juil
07
2012
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Guyane, première immersion dans la jungle

L'Oiapoque fleuve frontière,côté Français

L'Oiapoque fleuve frontière,côté Français

Traverser la Frontière en barque sur l’Oiapoque est rapide. St George de l’Oiapoque côté Français, est vite atteint, avec une surprise pour moi, un pont qui enjambe le fleuve et qui relie les deux pays. Le piroguier me dira qu’il n’est toujours pas ouvert, les normes des deux pays ne sont pas les mêmes, il y a blocage. En attendant les piroguiers continuent leurs va et viens. Que deviendront-ils lorsque la communication terrestre va être effectuée ?

A St George, je suis hébergé par Didier, ancien douanier il donne maintenant un coup de main à gérer le côté administratif d’une entreprise de formation de BTP. Il m’explique la diversité ethnique et culturelle de ce pays, des conflits qui y naissent et l’ombre menaçante des drogues qui circulent, rendant les gens fou. Département Français, certes, mais d’abord Amérique du sud !

Ma route se poursuit le lendemain matin vers le village de Régina, au bord de l’Approuague. Cayenne est encore loin,, Régina presque à mi chemin, je décide d’y passer la nuit.

Chez l’unique commerçant du village, tout le monde y passe faire un tour, boire un canon et discuter. Il fait office de bar de rue. Je rencontre alors un personnage étonnant sous le patronyme de Chevreuil. Jean François, Jeff, m’indique un endroit où poser mon hamac à l’abri, il y passe également la nuit. Il est heureux, après quatre mois à travailler dans le bâtiment, il revient vers le lieu qu’il adule : La jungle.

Demain matin, il embarque sur une pirogue, avec un peu de matériel et des vivres pour un mois. Il va rejoindre un camp sur la rivière Mataroni, en haut de l’Approuague. Dans une semaine, Une amie vient le voir, je pourrais alors retourner avec les piroguiers. Une semaine dans la jungle, dès mon arrivée, quel magnifique cadeau. Cerise sur le gâteau, Jeff me retrouve avec une gamelle dans les mains : « Tu as déjà gouté du caïman ? ».

Merci Chevreuil pour ton accueil, le plat est délicieux et je m’endors en pensant à la semaine qui va suivre. Un premier réel contact avec cette vie qui fourmille ici. Après cinq mois de route et près de 7500km, je ne pouvais rêver meilleur endroit pour marquer une pause et célébrer mon arrivée.

Immersion dans un milieu surprenant

Immersion dans un milieu surprenant

Ce sont deux jeunes du village avec lesquels je réussi à négocier un prix pour aller et retour, qui nous emmènes pour deux heures de navigation en remontant la rivière. J’ai confié une partie de mes bagages chez Nicolas, l’un des piroguiers. En fait, la barque est au père de l’un et le moteur au père de l’autre.

La Mataroni se réveil

La Mataroni se réveil

Nous quittons rapidement le fleuve principal pour remonter la Mataroni. Le niveau de la rivière est haut (il faut tenir compte également des marées) et les sauts, véritable cascades en saison sèche sont franchis sans problème. Nous arrivons alors à destination. La petite embarcation accoste dans une petite crique surplombée par 100m de pente dans la jungle. Celle-ci débouche sur la partie habitation.

carbet traditionnel

carbet traditionnel

Une vaste zone coupée à blanc pour y construire un carbet (maison traditionnelle faite d’un toit en feuille de palmiers et sans murs) et d’un Abati, un jardin planté de légumes de fruits et de plantes. Et cette place en est remplie, mosaïque de plantes de toutes sortes, avec des bananiers, papayers et fleurs en tout genre. Jeff est venu entretenir la place et garder le lieu à l’année pour les propriétaires.

Dans le carbet, chacun prends sa place et installe ses affaires. Ce soir, Jeff ira poser un filet et quelques trappes pour le repas de demain.

