Des racines et des hommes

On pensait que sans les feuilles, on aurait pu les approcher plus facilement, mais le tapis de feuilles mortes rend nos deplacements bien trop bruyants!! (et il faut penser que si nous on les voit mieux, eux nous voient mieux aussi!!)

On pensait qu’avec les feuilles, on aurait pu se camouffler, mais la reciproque est toujours valable…!!

Alors voila, comme on a pas encore reussi a les approcher sans les faire fuire… on fait connaissance d’une autre maniere… Au moins celui-la, il ne bronchera pas!

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La Directrice du lycee de Hajnowka, enchantee...

Bien souvent accompagnes par Janusz, notre fameux ecologiste, nous nous rendons dans plusieurs ecoles y projeter le film. Les publics que nous rencontrons sont divers, leurs reactions variees, mais c’est pour nous a chaque fois l’occasion d’en apprendre un peu plus sur le contexte particulier de la region et la mentalite des gens.

A la haute-Ecole Forestiere de Bialowieza, les etudiants avouent ne pas savoir pourquoi ils etudient en particulier la foret. Le prestige de l’ecole est en fait la raison de leur presence, pour beaucoup.

A Tereminski, plusieurs vieilles dames se levent, outrees par ce film “de propagande”, et quittent la salle en declarant: “la foret aux forestiers, eux savent la proteger, et pas les ecologistes”. Le reste du public tente de nous donner une explication de leur comportement: “dans ce film, il n’y a pas de place pour nous, les gens locaux. Si nous avions pu parler des problemes que nous rencontrons, alors ces dames seraient peut-etre restees”.Comment menager la chevre et le chou?? Cependant, le conseil ne tombe pas dans l’oreille de sourds: ” si vous voulez continuer vers les Komis, il vous faut vous ouvrir a la position des locaux”. Nous tirons de cet echange que les gens ont peur d’etre mits sous-cloche par un Parc National, et de ne plus pouvoir utiliser la foret de la maniere qui leur plait.

Au lycee de Hajnowka, certains jeunes sont ahuris de comprendre que nous avons tout quitte pour venir leur parler de la beaute de leur region, alors que la plupart d’entre eux ne pensent qu’a la quitter. D’autres nous demandent ce qu’ils peuvent faire pour proteger Bialowieza… Certains jeunes sont donc sensibles a la question, mais la plupart n’ont jamais vu d’autres regions et ne peuvent comparer. Il leur faudrait un bon voyage en terre conquise pour se rendre compte de la grandeur de leur foret. Suite a cet echange, Janusz nous explique qu’ici les gens prennent rarement des initiatives, et pensent rarement qu’ils peuvent decider par eux-meme d’actions qu’ils veulent eux-meme mener. Un dicton local dit: “moins tu en diras, plus t’iras loin”.

A l’ecole de Dubice Cerkievne, le professeur, membre actif d’un bureau de tourisme, profite de notre exploi sportif pour projeter a la suite du film, une de ses video de rafting en kayak.

Bref, nous qui sommes specialement la pour honnorer la Vie Sauvage, on se rend compte qu’ici, tres peu de gens se sentent concernes par son importance. Pourtant, il suffit de se pencher pour s’emerveiller…

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Il y moins de 200 ans, tres peu de villages se trouvaient a Bialowieza, avec tres peu d’habitants. Ces gens vivaient en autonomie, grace a la foret, au bois, au charbon, aux animaux…

Aujourd’hui tout le monde depend de l’exploitation sous toutes ses formes, de la foret… coupe d’arbres, Parc National, tourisme… Voici quelques photos d’habitations pour tenter de vous donner une idee de l’evolution de l’Urbanisme a Bialowieza.

Vieille izba bielorusse; puit a balancier; outils de bois…

Maison de bois traditionnelle. Le toit est parfois meme fait en petits bardeaux de bois.

