Chaitanovka, chez Boris et Valia.
C’est Boris qui est venu nous chercher avec sa barque, au village de Oust-Ounia. Notre gaillard est bavard, il en debite des fleuves de choses interessantes aux quelles je ne comprend rien (son accent si particulier sans doutes…) Nous voila donc embarques pour 5h de lodki (60km), de plus en plus loin dans la Nature Sauvage. La riviere charrie des troncs de bois mort, le courant file fort, avec toute l’eau qu’il a plu la nuit passee. On retrouve avec tendresse un peu de Caillasse dans le paysage… L’oural et ses montagnes aussi se rapprochent…
Pause au 1er “kordon” de Paloy. Accueillis par un Alexei barbu, maigre et trapu. Le regard brillant. Un ours des foret, un type solitaire, trop heureux de voir du monde, mais sans mots pour dire, alors il fait: pose sur la table du pain frais-maison, du poisson cru seche, bidouille un momment dans la cuisine exterieure, revient avec des pates assaisonnees, y retourne, nous apporte cette fois du poisson frit venant tout droit de la Petchora. Il dit rien mais il est la. Boris lui parle, parle, parle… Ce doit etre sa maniere a lui de se rechauffer.
Chez lui, Valia nous attend pour le meme genre de tablee quoiqu’encore plus abondemment servie. Nous qui avions peur de manquer de bouffe… Les “kordons” sont ravitailles une fois par an, lorsque les crues du printemps permettent a un bateau enorme de remonter la riviere charge de tout le necessaire. Ils ne semblent manquer de rien. La crise? Elle n’arrive pas jusque la!! Elle ne change rien a leur vie, et ils en rigolent bien, tient! Autonomie, voila le maitre mot. Le jardin apporte des legumes dont ils font des concerves, la foret des champignons et des baies (sur une peripherie autorisee de 2km), la riviere du poisson (on goutera souvent le “C’harius”, qui ne supporte que les eaux tres propres) et du gibier quand on s’aventure a chasser de l’autre cote, hors du Zapoviednik. On goutera de la viande d’Elan (parfois servie crue et en fines tranches congelees), vraiment tendre et goutue.
Leur travail: accueillir les expeditions scientifiques, ou les forestiers en voyage le long de la Petchora (comme 2 d’entre eux que l’on rencontrera, partis pour 3 jours de navigation jusqu’aux sources de la Petchora, aux confins du Zapoviednik et de la Rep. des Komis, pour y chasser d’eventuels braconniers), mais aussi faire des releves botaniques reguliers. Moi je remarquerai juste que les marochkas sont pas encore mures, alors qu’a Yaksha deja elles commencaient a rougir…
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