La nuit, tout le monde profite de l’obscurité pour sortir, renifler, manger ou chanter. Chants et vibrations de toutes les couleurs  que cette jungle peut offrir. Grenouilles crapauds et grillons entament leurs chorale. D’autres animaux sont plus discret, comme le Tapir ou la biche, car dans ces lieux rodes Jaguars, pumas et panthères, Maîtres incontestés de la forêt.

un bel Aymara pour le déjeuner

un bel Aymara pour le déjeuner

préparation du poisson pour le fumer

préparation du poisson pour le boucanner

installation d'un boucan

installation d'un boucan

Le lendemain, nous découvrons avec joie sur une des trappes, un bel Aïmara, poisson carnassier très répandu sur la rivière. Il sera boucané, opération consistant à fumer la viande. Il sera dégusté plus tard avec chicorée et fenouille du jardin.

Jeff me raconte sa vie en Guyane. Sa passion pour la forêt et la pêche. Pendant des années il a été guide pour touristes et scientifiques sur différents sites. Il a beaucoup appris avec les amérindiens en travaillant dans les communautés pour une compagnie de forage d’eau potable. Richesse d’apprentissage qui se perd de plus en plus dans les communautés où l’alcool fait des ravages.

Vivre en forêt, sur le plan nourriture est un travail quotidien. La pêche comme la chasse demande une connaissance incroyable du milieu et de la faune sauvage. Ne manger que du riz ou des lentilles n’est pas possible, alors il faut attraper sa pitance. C’est la loi universelle que l’on retrouve dans ces milieux : Manger ou être manger. Car ici tout le monde s’active pour chercher sa nourriture quotidienne. Ballets incessants d’insectes, de fourmis et d’oiseaux parcourant l’espace, et partout la mort rôde.

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Piraï ou Piranha

Piraï ou Piranha

Un proverbe amérindien dit même : »Il y a dans la forêt, autant de feuilles dans les arbres que d’yeux qui te regardent ».

Cette jungle est riche d’une biodiversité incroyable. Des espèces sont découvertes par les scientifiques chaque année. Elle est le dernier sanctuaire de la vie sauvage tropicale.

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La jungle en Guyane recouvre 7 millions d’hectares et plus de 3 millions sont protégés. Située à la frontière sud, la réserve du Parc Amazonien  jumelée avec sa voisine au Brésil, la réserve des monts Tumuc Humac, représentent environ 6 millions d’hectares de jungle préservés d’un seul tenant, le plus grand parc naturel au monde.

Il ne suffit pas de poser filets et hameçons pour prendre du poisson. Parfois le pêcheur s’en reviens bredouille. Mais la mère n’oublie pas sont fils, et offre dès le lendemain, de quoi se nourrir. Une tortue c’est prise dans une trappe, blessée, elle fera un délicieux repas.

Peu de monde remonte la Mataroni, rivière utilisée par les chasseurs qui partent en expédition nocturne et remonte son cours jusqu’au carbet de chasse et partent en forêt.

Lorsqu’il y a du passage, c’est toujours un moment d’échange.

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Narcisse, de passage nous offre un caïman

Narcisse, de passage nous offre un caïman

Aujourd’hui c’est Narcisse, Brésilien de naissance et français d’adoption. Il est instructeur au camp d’entrainement en forêt tropicale de la célèbre Légion Etrangère. Sa spécialité : La survie dans ce milieu extrême. Et il en connaît un rayon ! A 60 ans,  sous son apparence de petit bonhomme sec,  je le devine  à toutes épreuves. Toujours en activité, et met sur la touche bon nombre de jeunes prétentieux.

Mangé ou être mangé...

Mangé ou être mangé...

Ramenant un caïman à déguster, il passe l’après midi avec nous et, après quelques heures à écouter une bibliothèque vivante tant sa connaissance des plantes et du milieu est grande, il repart le soir venu chasser un ultime Pac ou un cochon-bois.

Jeff me dit qu’il à beaucoup apprit  avec lui au niveau chasse, mais ce n’est pas son truc, il préfère et de loin la pêche.

Je profite de ces quelques jours pour découvrir les alentours en suivant les layons.