Voila pour le cliche; Faut pas oublier que le monde moderner est arrive jusque la, que le ciment fait son apparition, et que le tourisme ou autres ressources permettent aux bardages de beneficier de magnifiques vernis tout neufs. Pas de photos des Gros Hotels, on veut pas non plus casser le mythe…

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Quand le soleil se pointe, tout va tres vite… Les premieres a sortir ce sont les Anemones. Des milliers. Elles tapissent la foret de vert pointille. Pour elles faut pas trainer: des que les arbres auront leurs feuilles, leur vie de cette annee sera comptee.  Les oiseaux aussi refont apparition. Ici, un pic, si ce n’est pas une illusion…

Premieres feuilles et premiers bourgeons. La diversite des couleurs commence a enchanter les yeux… Le vert des Saules si frais, la couronne hivernale rouge des bouleaux se teinte de vert avant les feuilles. Les jeunes pousses apparaissent, au bonheur des saladivores telles que moi. (ortie, pissenlit, et autres experimentations…)

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Avec les enfants de Dubice Cerkiewne

Personnellement un peu decue: l’echange a ete plus riche avec les profs qu’avec les eleves a qui on a peu eu le temps de causer. J’ai retenu par contre qu’ils adoraient tous le velo, et qu’ils etaient bien contents d’avoir de l’air pur dans leur region.

Au retour nous rencontrons dans une boulangerie de Hajnowka, la prof d’anglais de l’Ecole Technique Forestiere de Bialowieza. Une projection-rencontre est prevue Lundi 27 avril.

Autre projection: Dimanche 26 avril a l’Universite de Tereminski.

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On vit peut-etre en pleine cambrousse, mais ca nous arrive de sortir tout de meme des fourres…

Et il suffit de s’arreter face a une maison jolie pour s’y faire inviter pour toute l’apres-midi… pizza, the, partie de foot, session accordeon, y’avait meme parmis la bande un timide francophone. Sont vraiment tres modestes, ces polonais: il parlait francais comme si on y etait!

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“In Wilderness is the preservation of the world”

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Petit-a-petit on capte l’ambiance de Bialowieza, et tout ce qu’a cree cette zone protegee. Tellement de discordes! Le Parc National est une mine de petites gens qui se pouillent les uns les autres. Se plaignent de leurs bas salaires et rentrent dans le jeu des hirarchies. S’occuppent de ces broutilles au lieu de converger vers un meme but: aider la Nature Sauvage a gagner de l’espace… contre tout ce qu’on lui enleve!!

En dehors du Parc, il y a les forestiers. Ceux pour, ceux contre. Ceux qui s’en fouttent du moment qu’ils vivent bien. A Bialowieza, le tourisme rend les maisons de bois luisantes de vernis neuf, les toits rouges nouveaux, les hotels de luxe se permettent des extensions reservees aux conferences d’affaires. Bialowieza, apres les rois de Pologne, les tsars de Russie et leurs suites, apres les grades de la Wermart (Remmel) et le gratin des “grands” chasseurs, heberge les buisiness mans, les grands scientifiques missionnes, les congressistes…

Tout le monde s’en fout un peu de la Nature, elle represente juste le grand Privilege d’y etre et d’y prendre a volonte… Oui, c’est bien ca: ” Bialowieza a ete parquee pour que de grands privilegies puissent la violer a volonte… et au gre des guerres, ils se la sont tous tapee.”

Et puis a cote, il y a les autres. Ceux qui ont lutte pour creer une reserve en 1921. Ceux qui ont lutte pour la faire perdurer. Ceux qui en ont fait un parc national. Ceux qui se sont decarcasses pour l’aggrandir. Ceux qui luttent encore pour que ce soir mieux. Et ceux qui les soutiennent. Janusz dit: “ah oui, le reparateur-velo, lui il est sympa, favorable a l’extension du parc…” Ou encore: “La fille de Wlodek, Eva? Elle a travaille pour une ONG, leur a fournit les donnees scientifiques necessaires a prouver l’urgence de l’extension du parc… L’ecole technique forestiere?? Ouille-ouille-ouille, on a quelques ennemis la-bas, dont une prof ultra-catholique qui prone que selon les textes, Dieu a donne la Nature a l’Homme pour qu’il s’en serve…” Etc…

A Bialowieza, les gens se cathegorisent par leur positionnement face a la question centrale de reserve-stricte, de cette foret. Tous dependent d’elle. Personne ne peut ne pas avoir d’avis.

