Sar-tchelek, histoire d’un Paradis trop petit (?)
Enfin, nous on se dit “Mais il est ou le Zapoviednik?” Les animaux sauvages y sont chasses, les troupeaux y paturent en liberte, les forestiers viennent y prelever des poutres pour construire les maisons de la famille qui ne secce de s’aggrandir, en plus des noix le bois mort est aussi recolte, et personne ne nous a encore parle de re-plantations. Akenaly, le directeur-scientifique de la reserve, nous raconte un peu plus sur l’histoire de ce lieu si particulier.
Apres le depart des Russes, faune et foret n’ont plus represente qu’un potentiel pecunier. Le Noyer, tres prise pour son bois d’une excellente qualite, fait l’objet d’un trafic illegal ravageur pour ces forets. Les loupes de la base des troncs peuvent etre vendues tres cheres aux meubliers de luxe. D’apres Akenaly, sur les 9 zapoviedniks du Kyrgyzstan, Sar-tchelek presente la situation la plus difficile, a cause de la presence directe du village d’Arkit. Selon lui, 3 facteurs compromettent la protection d’un tel environnement: 1- Le kyrgyzstan est un pays pauvre, sans mines ni industries, ni rien qui offre du travail. Les gens ne peuvent compter que sur les ressources naturelles, qui sont elle-memes reduites (6% de forets!). 2- La mentalite des kyrgyzes. Anciens nomades, ils se sont toujours deplaces la ou y’avait de quoi prendre, et n’ont aucunement l’intention de bosser comme des Chinois! Beaucoup boivent et tous mangent beaucoup de viande et de produits laitiers, et n’ont donc aucunement l’intention de cultiver des jardins et de reduire le nombre d’animaux. Dans un pays transit pour les contrebandes de toutes sortes, la corruption est un fait de tous les jours et atteint tous les niveaux hierarchiques. 3- Enfin, le niveau d’education a l’environnement est nul.
Bref, a Sar-tchelek, les barrieres existent seulement pour faire payer les entrees aux etrangers, et taxer les recoltes des villageois sans droits. Ils connaissent leur nature sur le bout des doigts parce qu’ils en vivent depuis toujours, et n’ont aucunement l’intention d’arreter la leurs activites, ou de seulement les reduire. Les barrieres leur permettent de jouir des richesses de leur vallee en ecartant toute concurrence venant des villages voisins qui n’ont pas la chance de vivre dans le meme paradis.
Mais que veux-tu repondre a cela? Pourquoi ne pas considerer cette evolution et la pression que l’homme impose a cet environnement comme un “processus naturel”, au meme titre que les scolytes ravageurs d’Epiceas, ou que les feux de foret dans la Taiga? La difference que moi j’y vois, c’est que l’Homme est capable d’avoir conscience de l’impact qu’il provoque. Il choisi de nuire ou de ne pas nuire. Il est aujourd’hui entierement responsable des consequences futures sur la Nature qui l’entoure, et plus globalement, sur la planete Terre toute entiere. Mais comment faire prendre conscience a chaque peuple, deja interieurement si morcele et bourre de conflits inter-familles et inter-villages, qu’il est membre de l’Especes Humaine, et qu’au nom de toutes les autres nous sommes celle qui va choisir la direction evolutive du monde de demain?! Comment leur faire sentir qu’ils ne sont pas seuls isoles dans leur vallee magique, deconnectes du monde, mais que les richesses qui s’y trouvent sont des germes de vie pour les generations futures Terrestres? Ils en profitent, eux, aujourd’hui, mais leurs enfants seulement pourront-ils en jouir?
Des exemples d’alternatives, il en existent, plus au sud, dans la region de Djalal-abad. On decide donc de continuer vers d’autres forets de Noyers ou une collaboration Suisse-Kirghize a dynamise un systeme de gestion durable de la ressource forestiere…
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