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Minces chemins tracés dans la jungle, ils sont utilisés soit pour la chasse, soit pour rejoindre un carbet situé plus haut sur la rivière. Le sous bois est riche en plantes arbustives fougères et palmiers. Perchées sur les troncs ou dans la canopée, les plantes épiphytes abritent quand à elle une multitude d’amphibiens et d’oiseaux. Les lianes, parfois centenaires enguirlandes les branches basses et se perdent dans les hauteurs des cimes. Il n’y a cependant pas beaucoup de gros arbres, indicateur d’une exploitation par l’homme. img_19441C’est une forêt secondaire que j’ai devant moi. Il faut dire qu’à l’emplacement du carbet ou je loge, de nombreux fragments de poteries ont été découvert, preuves d’un ancien village Amérindiens.

Encore peu touché par l’orpaillage, elle reste assez sauvage et la reconstruction se fait tranquillement. Mais là encore, tout peut changer si rapidement. Il suffit de peu de chose comme une route, ou de trop fréquentes visites pour que ce fragile mais non moins puissant système écologique ne soit transformé.

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La semaine se termine, il me faut reprendre la route. J’attends mes piroguiers, qui selon toute probabilité arrive ce jour. Peine perdue, l’attente sera vaine, personne ne viendra me chercher.

Une semaine se passe ainsi, de pêche et d’apprentissage en forêt grâce à Jeff. Pas une barque ne passe, comme par hasard. Me voilà bloquer au milieu de la jungle, combien de temps il va falloir patienter. Car, bien sure, le canoë de Jeff ne peut contenir deux personnes.

Tressage d'une feuille de palmier

Tressage d'une feuille de palmier

C’est le temps de la privation : Café et tabac sont vite épuisés, et le stock de riz et lentille s’amenuise.

Jeff décide alors une descente osé vers Régina en pirogue. Pas simple avec les sauts et la distance. Il met 7 heures à atteindre le village et remonte le lendemain avec vivres et piroguiers pour me redescendre. Je quitte alors le saut « maman Coumarou » et laisse Jeff à sa vie solitaire lui promettant un retour. Un colis lui sera envoyé pour le remercier. Une amitié vient de naitre entre nous.

Ecrit par Asso Kernunos in: Amérique du sud, Guyane, mataroni | Mots-clefs :,
juil
07
2012
0

Du Brésil à la Guyane, la dernière ligne droite.

Je ne suis pas mécontent de quitter le Venezuela, avec sa circulation de fou, sa pollution et ses rêves de grandeur. La transition avec le Brésil est frappante. Ici, dans la petite ville Frontière de Pacaraima, les commerces ne sont pas grillagées, et le sentiment de tension que j’éprouvais depuis des mois sur ma route s’estompe.

La route devient plus facile et agréable, dès que les gens lèvent le pied. Pour cause de prix de l’essence, bien plus élevé que celui de sont voisin, les automobilistes visent l’économie.

Brésil, pays des immensités

Brésil, pays des immensités

Je gagne rapidement la ville de Boa Vista, plus au sud, véritable carrefour sur la route de Manaus qui me voit confronté à deux choix. Le premier étant le tracé d’origine. Prendre la route vers l’Est et le Guyana, avec une difficulté de taille à surmonter. 500km de piste avec peu de villages, passant par des plateaux secs et semi aride et se terminant pars 200km de jungle, véritable impasse en pleine saison des pluies.

Le second choix est de pousser plus au sud, vers Manaus, et de prendre un bateau sur le fleuve Amazone qui me conduira vers Macapa, ville portuaire, près de l’embouchure de ce fleuve gigantesque. Une route, alors me portera jusqu’à la frontière sud de la Guyane, sur le fleuve Oiapoque et la ville de St George côté Guyane.

A défaut de ne pouvoir rentrer par la porte nord, celle du sud est entrouverte ! et tant pis pour les kilomètres supplémentaires.

Rouler au Brésil devient un vrai plaisir. Curieusement peu de trafic, et tout le monde à mes yeux roulent lentement. Mais, je devrai dire normalement ! La pollution due aux déchets aussi se fait rare sur le bord des routes. Comment y arrivent t ils ici et non pas leurs voisins ?

Mais cela n’est qu’une ombre parmi les pollutions qui existent. Sur ma route, les champs herbeux  où pâture le bétail se succèdent avec son cortège de barbelés omniprésent. Avant ci la forêt était reine. C’est dans ce cadre que je franchis la mythique et symbolique  ligne de l’équateur.

