1001 visages
Parfois on a peine a croire que le matin meme nous etions dans un monde si different… peine a realiser l’incroyable changement, en une descente, 3 coups de pedale. En une journee on decouvre au moins 4 mondes, ce qui aide a comprendre la diversite d’univers que recele ce pays.
Apres un 2eme col en douceur le long d’un riviere qui s’amenuise jusqu’a n’etre plus qu’un filet d’eau et quelques mares herbeuses, on entame la grande descente, on atteind un autre ruisseau qui se transforme rapidement en large riviere. Sur la montagne des arbres apparaissent. Emotion. De la vie, de nouveau.
Au bord de la route on ne vend plus du Kymyz mais du miel en bouteille. Le vent devient chaud, on ne croise plus les troupeaux, on les double!
La descente continue dans des gorges pierreuses ou le vent ne laisse aucun nuage abreuver la roche a nu… jusqu’au lac de Toktogul.
Pour atteindre ses berges, on nous dit ” Daleko”, sans qu’on sache jamais trop ce que ca signifie. On est alle… suffisemment loin pour qu’on ait a traverser des champs de mais, des p’tits villages irrigues et boises, des chemins de terre cabosses. Suffisemment loin pour qu’on entende plus rien que les crapauds, les insectes, et le silence…
Puis apres quelques transitions orageuses, entre cols arides et creux fertiles (ou s’empilent pasteques et melons a 5m de leur lieu de production…), la route poursuit sa course le long d’une riviere verte (la Naryn, parsemee d’usines hydroelectriques qui alimentent tout le pays, et meme certains pays voisins), ou de rares oasis laissent pousser les Grenadiers.
Puis le flanc des montagnes s’ouvrent, apparaissent des Pistachiers, tout secs et rabougris. A Tach-Kumir (”pierre de charbon”) on bifurque vers la reserve de Sar-tchelek… Quand on voit l’etat des montagnes de la region, on comprend effectivement. Mines de surface, remblais oublies, ravines ou plateaux sculptes par l’exploitation. Des que l’eau se pointe, quelques arbres poussent, pour quelques baraques, et quelques troupeaux. On sent que l’omnipresence des animaux en liberte compromet toute regeneration vegetale. Tous nous disent que la vie est dure. Pas de travail, pour des familles qui comptent facilement 6 enfants. Du coup les gens dependent quasi uniquement des ressources de la Terre. C’est la tension entre ce que la Nature d’ici peut donner, et ce dont les Hommes ont besoin… Tout semble tres crucial… une secheresse, et c’est la catastrophe! Mais meme pauvres, les personnes que nous rencontrons (peu parlent le Russe dans ces contrees reculees) nous offrent tout ce qu’ils peuvent. Des prunes, des noix, un the, un refuge le temps d’un gros orage diluvien. On recolte des invitations pour le retour, puisque la route de Sar-tchelek se termine en impasse.
Encore une fois, la pluie garde secret le paysage de la vallee fertile de Sar-tchelek… mais petit-a-petit, les pentes se couvrent de verdure et d’arbres fruitiers, dans chaque parcelle habitable se trouve une de ces maisons en terre, une de ces granges sur pilotis, au bord d’une riviere dont les crues doivent etres d’une force incroyable. A l’approche du Zapoviednik, la brume enveloppe notre avancee de mystere… Quel fabuleux visage va-t-on encore decouvrir?
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