
Pour qu’elle raison ? Affaire de politicien, me dira t on d’un côté, corruption et détournement d’argent de l’autre côté. Toujours est-il qu’en cette saison la piste est plutôt boueuse ! Là encore peu de village sillonnent la route. Le vélo donnant des signes de fatigue ainsi que le porte bagages et l’envie d’arriver au plus tôt en Guyane, me fait pencher pour embarquer sur l’un des nombreux Pick-up faisant la navette avec Oiapoque, dernière ville Brésilienne, port sur le fleuve du même nom et qui fait face à la Guyane. Le but approche à grands pas. J’apprécie ces derniers moments passés au Brésil, demain je suis de l’autre côté, avec au fond de moi une envie démesuré de m’immerger dans cette jungle, dernière « Cathédrale » verte inscrite sur le projet.
Pas de commentaire »
RSS feed for comments on this post. TrackBack URL