Reserve de Szteketovo. Une clairiere sur la Lutownia. Bossellee. Des bisons y broutent parfois. Les sangliers viennent y fouiner, y ajoutent leurs reliefs. Bosselle. Le sous-bois tout autour: sec, propre, seuls quelques dinosaures pas rentables finissent de disparaitre.
La premiere fois qu’on y est revenu, on est tombe sur un jeune couple endormi, d’une autre epoque (no future?), maigre et sympas. La fille nous montre sur son appareil photo un bison mort. Eux, endormis, y’en avait 6 de vivants, devant leur nez. Le gars me montre la prairie, bossellee. “Ca c’est la 2eme guerre mondiale. Ici, les bombes.. et la, les trous, la guerre…”
Foret de maquis. Foret des partisans. De resistance. Et donc, foret de massacre. On peut voir un peu partout des pancartes-memoire des lieux ou ont peris fusilles bon nombre de personnes.
La deuxieme fois qu’on y est revenu, Christophe a trouve au bord du chemin un Nikolai en byciclette. Parle francais. Espagnol aussi. Englais, Russe, Polonais bien evidemment. Sa mere est morte il y a 40 jours. Les 40 jours de deuil s’achevent. Il est libre maintenant. Il nous parle.
Il y a 200 ans, la, un village. Autonome. Un village de charbonniers-potiers, ou autre chose encore. Mais qui vivait de la foret. A son echelle. Par elle. Comme nous ce soir-la, avec le feu, et l’eau de la riviere.
Apres, l’histoire qui s’enchaine, c’est celle des Rois, des Tsars, des Russes. La grand-mere de Nikolai racontait avoir vu les filles du Tsar, a Bialowieza. Puis la guerre, les Allemands, et les Russes. Ils se sont tous servis. Et hop! une petite concession de 10 ans pour les Anglais… Milliards de metres cubes. Ils y sont pas alles de main morte. Ils ont embauches des gens sur place, comme toujours, pas chers… Et puis le contrat est brise: des yeux autrement interesses s’etaient tournes vers Bialowieza: des Ecolos, la Pologne, l’Europe… le “Parc National”, et l’UNESCO qui vient tirer les oreilles. Mais le Parc, a part donner une bonne image, ne fait pas grand chose… Ils ont le tourisme de leur cote. Les pauvres gens d’ici, se disent bien que c’est beau cette foret, et ils voient bien qu’elle change, et pas dans le meilleur des sens. Mais ils se disent surtout qu’apres tout ces “privilegies”, ils peuvent bien taper dedans, eux aussi, et en vivre, tout simplement.
Nous, ce qu’on voit, concretement, c’est qu’y'a plus d’place. Plus de place pour les animaux, plus de bois mort pour les insectes, et plus d’insectes pour les oiseaux. Bialowieza est une foret “gentille”, forte dans le passe, mais qui s’ecrase.
Pourtant a chaque feu de camp un espoir s’allume. A chaque arbre magestueux. Au contact du ruisseau, ou bien les pieds dans les marais. Nous tout petits sous les grands arbres. A l’oree d’une foret aux interieurs pleins de mysteres…
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