Une des causes de la régression des forêts primaires: l'élevage

Une des causes de la régression des forêts primaires: l'élevage

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Orages, et des espoirs... que ça finisse!

Orages, et des espoirs... que ça finisse!

La saison des pluies bat sont plein et m’arrose joyeusement et copieusement plusieurs fois par jours, m’obligeant à plier sous  ce mur d’eau et de me réfugier sous un porche. Les nuits ne sont plus faites sous la tente qui n’est plus du tout étanche, alors, chaque soir, je demande l’hospitalité et demande d’installer ma tente sous un abri quelconque. Là encore, rare sont ceux qui m’ont refusés l’hospitalité. Un vrai bonheur, alors d’observer les orages au sec !

La route de Manaus, me fera traverser une grande réserve naturelle sur plus de 100km. C’est le territoire indigène des Waimiri Atraori. Eux seul y ont accès  et utilisent cette espace de jungle dans un but traditionnel. Un espace certes vaste quand on le traverse en vélo, mais si ridicule face à la marée productiviste qu’engendre notre société. Vont-ils gardés cette espace longtemps ? Ultime lieu pour la survie de leur peuple.

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Le parc, peut montagneux renferme de nombreux marais

Le parc, peu montagneux renferme de nombreux marais

Aussitôt les limites de la  réserve franchit, les grandes fermes d’élevages reprennent et avec, le paysage monotone des immenses champs de pâtures.img_2455

La jungle recule de plusieurs kilomètres, elle n’est plus qu’horizon à mes yeux. Un but qui toujours recule un peu plus loin, comme pour me dire : « Pas maintenant, patience ».

Au bout de cette longue route : Manaus. Dernière ville aux pieds de l’imposant fleuve Amazonien, maintenant, pour continuer, tout se fait par bateau. Aussitôt, arrivé, je ne tarde pas d’ailleurs à en trouver un. Comme ces centaines de voisins, ce bateau, embarque fret et passagers afin d’assurer les liaisons sur les différentes villes et ports qui jalonnent le fleuve jusqu’à son embouchure. Il faut attendre qu’il fasse le plein de passagers et lorsque sa cale sera pleine, partira vers sa destination.

Le fleuve Amazone  s'est mis en colère, Manaus, près du port

Le fleuve Amazone s'est mis en colère, Manaus, près du port

Le fleuve est immense, il s’étale jusqu’à l’intérieur des terres tel une mer de grandes marées. Récemment l’impétueuse Amazone s’est fâchée, débordant et noyant villages et faubourgs des villes, Manaus compris. Une véritable catastrophe nationale due aux pluies abondantes et violentes.

Il faudra trois jours pour rejoindre la ville de Macapa et sont port, Santana. Escale et changement de bateau à Santarem, attente, départ, accostage, déchargement ou contrôle et fouille du navire par la police Brésilienne, marque la traversée. Véritable pause pour moi, avec le plaisir de découvrir ce fleuve légendaire. Me voilà en Amazonie !img_2529

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rencontre avec le fleuve Amazone

rencontre avec le fleuve Amazone

Le bateau s’approche alors du quai de destination et débarque passagers et cargaison. Après une courte pause dans un petit hôtel du port, je reprends la route vers le nord et la Guyane Française. Bizarrement, il manque 200km d’asphalte sur le dernier tronçon vers la frontière.img_24251

Pour qu’elle raison ? Affaire de politicien, me dira t on d’un côté, corruption et détournement d’argent de l’autre côté. Toujours est-il qu’en cette saison la piste est plutôt boueuse ! Là encore peu de village sillonnent la route. Le vélo donnant des signes de fatigue ainsi que le porte bagages et l’envie d’arriver au plus tôt en Guyane, me fait pencher pour embarquer sur l’un des nombreux Pick-up faisant la navette avec Oiapoque, dernière ville Brésilienne, port sur le fleuve du même nom et qui fait face à la Guyane. Le but approche à grands pas. J’apprécie ces derniers moments passés au Brésil, demain je suis de l’autre côté, avec au fond de moi une envie démesuré de m’immerger dans cette jungle, dernière « Cathédrale » verte inscrite sur le projet.

Ecrit par Asso Kernunos in: Amérique du sud, Brésil |

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