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Reserve de Szteketovo. Une clairiere sur la Lutownia. Bossellee. Des bisons y broutent parfois. Les sangliers viennent y fouiner, y ajoutent leurs reliefs. Bosselle. Le sous-bois tout autour: sec, propre, seuls quelques dinosaures pas rentables finissent de disparaitre.

La premiere fois qu’on y est revenu, on est tombe sur un jeune couple endormi, d’une autre epoque (no future?), maigre et sympas. La fille nous montre sur son appareil photo un bison mort. Eux, endormis, y’en avait 6 de vivants, devant leur nez. Le gars me montre la prairie, bossellee. “Ca c’est la 2eme guerre mondiale. Ici, les bombes.. et la, les trous, la guerre…”

Foret de maquis. Foret des partisans. De resistance. Et donc, foret de massacre. On peut voir un peu partout des pancartes-memoire des lieux ou ont peris fusilles bon nombre de personnes.

La deuxieme fois qu’on y est revenu, Christophe a trouve au bord du chemin un Nikolai en byciclette. Parle francais. Espagnol aussi. Englais, Russe, Polonais bien evidemment. Sa mere est morte il y a 40 jours. Les 40 jours de deuil s’achevent. Il est libre maintenant. Il nous parle.

Il y a 200 ans, la, un village. Autonome. Un village de charbonniers-potiers, ou autre chose encore. Mais qui vivait de la foret. A son echelle. Par elle. Comme nous ce soir-la, avec le feu, et l’eau de la riviere.

Apres, l’histoire qui s’enchaine, c’est celle des Rois, des Tsars, des Russes. La grand-mere de Nikolai racontait avoir vu les filles du Tsar, a Bialowieza. Puis la guerre, les Allemands, et les Russes. Ils se sont tous servis. Et hop! une petite concession de 10 ans pour les Anglais… Milliards de metres cubes. Ils y sont pas alles de main morte. Ils ont embauches des gens sur place, comme toujours, pas chers… Et puis le contrat est brise: des yeux autrement interesses s’etaient tournes vers Bialowieza: des Ecolos, la Pologne, l’Europe… le “Parc National”, et l’UNESCO qui vient tirer les oreilles. Mais le Parc, a part donner une bonne image, ne fait pas grand chose… Ils ont le tourisme de leur cote. Les pauvres gens d’ici, se disent bien que c’est beau cette foret, et ils voient bien qu’elle change, et pas dans le meilleur des sens. Mais ils se disent surtout qu’apres tout ces “privilegies”, ils peuvent bien taper dedans, eux aussi, et en vivre, tout simplement.

Nous, ce qu’on voit, concretement, c’est qu’y'a plus d’place. Plus de place pour les animaux, plus de bois mort pour les insectes, et plus d’insectes pour les oiseaux. Bialowieza est une foret “gentille”, forte dans le passe, mais qui s’ecrase.

Pourtant a chaque feu de camp un espoir s’allume. A chaque arbre magestueux. Au contact du ruisseau, ou bien les pieds dans les marais. Nous tout petits sous les grands arbres. A l’oree d’une foret aux interieurs pleins de mysteres…

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On avait quelques “comptes a regler” avec certains endroits. A la reserve de Scteketovo, la derniere fois, j’y avais oublie mes amulettes. La mission d’aujourd’hui, c’etait d’aller voir, sans trop esperer, mais d’y aller, au moins.

Les retrouvailles avec ces lieux ont un gout amer. De plus en plus de vieilles parcelles sont rasees. La foret s’etiole. Defiguree, a la vitesse du monde moderne, qui ne lui laisse aucun repis.

