Bilan Komi et pause articulatoire
Avec leurs 2 600 000 ha reunis, le P.N. de Yugud-Va et le Zapoviednik de Petchora Ilitch rassemblent la plus grande foret vierge d’Europe. La richesse naturelle de la Taiga de l’Oural se trouve 1- dans son immensite, 2- dans la purete de son eau et les reservoirs d’eau douce constitues par d’immenses marais de sphaignes, 3- dans la rencontre d’especes europeennes et siberiennes.
Ces territoires rudes et eloignes n’ont cependant jamais cesses d’etre parcourus par les hommes. Le peuple Mansi avait la zone du zapoviednik pour territoire de chasse et faisait brouter leurs Rennes dans la Taiga de la Petchora. Plus au Nord, la ou la Toundra prend le dessus sur la Taiga, les Nenets etaient installes. Le peuple Komi, sedentaire, occupait les terres a l’Ouest de la Petchora.
C’est via le cours des rivieres que les Russes sont arrives vers la fin du 18eme siecle, et qu’ils ont commence a utiliser les ressources abondantes de la Taiga (peche, chasse, commerce de la fourrure surtout). De nombreux villages appraissent alors le long de la Petchora, comme celui de Yaksha (environ 1780) qui devient un veritable carrefour commercial entre les cours d’eaux se jettant dans la mer de Barentz et ceux descendant vers la Caspienne. Mais la ressource s’epuise vite et de nombreuses especes se font rares. En 1931, la reserve est alors creee en reponse a cette pression, mais provoque un conflit entre les partisans du zapoviednik et le peuple Mansi a qui on veut interdire la chasse et d’y faire paitre leurs grands troupeaux. Chasses de leurs terres ancestrales, les Mansis se retirent plus au Nord-Est, et doivent abandonner leurs Rennes. Des villages de 80 habitations implantes sur la Petchora se desertifient, pour ne garder que quelques maisons ou vivent actuellement les forestiers de la reserve.
Aujourd’hui, l’existence du zapoviednik assure le salaire d’un petit nobre de privilegies pour la plupart installes au village de Yaksha. Au-dela de la frontiere de la reserve, l’industrie forestiere termine de s’epuiser, apres avoir tout exploite. Il faudra 150 ans a la foret pour se reconstituer un minimum. Un peuple de la Nature a donc ete chasse pour mettre sous cloche un bout de foret autour de laquelle l’homme moderne n’a su que detruire… Quand et comment saurons-nous vivre de la foret sans l’epuiser irremediablement?
Le projet de Silver Taiga semble aller dans ce sens. 4 800 000ha de Taiga sont encore vierges en Rep. des Komis (soit 23% des forets). Certaines mesures de protection en preserve 3 800 000 le long des rivieres, et des entreprises ont accepte de proteger certains massifs ecologiquement tres important (3 500 000 au total). Un travail de “reeducation” est aussi a realiser aupres des exploitant forestiers et des habitants des villages Komis, dont les traditions renforcees ne pourraient que valoriser a long terme les richesses de la Taiga.
Et nos petits coeurs dans tout ca? Comment vous traduire ce qu’ils ont bien pu ressentir, a chaque fois, a chaque pas un peu plus profond dans l’univers si vivant et mysterieux de LA TAIGA? Ours, Elan, Loups, Lynxs, Poissons, Oiseaux ou autres poilus a 4 pattes, ils sont tous la c’est certains, et a defaut de les voir, on peut sentir leur omnipresence envahir les sous-bois… Sous l’ombre des epiceas, on se sent rentrer sous-terre, et meme perches sur un rocher, avec la vue qui s’ouvre, on a du mal a percevoir l’immensite qui nous entoure. Les rencontres avec les habitants de la Taiga nous ont aussi renforcees… C’est un monde rude dans lequel il faut apprendre a vivre, mais une fois adaptes, la Taiga offre a ses gens des merveilles: champignons, baies en abondance, poissons, gibier, plantes aux usages multiples (le bouleau bat tous les records quant a la multiplicite de ses usages)
La Taiga…! Il nous a fallu croire en elle et en notre reve, jusqu’au bout, pour atteindre ses profondeurs… Il nous a fallu lui parler et la remercier pour qu’elle nous laisse en sortir. Tout comme Bialowieza, la taiga de la Petchora restera pour nous un des perles de notre voyage, un de ces lieux qu’on aime parce que la vie y abonde, une de ces forces qui nous rappellera toujours a notre condition de bipede terrestre et denude, une de ces Racines ou nous pourrons toujours nous sentir “a la maison”…
A quelques km de Perm on marque la pause. Il nous faut dessiner la suite de notre route. Trouver la bonne direction, et le bon objectif. Malgre le proverbe Russe qui dit “Tsar daleko, Bog visoko”, le Tsar est loin, mais Dieu est juste au-dessus, on a decide de sortir du pays comme nous l’exigent nos visas. Il nous faut donc nous rendre a Omsk, en Siberie, demander des visas pour le Kazakhstan… Par la meme occasion, on decide de continuer jusqu’au Kirgizstan, ce petit pays en plein centre de l’asie, niche dans les montagnes du Pamir… Dima, de Silver Taiga, nous avait parle d’une foret modele exclusivement faite de Noyers… Pas de doutes, donc, elle sera notre prochaine aventure.
Cap au Sud, voila qui sonne tout drole…
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