Certaines souches font bien 1m20 de diametre! La voila, la realite… et ca va si vite!! En 2 ans certains endroits ont ete transformes au point qu’on imagine, si on etait venus 2ans plus tot la premiere fois, quelles richesses nous aurions trouve!!?

Cependant on peut encore s’emerveiller… Marecages secrets, inaccessibles, ou les arbres morts forment un mikado geant sur lequel il faut jongler pour eviter de se mouiller les pieds…

Ces decors sont peuples de toutes sortes d’habitants… Barrage de Castors (faut voir les bucherons que c’est!!), Martres, Ecureuil, milliers de crapauds, et dans des mares noires on peut voir remuer des milliards de petites larves qui viennent respirer par la queue… Quand on prend conscience que ce sont de futurs nuages de moustiques lances a votre poursuite… on aimerait presque les exterminer tout de suite tant qu’ils sont innoffensifs…

En arrivant a Szteketovo, quelques bisons avaient le vent dans le dos, du soleil sur l’echine, total relax les bestiaux…

Deux jeunes endormis etaient allonges exactement la ou il fallait que je jette un oeil… J’ai attendu. Puis j’ai pu regarder, chercher 30 secondes sous le foin de l’annee, 30 secondes le temps de me rendre compte de ma betise… retrouver quelques pierres, 2 ans apres?! Ca valait bien la peine de les reveiller! On a rit, et on est reparti.

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Posons le decors: Fin d’hiver ensoleille, en Podlasie…

Podlasie, c’est la region, et elle porte bien son nom… Litteralement, ca veut dire “sous les bois”. Ben ca y est, nous y voila.Oui, vous avez bien vu, c’est de la neige qu’il y a par terre… Notre premiere mission cycliste fut de rejoindre la maison de Johanna, avec tout notre barda (plusieurs aller-retours se sont imposes). 6km de chemins, soit 2h a pousser les velos, sauter par dessus les flaques, derripper, s’rattrapper, tenter 3 coups de pedale, tomber, se relever… Neige, boue, glace, ornieres, sable mou, il y a de tout pour un entrainement suffisant face a ce qui nous attend (je pense au degel de printemps en Siberie par exemple…) Malgre tout ca on est contents. Et on arrive a destination:

Podcerkiew…

ou ne perd pas nos bonnes habitudes…

Ici pas d’electricite (faut demarrer un groupe electrogene… exactement le meme que chez Christophe!), on se chauffe au bois, on cuisine aussi au bois (avec ces fameuse cuisiniere-a-bois-poele-de-masse-chauffe-eau-etc…), et on tire l’eau d’un puit juste derriere la maison. Il y a 2 ans, notre chemin d’arrivee, sous l’orage, nous avait fait passer devant, et je me souviens avoir pense… “Imagine…vivre la… waaa”. Ben ca y est, nous y voila!

Pour atteindre la “civilisation”, faut pedaler 8km (aller), ce qui fait un minimum de 16km par expedition… Avec ca, on n’aura jamais ete aussi bien entraines.

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La Caravane est partie, merci a elle de nous avoir porte jusque la… Merci a Chantal et Lucien de nous avoir accompagne.

Christophe et moi on se retrouve, avec Bialowieza.

Mais le programme du prochain mois ne se decharge pas comme ca… Les retrouvailles se feront, petit-a-petit, a chaque fois pleines de nouveaux engagements. Les projections continueront, dans des ecoles de la region. Notre taf de pseudos reporters aussi, he oui, il faut bien en remettre une couche, pour cette foret qui est toujours en voie d’etre defiguree, et de bientot disparaitre. Presque 2ans plus tard, nous esperons pouvoir vous faire un petit constat de l’evolution de la situation, a Bialowieza.

Hasta la Proxima!! …euh, nonpar ici c’est pas ca qu’on dit…

Do widzenia kolega!!

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